La nouvelle route ferroviaire de la soie, pont entre la Chine et l'Europe

                 French.xinhuanet.com | Publié le 2017-01-18 à 10:01


Le président chinois Xi Jinping et son homologue polonais Andrzej Duda assistent le 20 juin 2016 à Varsovie à la cérémonie d'arrivée en gare d'un train de marchandises de China Railway Express. (Photo: XIE Huanchi, LAN Hongguang, XINHUA)

Par LIANG Nini, TANG Ji et LI Jinfeng

BEIJING, 18 janvier (Xinhua) -- Les transports ferroviaires semblent être de nouveau en vogue depuis le lancement il y a quelque temps de liaisons de fret ferroviaire entre la Chine et l'Europe. Avec un délai de livraison plus court que par bateau et un coût moins élevé que l'avion, ce vieux moyen de transport commence à retrouver de son énergie et de sa vitalité en Chine et dans les pays situés sur l'ancienne Route de la Soie.

Cette connexion ferrée fait partie de "la Ceinture et la Route", qui comprend la "Ceinture économique de la Route de la soie" et la "Route de la soie maritime du XXIe siècle". Proposée en 2013 par le président chinois Xi Jinping, cette initiative visant à construire un réseau d'échanges commerciaux et d'infrastructures reliant l'Asie à l'Europe et à l'Afrique le long des routes commerciales d'autrefois a commencé à porter ses fruits.

LA NOUVELLE ROUTE FERROVIAIRE DE LA SOIE

Parti d'Yiwu, dans l'est de la Chine, le premier train de fret à destination de Londres s'est élancé le 1er janvier pour un voyage de 12.000km devant durer 18 jours. La capitale britannique deviendra ainsi la quinzième ville européenne à profiter de cette liaison ferroviaire Chine-Europe, selon la China Railway Corporation (CRC).

"Le transport ferroviaire est une révolution dans le commerce avec la Chine. Il simplifie le transport et permet à la Chine et à l'Europe de devenir, en quelque sorte,des voisins", commente Xavier Wanderpepen, expert du flux ferroviaire Europe-Asie-Chine à la SNCF, en réponse à des questions écrites de Xinhua.

Lancés pour la première fois en 2011 à Chongqing, dans le sud-ouest de la Chine, avec entre 82 et 100 conteneurs standard de 20 pieds à leur bord, les "ChinaRailwayExpress" (Crexpress) sont des trains express de marchandises à destination de l'Europe qui circulent de manière régulière et suivant des itinéraires fixes.

Selon les dernières statistiques publiées par la CRC, les Crexpress ont effectué 1.702 livraisons entre la Chine et l'Europe en 2016, enregistrant une hausse de 109%, dont 572 dans le sens retour (+116%). Les gares de fret destinées aux échanges internationaux ont assuré le transport de 42 millions de tonnes de marchandises (+12%).

A mesure que la construction des lignes s'accélère, les Crexpress jouent un rôle de plus en plus important dans la mise en oeuvre de "la Ceinture et la Route", qui vise à promouvoir les échanges commerciaux et culturels entre la Chine et l'Europe.

A ce jour, 16 villes chinoises ont ouvert des dessertes ferroviaires à destination de 15 villes étrangères, empreintant 39 voies de circulation.

Ce service est en plein essor : alors qu'il avait fallu quatre ans pour que le nombre de Crexpress franchisse la barre des 500, leur nombre est à présent passé de 1.500 à 2.000 en seulement trois mois et demi.

Avec l'expansion des lignes ferroviaires, la gamme de marchandises transportées s'élargit (téléphones mobiles, ordinateurs, vêtements, produits alimentaires, appareils électroniques, pièces détachées automobiles, etc.).

En vertu du plan quinquennal élaboré par la Commission nationale de développement et de réforme (CNDR), les Crexpress réaliseront chaque année 5.000 livraisons entre la Chine et l'Europe d'ici 2020 via ce réseau, ce qui pourrait représenter jusqu'à 80%du volume total des conteneurs transportés par voie ferrée à l'échelle mondiale.


Un train chargé de produits mécaniques, électroniques et chimiques, part le 6 avril 2016 de Wuhan, en Chine, via la ligne de fret directe reliant Wuhan à Lyon. (Photo: XIAO Yijiu, XINHUA)

UNE COOPERATION GAGNANT-GAGNANT ENTRE LA FRANCE ET LA CHINE

En 2016, le train de fret en provenance de Wuhan (Chine) et à destination de l'Europe a effectué 229 voyages, une hausse de 56,2% par rapport à 2015.

