Marc Uzan, directeur exécutif du Comité pour réinventer Bretton Woods (RBWC), accorde une interview à Xinhua, le 14 mai 2017. (Xinhuanet/Chen Jingchao)
BEIJING, 14 mai (Xinhua) -- En s'appuyant sur de nouvelles institutions financières, l'initiative chinoise "La Ceinture et la Route" ouvre un nouveau chapitre de la mondialisation, estime Marc Uzan, directeur exécutif du Comité pour réinventer Bretton Woods (RBWC), dans un entretien accordé dimanche à Xinhua.
Présent à Beijing à l'occasion du Forum de "la Ceinture et la Route" pour la coopération internationale, M. Uzan voit dans cette initiative "un changement extrêmement important de la gouvernance" mondiale. "En fait, je crois qu'on entre dans un nouveau chapitre de la [mondialisation] et ce nouveau chapitre a pour caractéristique que la Chine a décidé au plus haut niveau d'y prendre part [...] et d'apporter sa contribution dans pas mal de nouveaux domaines", estime-t-il.
Face à la frustration des pays émergents à l'égard du FMI et de la Banque mondiale, la Chine a décidé de "contribuer à la réforme de l'architecture financière internationale" en participant à la création de nouvelles institutions, telles que la BAII et la Nouvelle banque de développement des BRICS, ou en renforçant les capacités du Bureau de recherche macroéconomique de l'ASEAN+3 (AMRO), appelé à ses yeux à devenir un jour un véritable fonds monétaire asiatique.
En résumé, M. Uzan estime que "la Chine veut contribuer à l'architecture financière internationale sans remettre en cause les institutions existantes, mais en même temps apporter une nouvelle pierre à un nouvel édifice" de la mondialisation. D'autant que "le contexte international, où les Etats-Unis se retirent un peu du multilatéralisme, a donné à la Chine une ouverture".
A la question de savoir qui financera ces infrastructures et ces investissements, alors qu'on évoque le chiffre de 5.000 milliards de dollars sur cinq ans, il répond que la Chine ne peut pas agir toute seule. "Je pense qu'on aura besoin d'investisseurs de long terme pour accompagner ces financements, on aura besoin des banques multilatérales de développement comme la BAII et on aura besoin des banques européennes" qui ont un grand rôle à jouer, indique-t-il.
A terme, cette Route de la Soie vise à insuffler une nouvelle dynamique à la région afin de relancer les trois grands moteurs de la croissance économique mondiale que sont le taux de croissance, le taux d'investissement et le commerce international, selon M. Uzan. Mais la question sera aussi de savoir si les projets seront rentables, souligne-t-il. "C'est pour ça qu'on aura besoin peut-être du rôle des banques multilatérales de développement pour apporter des garanties", explique-t-il.
En ce sens, l'expert a qualifié d'"intéressante" la proposition du président Xi Jinping d'établir une coopération entre toutes les banques de développement sur le financement des infrastructures. Comme aucune n'a les moyens de se lancer seule, "on risque de voir émerger de nouvelles institutions financières internationales qui vont peut-être avoir des rôles beaucoup plus spécifiques mais qui, en même temps, vont travailler beaucoup plus ensemble que ce n'était le cas auparavant", prévoit-il.