BEIJING, 1er décembre (Xinhua) -- A compter du 1er décembre 2024, la Chine accordera un traitement tarifaire nul pour les lignes tarifaires à 100% à plus de 40 pays les moins avancés (PMA) qui entretiennent des relations diplomatiques avec elle, dont 33 pays africains, devenant ainsi le premier grand pays en développement à prendre une telle démarche.
LE GRAND MARCHE CHINOIS, UNE GRANDE OPPORTUNITE POUR LES PAYS AFRICAINS
Cette initiative témoigne de la volonté de la Chine d'ouvrir davantage son marché et de favoriser le commerce sino-africain, a déclaré à Xinhua Christopher Mutsvangwa, secrétaire à l'information et à la publicité de l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF, au pouvoir).
Ces dernières années, une variété croissante de produits agricoles en provenance de ce pays d'Afrique australe a fait son chemin vers le marché chinois. Lors du sommet de Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) qui s'est tenu début septembre, la Chine et le Zimbabwe ont signé un protocole relatif aux exigences phytosanitaires applicables aux exportations d'avocats zimbabwéens vers la Chine.
"C'est une période passionnante pour l'agriculture africaine, car la Chine a développé une classe moyenne très importante qui s'intéresse également à la nourriture de haute qualité provenant de diverses régions au-delà de la Chine, comme de l'Afrique", a expliqué M. Mutsvangwa.
Pour Rabenja Claudio, professeur à l'Université catholique de Madagascar, les produits de Madagascar qui bénéficieront du traitement en franchise de droits incluront des produits agricoles tels que la vanille, les litchis, les épices, le café, le cacao, des produits textiles et des vêtements, des produits halieutiques comme les crevettes, poissons et crabes, ainsi que certains produits artisanaux et minéraux.
"Ces produits correspondent aux principales exportations de Madagascar et sont stratégiques pour le commerce avec la Chine", a-t-il poursuivi, ajoutant que "cette mesure pourrait entraîner une réduction significative des coûts à l'exportation pour Madagascar, augmentant ainsi la compétitivité de ses produits sur le marché chinois".
L'agriculture est l'un des piliers de l'industrie en Afrique. Ces dernières années, grâce aux mesures comme les exemptions tarifaires et la mise en place de "canaux verts" pour l'exportation de produits agricoles africains vers la Chine, un grand nombre de produits agricoles africains de haute qualité, tels que les ananas du Bénin, le café de l'Ethiopie, les piments du Rwanda et les noix de cajou de Côte d'Ivoire, sont entrés dans de nombreux foyers en Chine, ce qui a grandement stimulé le développement de l'économie locale.
Selon les statistiques de l'Administration générale des douanes de Chine, au cours des huit premiers mois de cette année, la Chine a importé 28,47 milliards de yuans (3,93 milliards de dollars) de produits agricoles en provenance d'Afrique, soit une augmentation de 4,8% en glissement annuel.
UNE APPROCHE INTEGREE DE LA PROMOTION DU COMMERCE CHINE-AFRIQUE
Outre l'exemption des droits de douane, la Chine explore activement des mesures de manière globale pour aider l'Afrique à améliorer sa capacité et son niveau commerciaux, notamment en facilitant les accords commerciaux, en soutenant le commerce électronique transfrontalier et en aidant les exposants des pays africains à participer à diverses expositions en Chine, a déclaré Yang Baorong, chercheur à l'Institut Chine-Afrique.
Par exemple, lors de la 7e Exposition internationale d'importation de la Chine (CIIE) qui s'est tenue début novembre, la partie chinoise a fourni plus de 120 stands gratuits aux exposants de 37 PMA, et élargi dans le même temps la zone spéciale pour les produits africains, en se concentrant sur la présentation de produits agricoles spéciaux.
Les produits ovins de Madagascar ont fait leurs débuts à la CIIE cette année et la Chine en a importé en septembre pour la première fois d'Afrique.
Selon Michel Anondraka, directeur général de l'agriculture et de l'élevage auprès du ministère malgache de l'Agriculture et de l'Elevage, le marché énorme de la Chine qui s'ouvre à la viande de mouton et de chèvre de Madagascar devrait stimuler la croissance de production des éleveurs locaux et accélérer la modernisation agricole du pays africain.
Tanzania Future Enterprises Company Limited, une entreprise tanzanienne engagée dans la production, la transformation, le conditionnement et la commercialisation de produits apicoles, est l'un des 34 exposants tanzaniens participant à la foire.
Pour Jackson Mponela, directeur de production pour le commerce et le développement de cette entreprise, la CIIE ouvre la voie aux produits du miel local sur le marché chinois et elle représente également une étape importante pour la marque de miel tanzanien sur le marché mondial.
"L'expansion continue de l'ouverture du marché chinois par le biais de politiques, telles que les exemptions tarifaires, les canaux verts, le soutien au commerce électronique transfrontalier et les plateformes comme la CIIE et l'Exposition économique et commerciale Chine-Afrique, permet non seulement à nos produits de pénétrer plus efficacement le marché chinois, mais renforce également la valeur de notre marque et favorise le développement durable", a-t-il salué.
UN MODELE DE DEVELOPPEMENT COMMUN DU SUD GLOBAL
Selon des experts, le traitement tarifaire nul pour les lignes tarifaires à 100% vise à promouvoir le développement du commerce afin d'aider les pays les moins avancés à se débarrasser progressivement de leur position désavantageuse dans le paysage économique et commercial mondial.
Cette mesure chinoise constituera non seulement une nouvelle étape dans la coopération Sud-Sud, mais aussi un moteur puissant de la coopération économique pour le Sud global.
Pour Rabenja Claudio, cette initiative devrait encourager l'investissement dans les infrastructures, améliorer la qualité des produits exportés et renforcer la diversification économique. Les chaînes industrielles en Afrique pourront se développer grâce à des investissements, en particulier dans les secteurs où la transformation locale peut être renforcée comme l'industrie agro-alimentaire, permettant aux pays africains de renforcer leurs capacités économiques. Au niveau mondial, en réduisant les barrières tarifaires, elle stimulera une intégration plus poussée des économies africaines dans les chaînes d'approvisionnement mondiales.
Aux yeux de Dennis Munene, directeur exécutif du Centre Chine-Afrique de l'Institut des politiques d'Afrique à Nairobi, l'initiative de la Chine en matière d'exemption de droits de douane est encourageante, car elle aidera les PMA à accéder au marché chinois pour leurs produits et stimulera leur développement économique, accélérant ainsi efficacement les progrès des PMA sur la voie de la modernité.
Yang Baorong estime que l'accent doit être mis sur les efforts de surmonter les goulots d'étranglement commerciaux, afin que les pays du Sud puissent pleinement exploiter leurs propres ressources et leur immense potentiel de marché pour étendre continuellement la coopération complémentaire et optimiser la structure industrielle internationale.
"L'Afrique étant le continent qui compte le plus grand nombre de pays les moins avancés, la mesure de la Chine en matière d'exonération de droits de douane devrait contribuer à améliorer la coopération industrielle par le biais du commerce d'ampleur, à renforcer la qualité de la coopération entre la Chine et l'Afrique et à inciter un plus grand nombre de pays du Sud à participer au processus de modernisation de l'économie", a-t-il conclu. Fin