Située sur le fleuve Yangtsé, Wuhan est le chef-lieu de la province du Hubei et un important centre manufacturier du centre de la Chine. Aujourd'hui, cette ville tisse des liens de plus en plus étroits avec l'Europe, notamment la France, grâce aux échanges économiques en plein essor et aux liaisons ferroviaires.

Parmi les quelque 120 entreprises françaises qui se sont installées dans cette immense ville industrielle et commerciale figurent notamment des groupes renommés tels que PSA Peugeot Citroën, Alstom, Carrefour, Total, Renault ou encore Sanofi, selon les statistiques du consulat de France à Wuhan.

En outre, le siège social de PSA en Chine et en Asie du Sud-Est, actuellement situé à Shanghaï, sera délocalisé d'ici juin à Wuhan, qui entend devenir le plus grand centre de fabrication automobile de Chine.

Désormais, outre les voitures françaises qui se généralisent dans les rues de Wuhan, de plus en plus de produits "made in France" commencent à entrer progressivement dans la vie quotidienne des Wuhanais depuis le lancement en avril dernier de la première liaison de fret ferroviaire à destination de Lyon, une prolongation du trajet qui existait déjà entre la Chine et Duisbourg, en Allemagne.

En 2016, cette ligne a permis de transporter quelque 128 conteneurs standard de 20 pieds entre la Chine et la France.

En 15 jours, les trains de fret ont parcouru près de 11.500km à travers le Kazakhstan, la Russie, le Bélarus, la Pologne et l'Allemagne. Des transbordements sont nécessaires en raison de l'écartement des voies, identique en Chine et en Europe (1,435 m), mais différent dans les anciens pays de l'Union soviétique (1,520 m).

D'après Wang Lijun, PDG de la société de logistique Asie-Europe de Wuhan (WAE), les pièces détachées automobiles et les appareils électroniques et médicaux représentent la majeure partie des marchandises à destination de l'Europe. Dans le sens du retour, des caisses de bordeaux sont chargées dans des conteneurs à température et à humidité contrôlée.

Depuis le 17 septembre, avec l'aide de la mairie de Bordeaux, ville jumelée avec Wuhan, et d'associations viticoles bordelaises, à savoir l'Union des grands crus de Bordeaux, le Conseil des vins de Saint-Emilion et la Jurade de Saint-Emilion, quelque 5.000 caisses de vin français, réparties en trois lots d'une valeur totale de 250.000 euros, ont ainsi été acheminées à Wuhan.

Ces bouteilles de bonne qualité sont vendues à des prix abordables aux Chinois, qui tirent ainsi profit du fret ferroviaire, selon M. Wang. Et ce n'est qu'un début : "En 2017, nous entendons installer à Wuhan un centre de stockage et de commercialisation de produits français, à savoir du vin, des produits de luxe, des vêtements, des produits agroalimentaires et des produits d'usage courant", annonce-t-il.

DES DEFIS ET DES PERSPECTIVES

Si les Crexpress sont rapidement en train de devenir une nouvelle fenêtre chinoise sur l'Occident, de nombreux problèmes subsistent dans le développement du réseau. Selon la CNDR, la croissance de ces trains se heurte à un problème de déséquilibre entre l'offre et la demande.

"Les trains des lignes internationales ne transportent pas tous systématiquement des marchandises à la fois à l'aller et au retour", a confié un responsable des douanes à Khorgos, l'un des principaux points d'entrée du nord-ouest de la Chine. "Beaucoup de trains retournent vides en Chine en raison du manque de produits", a révélé un responsable sous le couvert de l'anonymat.

Pour résoudre ce problème, la CNDR s'est attelée à améliorer la réglementation des trains de fret. En octobre dernier, elle a élaboré un plan quinquennal prévoyant la division des 39 lignes en trois itinéraires principaux afin d'améliorer le service et le fonctionnement du réseau.

Des problèmes existent aussi côté français. "Pour le transport de conteneurs, nous avons une connexion ferroviaire tous les jours avec Duisbourg, gare de départ et d'arrivée des trains en provenance et à destination de la Chine. Cependant, ce ne sont pas des trains complets qui viennent de Wuhan, mais des groupes de conteneurs. Nous espérons que nous aurons suffisamment de volume pour avoir des trains complets en 2017/2018", indique M. Wanderpepen.

