PARIS, 3 avril (Xinhua) -- "Les relations sino-américaines sont entrées dans une nouvelle ère", bien qu'il existe aujourd'hui des incertitudes pour le développement des relations entre les deux pays, a noté le directeur du programme Asie et Chine de l'European Council on Foreign relations, François Godement, professeur de science politique à Sciences Po. Paris, lors d'une récente interview avec Xinhua.
Le président des Etats-Unis, a déclaré le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, le 19 mars dernier, lors de sa première visite en Chine, attribue une "très grande valeur aux communications qui se sont déjà produites" entre lui-même et le président chinois Xi Jinping. "Par la poursuite du dialogue, nous parviendrons à une compréhension plus grande qui débouchera sur un renforcement des relations entre la Chine et les Etats-Unis et donnera le ton pour notre coopération future", avait ajouté le chef de la diplomatie américaine.
Ces déclarations, qui contrastent nettement avec le style adopté par Donald Trump pendant sa campagne électorale et ses premiers pas à la tête des Etats-Unis, ont conduit certains observateurs à conclure à un "réchauffement" des relations sino-américaines. C'est aller un peu trop vite en besogne, estime le directeur du programme Asie et Chine de
l'European Council on Foreign relations, François Godement.
"Nous sommes dans une situation exceptionnelle. On ne sait pas encore. Toutes ces déclarations publiques ne sont que des indices mais d'autres indications sont plus difficiles. Nous sommes dans une période d'observations, d'expectative", a considéré le professeur de science politique à Sciences Po qui reste néanmoins convaincu d'une chose: "Les relations sino-américaines sont entrées dans une nouvelle ère".
La rencontre prévue en avril entre le président Xi Jinping et le président américain Donald Trump à Mar-a-Lago, en Floride, dans la luxueuse résidence de week end du milliardaire républicain, a d'abord "valeur de symbole", a jugé François Godement. "Cette visite est en soi un geste. Elle fait écho à des rencontres précédentes organisées dans un cadre inhabituel entre des présidents américains et chinois sous la présidence de George W. Bush puis sous celle d'Obama", poursuit l'universitaire.
La "diplomatie du tweet" de Donald Trump a provoqué de fortes incertitudes sur la scène internationale. "Donald Trump a beaucoup varié dans ses déclarations dont très souvent on ne connaît pas le statut. Il a revendiqué son imprévisibilité. Le point d'ancrage de la politique américaine à l'égard de la Chine et sur d'autres sujets n'a pas encore été trouvé. C'est un début d'Administration plus long que d'habitude marqué par des contradictions", a ajouté François Godement.
"La Chine a agi avec prudence dans une volonté de continuité et dans la reconnaissance de l'importance des relations sino-américaines. A Davos, le président Xi Jinping a présenté la Chine comme un pôle de stabilité et de gouvernance mondiale. Tout l'effort chinois visera à ramener la politique américaine dans un cadre prévisible et défini", a observé le directeur du programme Asie et Chine de l'European Council on Foreign relations.
Interrogé sur les avancées que l'on peut attendre de la prochaine rencontre entre les deux présidents, François Godement a souligné que jusqu'ici l'ordre du jour n'est pas connu. "Ce dont on entend parler, mais je suis très prudent, c'est d'une sorte de plan d'investissement chinois aux Etats-Unis d'un montant de 50 milliards de dollars portant sur des grands projets d'infrastructures. Ce serait une manière de répondre aux critiques de Donald Trump sur le déficit commercial mais aussi de présenter la Chine comme l'investisseur", répond le Professeur.
"Sur les autres sujets, impossible d'en dire davantage pour le moment. La Corée du Nord semble un sujet incontournable. Tout comme la question de la Mer de Chine et celle de Taïwan", a-t-il ajouté.
Pour François Godement, l'amélioration des relations sino-américaines et leur stabilité impliquent des avancées sur ces trois dossiers. "Sur le nucléaire nord-coréen, d'une manière ou d'une autre, il faudra trouver un accord pour contenir le phénomène; c'est la première priorité", a-t-il conclu.