(VOIX DE XINHUA) Nuit Debout: la répétition d'un scénario typiquement français ?

                 French.xinhuanet.com | Publié le 2016-04-27 à 20:34


(Xinhua/Zheng Bin)

Par Tang Ji

BEIJING, 27 avril (Xinhua) -- Les manifestations de masse contre le projet de loi travail présenté par la ministre du Travail française Myriam El Khomri sont entrées dans leur quatrième semaine à Paris et se sont étendues à d'autres villes de l'Hexagone, et même à d'autres pays européens.

Cette mobilisation de masse inédite, baptisée mouvement Nuit Debout, nous rappelle d'autres événements importants qui ont secoué la France par le passé : les manifestations et grèves d'étudiants contre le projet de contrat première embauche (CPE) lancé par l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin en 2006 et le mouvement social contre la réforme des retraites soutenue par l'ancien président Nicolas Sarkozy en 2010.

"Nous sommes d'accord pour la réforme, mais le projet du gouvernement est injuste. Le gouvernement conserve les privilèges pour les riches mais nuit aux intérêts des pauvres", avaient estimé en 2010 des manifestants contre la loi sur la retraite qui avaient répondu à une interview de Xinhua.

Aujourd'hui encore, ce point de vue semble partagé par les opposants au projet de loi travail soutenu par le Premier ministre Manuel Valls.

Le projet de réforme proposé par Myriam El Khomri vise à donner plus de souplesse aux entreprises, notamment en ce qui concerne l'aménagement du temps de travail, et à clarifier les règles du licenciement. Le texte concerne presque tous les salariés.

Alors que l'économie française se heurte encore à des difficultés et que l'écart entre les riches et les pauvres se creuse, les salariés français restent soumis à de fortes pressions. Et chaque réforme, qu'elles soient conçues par les gouvernements de gauche ou de droite, empiètent un peu plus sur leurs acquis.

De nombreux Français considèrent que les partis de gauche prônent généralement des idéaux progressistes et égalitaires visant à obtenir une plus grande justice sociale. Mais le projet de loi travail leur montre que la différence entre la gauche et la droite en France est ténue.

Un scénario intéressant se répète sans cesse en France. A un ou deux ans des élections présidentielles (2007, 2012 et prochainement 2017), le gouvernement français entreprend avec fermeté une réforme qui touche aux intérêts de la plupart des Français. Ensuite, de grandes manifestations sont lancées pour protester contre cette initiative. Enfin, la réforme reste en suspens. En 2010, un projet de loi proposé par l'ancien président de droite a été adopté, repoussant l'âge de la retraite à 63 ans. Mais cette loi a été annulée en 2012 par le gouvernement de gauche dès son arrivée au pouvoir.

Evidemment, la réforme, à laquelle participent des hommes politiques qui ambitionnent de se présenter aux élections présidentielles à venir, est utilisée par chaque parti au pouvoir, et le projet favorise toujours les employeurs en sacrifiant les intérêts des salariés. C'est pourquoi les projets de réforme provoque à chaque fois des troubles sociaux. Mais en fin de compte, ce sont les intérêts de l'ensemble de la France qui sont compromis.

Selon l'Insee, les inégalités de niveau de vie se sont creusées en France ces dernières années. Pour les Français, une réelle réforme stimulerait l'économie en réduisant l'écart entre les riches et les pauvres. La réforme doit veiller à préserver les intérêts de la plupart des gens, mais ne doit pas être utilisée comme un pion sur l'échiquier politique.

Le sociologue Albert Ogien, directeur de l'Institut Marcel Mauss à l'EHESS, a déclaré : "Ne regardons pas cette mobilisation contre la loi El Khomri comme une simple réaction citoyenne spontanée. Sur la place de la République, les gens disent aussi qu'ils s'en foutent un peu de la loi travail. Ce qu'ils veulent, c'est construire un autre monde".

Selon les médias français, les manifestants se retrouvent chaque soir à la place de la République à Paris pour débattre et faire de la politique "autrement".

Cui Hongjian, directeur de l'Institut chinois des Affaires internationales, estime que le mouvement Nuit Debout proteste non seulement contre le projet de réforme soutenu par le gouvernement, mais aussi le système politique français.

"Comme le montrent les slogans des manifestants de la place de la République, ils exigent un nouveau modèle démocratique pour favoriser les réformes en France. Ce modèle pourra entièrement exprimer la demande du peuple", indique-t-il.

Lire aussi:

>>> France : comment le mouvement "Nuit Debout" est-il perçu par les Français ? (PAPIER GENERAL)

BEIJING, 27 avril (Xinhua) -- Né de la contestation du projet de loi Travail, le mouvement "Nuit Debout", qui a débuté le 31 mars dernier à la place de la République, à Paris, continue de mobiliser des milliers de personnes et s'est depuis étendu à plusieurs villes de France.