De plus, "la France ne reçoit pas directement de produits hi-tech depuis la Chine". "Les importations pour HP, Samsung, Dell (...) arrivent en Allemagne, aux Pays-Bas ou encore en Pologne. Pas en France. Cela nous a posé des difficultés pour trouver suffisamment de conteneurs pour organiser des trains complets vers Lyon ou vers d'autres destinations en France", déplore-t-il.

Selon lui, la grande distribution (Carrefour, Auchan), l'industrie automobile (PSA, Renault, Dongfeng Motor) et un nombre croissant de petites entreprises qui ont besoin de transports rapides et de grands opérateurs d'e-commerce (Alibaba, Zalando) pourront utiliser ces trains.

Les transports ferroviaires jouissent d'un potentiel immense. En 2015, la France a importé de Chine 80.000 tonnes de marchandises par transport aérien et exporté vers la Chine 160.000 tonnes de vin et 100.000 tonnes de produits laitiers. "Nous pourrions donc avoir deux trains complets par semaine dans chaque sens", estime M. Wanderpepen, citant des données d'Eurostat.

L'expert exprime également sa confiance en l'économie chinoise. "Il faut observer ce développement en tenant compte des autres changements survenus en Chine depuis quelques années. La Chine est devenue un pays très moderne, avec une jeunesse très cultivée qui parle parfaitement anglais et utilise internet. Le transport ferroviaire renforce la compétitivité de la Chine et celle des entreprises françaises qui travaillent avec le pays", ajoute-t-il.


Des responsables chinois et français posent devant un train parti de Wuhan, dans le centre de la Chine, à son arrivée à la plateforme multimodale Novatrans de Vénissieux-Saint-Priest, en banlieue de Lyon, le 21 avril 2016. (Photo: ZHENG Bin, XINHUA)

UNE INFLUENCE QUI S'ACCROIT

Le 23 avril 2015, WAE a lancé la ligne Crexpress entre Wuhan et Hambourg/Duisbourg. En septembre 2015, la mairie de Duisbourg et la société ferroviaire publique allemande Deutsche Bahn ont organisé une grande cérémonie pour baptiser officiellement un train de passagers de la région du Rhin-Ruhr "Wuhan-Chine".

C'est la première fois qu'un train de passagers porte le nom d'une ville chinoise. Les trains de WAE ont renforcé les liaisons entre Duisbourg et Wuhan, villes jumelles depuis 1982.

Par la suite, le maire de Duisbourg, Sören Link, a conduit une délégation à Wuhan pour renforcer la coopération entre les deux villes. Selon le maire, 80% des PME allemandes ne pouvaient pas pénétrer le marché chinois à cause d'un manque de moyens, mais cet obstacle a désormais été levé par les trains de fret Chine-Europe, et ce moyen de transport jouit d'un fort potentiel de croissance.

Selon Wang Jiapu, directeur de la filiale allemande de WAE, le baptême de ce train de passagers démontre la grande influence qu'exercent les trains de fret en Europe depuis leur mise en service. A l'heure actuelle, les Crexpress attirent de plus en plus de clients en Europe.

"En avril 2016, à l'invitation de la mairie de Lyon et du consulat général de Chine à Lyon, nous avons participé à une cérémonie pour fêter l'arrivée du premier train de fret Wuhan-Lyon. Peu après, nous avons reçu beaucoup de demandes par email, jusqu'à 800 par jour", confie-t-il.

"Nous accordons toute notre attention au marché et à la qualité de nos services. Le nombre de clients augmente et le niveau de satisfaction des clients également. Nous soutenons ainsi directement le développement des transports ferroviaires. Pour vous donner un exemple, je suis allé une fois au Bélarus. A la frontière, plusieurs rails étaient rouillés, tandis que ceux par lesquels les Crexpress passaient semblaient toujours flambant neufs".

Pour sa part, M. Wanderpepen a une idée pour développer le réseau des Crexpress. "Nous souhaitons proposer ce service à toutes les entreprises chinoises de Paris et de la région parisienne, par exemple à Aubervilliers, en 2017. Etant donné que la communauté chinoise en France représente 400.000 personnes et 4.000 entreprises, nous souhaitons proposer les transports ferroviaires comme lien entre les Chinois de France et la Chine", indique-t-il.

