BEIJING, 6 mars (Xinhua) -- Les observateurs et les médias internationaux suivants les "Deux sessions" de la Chine ont salué le rapport de travail du gouvernement présenté samedi par le Premier ministre Li Keqiang aux législateurs chinois.
Les experts ont déclaré qu'une croissance chinoise plus modérée en 2016 sera bénéfique à la réforme structurelle et que les perspectives pour le pays et le monde restent positives.
DES CIBLES ECONOMIQUES PRATIQUES
Li Keqiang a annoncé dans le rapport un objectif de croissance de 6,5 à 7% pour 2016, en baisse par rapport au taux de 7% de l'an dernier. Il a également dévoilé un déficit budgétaire record.
Cette annonce a marqué la décision de la Chine de fixer pour la première fois en deux décennies une fourchette pour son objectif de croissance plutôt qu'un nombre spécifique.
James Laurenceson, économiste et directeur adjoint de l'Institut des relations Australie-Chine, a déclaré que les objectifs élaborés par la Chine dans ce rapport de travail étaient "un développement positif".
Le Wall Street Journal a indiqué pour sa part que l'adoption par la Chine d'une fourchette pour son objectif de croissance plutôt qu'un nombre spécifique lui donnerait plus de souplesse dans un système où atteindre les objectifs annoncés reste politiquement important.
Même face à une forte pression à la baisse, les prévisions de croissance de la Chine restent au-dessus des attentes de certains économistes occidentaux et du Fonds monétaire international (FMI), a précisé le quotidien.
Tom Orlik, économiste en chef pour l'Asie à Bloomberg Intelligence, compagnie basée à Beijing, a confirmé le caractère positif de l'objectif de croissance de la Chine.
"Le message global est que l'objectif de croissance du PIB est légèrement plus faible, mais toujours ambitieux. C'est un test mais il est réalisable", a-t-il indiqué.
Bert Hofman, directeur de la Banque mondiale en Chine, a salué les objectifs annoncés pour la croissance du PIB. "Cela fournit la flexibilité nécessaire pour équilibrer les réformes structurelles et la gestion de la demande", a-t-il affirméé, cité par Bloomberg.
UN ENGAGEMENT POUR LA REFORME
La Chine a promis dans son 13e Plan quinquennal de rattraper le retard causé par la chute de la productivité et la faiblesse des investissements dans le secteur immobilier, d'accélérer la restructuration des industries publiques et de continuer à passer d'une économie dépendante depuis des décennies de l'investissement et du secteur manufacturier à une économie tournée vers la consommation et l'industrie des services, ont indiqué les experts.
Selon l'analyste Angus Nicholson de IG Market en Australie, la réforme de la Chine est "très importante et indique la direction que le gouvernement souhaite faire prendre au pays".
"Cela souligne réellement le fait qu'une grande partie de la capacité excédentaire provient du secteur secondaire. Il faudra faire très attention au secteur industriel au cours des cinq années à venir", a-t-il affirmé.
"Dans ce sens, la réforme du côté de l'offre est vraiment un progrès important, car le retard à court-terme sur la demande a besoin d'un stimulus", a noté M. Orlik.
"Afin d'atteindre la cible et de compenser le retard traînée à court-terme de la restructuration industrielle, les politiques monétaires et fiscales seront toutes étendues", a-t-il ajouté.
Les tentatives pour relancer le secteur immobilier pourraient être accélérées. Le gouvernement prévoit d'encourager davantage de prêts immobilier, de baisser les coûts des transactions immobilières et d'inciter les investisseurs à acheter et louer des stocks.
Des analystes ont noté que la réforme de la Chine se concentre sur la réponse à la surcapacité. Le gouvernement a déclaré que des réduction dans la production d'acier et de charbon sera "un travail important" et a promis de traiter "proprement les entreprises zombies" ainsi que de consolider la réforme du côté de l'offre.
James Laurenceson, de l'Institut des relations Australie-Chine, a indiqué que les prévisions de croissance de la Chine permettront aux législateurs de faire des réajustements.
"Elles les obligent à faire des réformes. Elles leur donnent une raison supplémentaire pour faire ce qu'ils doivent faire, même s'il est difficile d'atteindre le but qu'ils se sont fixé", a déclaré M. Laurenceson.
LES ESPOIRS ET DEFIS
Selon M. Nicholson, durant l'année passée, les commerçants internationaux sont devenus de plus en plus "optimistes" quant aux informations sur la Chine.
"Le plus important pour que les marchés progressent est certainement le fait qu'il y aura davantage de dépenses fiscales (...) le déficit fiscal sera augmenté à 3% du PIB pour l'année 2016", a-t-il indiqué.
"Tout cela est favorable aux marchés, mais c'est évident qu'un important accent sur (les fluctuations de) la monnaie, notamment pour les investisseurs internationaux, et nous allons voir si le yuan reste à un niveau stable, s'il y aura une nouvelle dépréciation ou bien une grande dévaluation unique", a-t-il noté.
L'importance que met la Chine sur la restructuration et le secteur des services ainsi que son ambition pour construire une société modérément prospère feront avancer l'économie nationale sur la bonne voie et créeront de nombreuses opportunités, a ajouté M. Nicholson.
"L'ouverture de l'économie de services de la Chine aux entreprises étrangères est un excellent moyen pour élargir ces opportunités et bénéficier au monde entier", selon lui.
Cependant, des experts ont estimé que les réformes du côté de l'offre engagées pour réduire la surcapacité industrielle signifient que ces entreprises structurées selon l'ancien mode de croissance chinois dirigé par de forts investissements doivent s'attendre à des moments difficiles.
"Cela a encore quelques effets importants sur le fonctionnement de l'économie mondiale et sur le rôle de la Chine dans la direction de beaucoup d'échanges et investissements internationaux", a poursuivi M. Nicholson.
Des taux d'intérêts bas ou même négatifs, les politiques monétaires assouplies et la dévaluation des monnaies de nombreux pays posent un grand défi à la Chine et pourraient nuire gravement à son objectif de croissance du PIB, a-t-il averti.
Toutefois, "il y a des objectifs solides (dans le rapport de M. Li) et une compréhension claire des problèmes de l'économie chinoise et l'on espère qu'ils seront résolus de façon stable dans les cinq prochaines années", a indiqué M. Nicholson.
"J'ai cette confiance fondamentale que la pression (qui pèse) sur le gouvernement chinois afin de réaliser (son objectif de) croissance signifie que les réformes auront lieu", malgré l'opposition de groupes d'intérêts spécifiques, a fait savoir M. Laurenceson, ajoutant que les réformes "sont difficiles mais les impératifs sont tellement forts que je suis optimiste concernant leur mise en œuvre".