 
France : le mouvement "Nuit Debout" ne faiblit pas (PAPIER GENERAL)
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(VOIX DE XINHUA) Nuit Debout: la répétition d'un scénario typiquement français ?

Publié le 2016-04-27 à 20:34 | french.xinhuanet.com


(Xinhua/Zheng Bin)

Par Tang Ji

BEIJING, 27 avril (Xinhua) -- Les manifestations de masse contre le projet de loi travail présenté par la ministre du Travail française Myriam El Khomri sont entrées dans leur quatrième semaine à Paris et se sont étendues à d'autres villes de l'Hexagone, et même à d'autres pays européens.

Cette mobilisation de masse inédite, baptisée mouvement Nuit Debout, nous rappelle d'autres événements importants qui ont secoué la France par le passé : les manifestations et grèves d'étudiants contre le projet de contrat première embauche (CPE) lancé par l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin en 2006 et le mouvement social contre la réforme des retraites soutenue par l'ancien président Nicolas Sarkozy en 2010.

"Nous sommes d'accord pour la réforme, mais le projet du gouvernement est injuste. Le gouvernement conserve les privilèges pour les riches mais nuit aux intérêts des pauvres", avaient estimé en 2010 des manifestants contre la loi sur la retraite qui avaient répondu à une interview de Xinhua.

Aujourd'hui encore, ce point de vue semble partagé par les opposants au projet de loi travail soutenu par le Premier ministre Manuel Valls.

Le projet de réforme proposé par Myriam El Khomri vise à donner plus de souplesse aux entreprises, notamment en ce qui concerne l'aménagement du temps de travail, et à clarifier les règles du licenciement. Le texte concerne presque tous les salariés.

Alors que l'économie française se heurte encore à des difficultés et que l'écart entre les riches et les pauvres se creuse, les salariés français restent soumis à de fortes pressions. Et chaque réforme, qu'elles soient conçues par les gouvernements de gauche ou de droite, empiètent un peu plus sur leurs acquis.

De nombreux Français considèrent que les partis de gauche prônent généralement des idéaux progressistes et égalitaires visant à obtenir une plus grande justice sociale. Mais le projet de loi travail leur montre que la différence entre la gauche et la droite en France est ténue.

Un scénario intéressant se répète sans cesse en France. A un ou deux ans des élections présidentielles (2007, 2012 et prochainement 2017), le gouvernement français entreprend avec fermeté une réforme qui touche aux intérêts de la plupart des Français. Ensuite, de grandes manifestations sont lancées pour protester contre cette initiative. Enfin, la réforme reste en suspens. En 2010, un projet de loi proposé par l'ancien président de droite a été adopté, repoussant l'âge de la retraite à 63 ans. Mais cette loi a été annulée en 2012 par le gouvernement de gauche dès son arrivée au pouvoir.

Evidemment, la réforme, à laquelle participent des hommes politiques qui ambitionnent de se présenter aux élections présidentielles à venir, est utilisée par chaque parti au pouvoir, et le projet favorise toujours les employeurs en sacrifiant les intérêts des salariés. C'est pourquoi les projets de réforme provoque à chaque fois des troubles sociaux. Mais en fin de compte, ce sont les intérêts de l'ensemble de la France qui sont compromis.

Selon l'Insee, les inégalités de niveau de vie se sont creusées en France ces dernières années. Pour les Français, une réelle réforme stimulerait l'économie en réduisant l'écart entre les riches et les pauvres. La réforme doit veiller à préserver les intérêts de la plupart des gens, mais ne doit pas être utilisée comme un pion sur l'échiquier politique.

Le sociologue Albert Ogien, directeur de l'Institut Marcel Mauss à l'EHESS, a déclaré : "Ne regardons pas cette mobilisation contre la loi El Khomri comme une simple réaction citoyenne spontanée. Sur la place de la République, les gens disent aussi qu'ils s'en foutent un peu de la loi travail. Ce qu'ils veulent, c'est construire un autre monde".

Selon les médias français, les manifestants se retrouvent chaque soir à la place de la République à Paris pour débattre et faire de la politique "autrement".

Cui Hongjian, directeur de l'Institut chinois des Affaires internationales, estime que le mouvement Nuit Debout proteste non seulement contre le projet de réforme soutenu par le gouvernement, mais aussi le système politique français.

"Comme le montrent les slogans des manifestants de la place de la République, ils exigent un nouveau modèle démocratique pour favoriser les réformes en France. Ce modèle pourra entièrement exprimer la demande du peuple", indique-t-il.

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