 
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La nouvelle route ferroviaire de la soie, pont entre la Chine et l'Europe

Publié le 2017-01-18 à 10:01 | french.xinhuanet.com


Le président chinois Xi Jinping et son homologue polonais Andrzej Duda assistent le 20 juin 2016 à Varsovie à la cérémonie d'arrivée en gare d'un train de marchandises de China Railway Express. (Photo: XIE Huanchi, LAN Hongguang, XINHUA)

Par LIANG Nini, TANG Ji et LI Jinfeng

BEIJING, 18 janvier (Xinhua) -- Les transports ferroviaires semblent être de nouveau en vogue depuis le lancement il y a quelque temps de liaisons de fret ferroviaire entre la Chine et l'Europe. Avec un délai de livraison plus court que par bateau et un coût moins élevé que l'avion, ce vieux moyen de transport commence à retrouver de son énergie et de sa vitalité en Chine et dans les pays situés sur l'ancienne Route de la Soie.

Cette connexion ferrée fait partie de "la Ceinture et la Route", qui comprend la "Ceinture économique de la Route de la soie" et la "Route de la soie maritime du XXIe siècle". Proposée en 2013 par le président chinois Xi Jinping, cette initiative visant à construire un réseau d'échanges commerciaux et d'infrastructures reliant l'Asie à l'Europe et à l'Afrique le long des routes commerciales d'autrefois a commencé à porter ses fruits.

LA NOUVELLE ROUTE FERROVIAIRE DE LA SOIE

Parti d'Yiwu, dans l'est de la Chine, le premier train de fret à destination de Londres s'est élancé le 1er janvier pour un voyage de 12.000km devant durer 18 jours. La capitale britannique deviendra ainsi la quinzième ville européenne à profiter de cette liaison ferroviaire Chine-Europe, selon la China Railway Corporation (CRC).

"Le transport ferroviaire est une révolution dans le commerce avec la Chine. Il simplifie le transport et permet à la Chine et à l'Europe de devenir, en quelque sorte,des voisins", commente Xavier Wanderpepen, expert du flux ferroviaire Europe-Asie-Chine à la SNCF, en réponse à des questions écrites de Xinhua.

Lancés pour la première fois en 2011 à Chongqing, dans le sud-ouest de la Chine, avec entre 82 et 100 conteneurs standard de 20 pieds à leur bord, les "ChinaRailwayExpress" (Crexpress) sont des trains express de marchandises à destination de l'Europe qui circulent de manière régulière et suivant des itinéraires fixes.

Selon les dernières statistiques publiées par la CRC, les Crexpress ont effectué 1.702 livraisons entre la Chine et l'Europe en 2016, enregistrant une hausse de 109%, dont 572 dans le sens retour (+116%). Les gares de fret destinées aux échanges internationaux ont assuré le transport de 42 millions de tonnes de marchandises (+12%).

A mesure que la construction des lignes s'accélère, les Crexpress jouent un rôle de plus en plus important dans la mise en oeuvre de "la Ceinture et la Route", qui vise à promouvoir les échanges commerciaux et culturels entre la Chine et l'Europe.

A ce jour, 16 villes chinoises ont ouvert des dessertes ferroviaires à destination de 15 villes étrangères, empreintant 39 voies de circulation.

Ce service est en plein essor : alors qu'il avait fallu quatre ans pour que le nombre de Crexpress franchisse la barre des 500, leur nombre est à présent passé de 1.500 à 2.000 en seulement trois mois et demi.

Avec l'expansion des lignes ferroviaires, la gamme de marchandises transportées s'élargit (téléphones mobiles, ordinateurs, vêtements, produits alimentaires, appareils électroniques, pièces détachées automobiles, etc.).

En vertu du plan quinquennal élaboré par la Commission nationale de développement et de réforme (CNDR), les Crexpress réaliseront chaque année 5.000 livraisons entre la Chine et l'Europe d'ici 2020 via ce réseau, ce qui pourrait représenter jusqu'à 80%du volume total des conteneurs transportés par voie ferrée à l'échelle mondiale.


Un train chargé de produits mécaniques, électroniques et chimiques, part le 6 avril 2016 de Wuhan, en Chine, via la ligne de fret directe reliant Wuhan à Lyon. (Photo: XIAO Yijiu, XINHUA)

UNE COOPERATION GAGNANT-GAGNANT ENTRE LA FRANCE ET LA CHINE

En 2016, le train de fret en provenance de Wuhan (Chine) et à destination de l'Europe a effectué 229 voyages, une hausse de 56,2% par rapport à 2015.

