LE COMMANDANT SUPRÊME QUI REDONNE FORME A L'ARMÉE
Xi Jinping passe en revue la garde d'honneur du porte-avions Liaoning, dans la province chinoise du Liaoning (nord-est), le 28 août 2013. (Xinhua/Li Gang)
En tant que président de la Commission militaire centrale (CMC), M. Xi est chargé d'assurer que la plus grande armée du monde réalise un "saut en avant crucial", passant du statut d'armée grande à celui d'armée puissante.
Dans ce but, le commandant en chef d'une armée composée de plus de deux millions de militaires a esquissé une approche en deux étapes.
"Notre mission consistera à réaliser pour l'essentiel la modernisation de la défense nationale et de l'armée d'ici 2035, et de faire de l'armée populaire une armée de premier ordre d'ici le milieu du siècle", a déclaré M. Xi dans son rapport présenté au 19e Congrès national du PCC.
Sous l'impulsion de M. Xi, une conférence sur le travail politique de l'armée a été convoquée en octobre 2014, dans le bourg de Gutian, province du Fujian, le lieu même où Mao Zedong avait présidé une conférence durant laquelle avait été établi le principe de la direction absolue du Parti sur l'armée en 1929.
L'une des maximes les plus connues de M. Mao à cette époque est que "le pouvoir est au bout du fusil". Actuellement, l'armée fait face à de nombreuses tâches et missions différentes dans la nouvelle ère : sauvegarder la souveraineté du territoire, de la mer et de l'espace aérien, tous très vastes; promouvoir la réunification nationale; protéger les intérêts croissants de la Chine à l'étranger; lutter contre le terrorisme et secourir les sinistrés.
Mais pour M. Xi, la priorité première reste identique à celle qui existait il y a huit décennies -- mettre l'armée entière sous un commandement unifié et absolu, et assurer que l'armée suive les ordres du Parti.
Lors de la nouvelle conférence de Gutian, M. Xi a réaffirmé les traditions exemplaires de l'Armée populaire de Libération (APL) ainsi que les principes de fidélité politique et de direction du Parti. Il a également identifié les problèmes majeurs qui "doivent être résolus immédiatement, de peur que l'APL ne connaisse des risques de dégradation et de déviation".
Depuis le 18e Congrès national du PCC, plus de 100 officiers de l'APL au-dessus du niveau de corps d'armée, dont les anciens vice-présidents de la CMC Guo Boxiong et Xu Caihou, ont fait l'objet d'enquêtes et ont été sanctionnés. Ce nombre est déjà supérieur à celui des généraux de l'armée décédés sur le champ de bataille à l'époque révolutionnaire.
Une nouvelle commission disciplinaire et une commission des affaires politiques et juridiques ont été établies sous la CMC selon les ordres de M. Xi, et plus de 40 statuts et règlements militaires ont été adoptés au cours des cinq dernières années, préservant la conduite exemplaire, la discipline stricte et la morale élevée de l'APL.
M. Xi a également demandé à l'armée de renoncer à toutes les activités commerciales, une mesure qui effleurait d'importants intérêts personnels. Certains ont exprimé des réserves, mais M. Xi a campé sur ses positions malgré tout.
"L'armée doit agir comme une armée", a-t-il noté.
Tout cela a poussé l'APL à se concentrer sur l'amélioration de sa capacité de combat qui, selon M. Xi, doit être le critère "unique et fondamental" de l'armée.
M. Xi est parfaitement conscient du besoin d'améliorer la capacité de combat de l'APL. En 2012, il a indiqué aux généraux supérieurs que l'APL accusait un retard en termes de capacité à remporter la guerre moderne.
"Être à la traîne sur le front militaire est mortel pour la sécurité du pays", a-t-il averti. "J'ai beaucoup lu sur l'histoire moderne de la Chine, et je ressens une grande douleur à chaque fois que je rencontre le temps où nous étions derrière (dans la construction de l'armée) et que nous avons été victimes d'invasions et d'agressions".
Xi Jinping parle avec des soldats du destroyer Haikou des forces navales chinoises, le 8 décembre 2012. (Xinhua/Wang Jianmin)
Pour assurer que cette histoire atroce ne se répète plus, M. Xi a lancé la réforme de la défense nationale et de l'armée en 2015.
Les organisations militaires ont été restructurées et un mécanisme de commandement des combats interarmées a été amélioré. Les quatre départements militaires, à savoir l'état-major général, le Département politique général, le Département général de l'intendance et le Département général de l'armement, ont été réorganisés en 15 agences, alors que les sept régions militaires ont été remaniées en cinq zones de commandement.
En même temps, le pourcentage du personnel de l'armée de terre parmi l'ensemble de l'APL a été réduit pour la première fois à moins de la moitié, et des forces balistiques et des forces d'appui stratégique ont été établies.
Le nombre d'officiers de l'APL a également été réduit de 30%, et des centaines de généraux ont changé de postes.
Cette détermination intransigeante a permis d'obtenir des résultats solides. Les cinq dernières années ont été marquées par les plus grandes avancées jamais réalisées par l'APL dans sa marche vers la modernisation.
Un système de commandement des combats à plusieurs niveaux, y compris la CMC, les zones de commandement et les troupes, a été établi, en plus d'un système de gestion qui relie la CMC aux différentes armées et aux troupes.
L'intégration militaro-civile est devenue une stratégie nationale, tandis que les sciences et l'innovation se voient conférer une importance accrue.
Ces cinq dernières années, le deuxième porte-avions chinois a été lancé; davantage de navires de guerre ont été commandés; et de nouveaux avions de chasse, drones et missiles ont été dévoilés. Les recherches sur le matériel militaire dernier cri, comme le système de navigation par satellite, ont également réalisé des percées.
L'APL est actuellement une force plus agile avec une meilleure structure et des armées plus équilibrées, qui tire sa puissance moins de son envergure que de sa capacité de combat et de son efficacité.
Les experts militaires pensent que le dernier cycle de réforme lancé par M. Xi était le plus grand bouleversement de la structure de l'APL.
L'affinité de M. Xi avec l'APL remonte à ses débuts. En fait, M. Xi se qualifie souvent lui-même d'"ancien combattant".
En 1979, juste après ses études à l'Université Tsinghua, M. Xi s'est enrôlé dans l'armée, servant de secrétaire auprès du ministre de la Défense nationale de l'époque, à la Direction générale de la CMC.
Il portait souvent sa tenue militaire décolorée, parfois avec un sac militaire, quand trois ans plus tard il est devenu secrétaire adjoint du Comité du PCC pour le district de Zhengding, de la province du Hebei. Comme son travail l'a mené à travers le pays pendant les décennies suivantes, M. Xi occupait également des postes simultanés dans l'armée. Même maintenant, il a encore une photo de lui-même vêtu d'un uniforme militaire dans son bureau à Zhongnanhai, au siège de la direction, dans le centre-ville de Beijing.
"Quand j'étais jeune, j'ai beaucoup appris de l'histoire de l'APL, et admiré le charme et le charisme de l'ancienne génération de dirigeants de l'armée", a indiqué M. Xi. "Mon attachement sincère à l'armée remonte à ma jeunesse".
Mais M. Xi ne commande pas l'APL simplement de derrière son bureau.
Au cours des cinq dernières années, il s'est assis au poste de pilotage du dernier bombardier de l'armée de l'air, a embarqué dans le sous-marin le plus moderne de la marine, et a assisté aux programmes d'entraînements de l'aviation embarquée de l'APL.
Ses tournées d'inspection à l'intérieur du pays l'ont mené dans des îles, des zones frontalières distantes, ainsi que dans le dur désert de Gobi, et où qu'il aille, il rend visite aux troupes locales.
Xi Jinping rend visite à des soldats stationnés à la frontière sino-mongole, dans la région autonome de Mongolie intérieure, dans le nord de la Chine, le 26 janvier 2014. "Aujourd'hui, je dois observer avec vous", a déclaré M. Xi aux soldats. (Xinhua/Li Gang)
Il mange avec de jeunes soldats, examine la température des douches de leurs dortoirs, et les encourage à tenir bon malgré le fait qu'ils aient retardé la date de leur mariage.
Début 2014, M. Xi a rendu visite aux soldats stationnés dans la région autonome de Mongolie intérieure à la veille du Nouvel An chinois. Malgré les vents glaciaux et la neige déchaînée, il a gravi les escaliers escarpés pour atteindre un poste de garde le long de la frontière Chine-Mongolie, et a signé le livre d'enregistrement du poste.
"Aujourd'hui, je dois observer avec vous", a déclaré M. Xi aux soldats.
Xi Jinping passe en revue les forces armées, à la veille du 90e anniversaire de la fondation de l'Armée populaire de libération (APL) de Chine, dans la base d'exercice militaire de Zhurihe dans la région autonome de Mongolie intérieure (nord), le 30 juillet 2017. (Xinhua/Li Gang)
En cinq ans, M. Xi a passé en revue deux parades militaires. Fin juillet 2017, M. Xi, vêtu d'une tenue militaire et d'un chapeau de champ, est monté sur une jeep décapotée et est passé au milieu des rangs de soldats restés au garde-à-vous dans la base d'exercice militaire de Zhurihe, quelques jours avant le 90e anniversaire de l'APL.
C'était une occasion rare de voir un dirigeant chinois passer en revue une vaste parade militaire sur le terrain.
L'autre parade a eu lieu en 2015 alors que la Chine célébrait le 70e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l'agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste.
Sous ses ordres, plus de 50 généraux de l'APL ont fait une apparition rare pour conduire des formations d'infanterie et des échelons aériens. Un millier de troupes étrangères de 17 pays, dont la Russie, ont également participé à la parade.
Avant la parade, M. Xi a annoncé une réduction du nombre de troupes militaires de 300.000 hommes.
L'annonce était la cristallisation symbolisait l'essence de la politique chinoise de la défense nationale, qui est de nature défensive. Derrière la montée en puissance de l'APL en termes de capacité de combat et de commandement se dresse le dévouement chinois en faveur d'une paix durable dans le monde entier.
Selon les propres paroles de M. Xi, "le seul qui puisse mettre fin à la guerre est celui qui est capable de faire la guerre, le seul qui puisse prévenir la guerre est celui qui est prêt à la guerre, et ceux qui ne peuvent pas combattre ne font que rester vulnérables face à l'agression".