Située sur le fleuve Yangtsé, Wuhan est le chef-lieu de la province du Hubei et un important centre manufacturier du centre de la Chine. Aujourd'hui, cette ville tisse des liens de plus en plus étroits avec l'Europe, notamment la France, grâce aux échanges économiques en plein essor et aux liaisons ferroviaires.

Parmi les quelque 120 entreprises françaises qui se sont installées dans cette immense ville industrielle et commerciale figurent notamment des groupes renommés tels que PSA Peugeot Citroën, Alstom, Carrefour, Total, Renault ou encore Sanofi, selon les statistiques du consulat de France à Wuhan.

En outre, le siège social de PSA en Chine et en Asie du Sud-Est, actuellement situé à Shanghaï, sera délocalisé d'ici juin à Wuhan, qui entend devenir le plus grand centre de fabrication automobile de Chine.

Désormais, outre les voitures françaises qui se généralisent dans les rues de Wuhan, de plus en plus de produits "made in France" commencent à entrer progressivement dans la vie quotidienne des Wuhanais depuis le lancement en avril dernier de la première liaison de fret ferroviaire à destination de Lyon, une prolongation du trajet qui existait déjà entre la Chine et Duisbourg, en Allemagne.

En 2016, cette ligne a permis de transporter quelque 128 conteneurs standard de 20 pieds entre la Chine et la France.

En 15 jours, les trains de fret ont parcouru près de 11.500km à travers le Kazakhstan, la Russie, le Bélarus, la Pologne et l'Allemagne. Des transbordements sont nécessaires en raison de l'écartement des voies, identique en Chine et en Europe (1,435 m), mais différent dans les anciens pays de l'Union soviétique (1,520 m).

D'après Wang Lijun, PDG de la société de logistique Asie-Europe de Wuhan (WAE), les pièces détachées automobiles et les appareils électroniques et médicaux représentent la majeure partie des marchandises à destination de l'Europe. Dans le sens du retour, des caisses de bordeaux sont chargées dans des conteneurs à température et à humidité contrôlée.

Depuis le 17 septembre, avec l'aide de la mairie de Bordeaux, ville jumelée avec Wuhan, et d'associations viticoles bordelaises, à savoir l'Union des grands crus de Bordeaux, le Conseil des vins de Saint-Emilion et la Jurade de Saint-Emilion, quelque 5.000 caisses de vin français, réparties en trois lots d'une valeur totale de 250.000 euros, ont ainsi été acheminées à Wuhan.

Ces bouteilles de bonne qualité sont vendues à des prix abordables aux Chinois, qui tirent ainsi profit du fret ferroviaire, selon M. Wang. Et ce n'est qu'un début : "En 2017, nous entendons installer à Wuhan un centre de stockage et de commercialisation de produits français, à savoir du vin, des produits de luxe, des vêtements, des produits agroalimentaires et des produits d'usage courant", annonce-t-il.

DES DEFIS ET DES PERSPECTIVES

Si les Crexpress sont rapidement en train de devenir une nouvelle fenêtre chinoise sur l'Occident, de nombreux problèmes subsistent dans le développement du réseau. Selon la CNDR, la croissance de ces trains se heurte à un problème de déséquilibre entre l'offre et la demande.

"Les trains des lignes internationales ne transportent pas tous systématiquement des marchandises à la fois à l'aller et au retour", a confié un responsable des douanes à Khorgos, l'un des principaux points d'entrée du nord-ouest de la Chine. "Beaucoup de trains retournent vides en Chine en raison du manque de produits", a révélé un responsable sous le couvert de l'anonymat.

Pour résoudre ce problème, la CNDR s'est attelée à améliorer la réglementation des trains de fret. En octobre dernier, elle a élaboré un plan quinquennal prévoyant la division des 39 lignes en trois itinéraires principaux afin d'améliorer le service et le fonctionnement du réseau.

Des problèmes existent aussi côté français. "Pour le transport de conteneurs, nous avons une connexion ferroviaire tous les jours avec Duisbourg, gare de départ et d'arrivée des trains en provenance et à destination de la Chine. Cependant, ce ne sont pas des trains complets qui viennent de Wuhan, mais des groupes de conteneurs. Nous espérons que nous aurons suffisamment de volume pour avoir des trains complets en 2017/2018", indique M. Wanderpepen.

De plus, "la France ne reçoit pas directement de produits hi-tech depuis la Chine". "Les importations pour HP, Samsung, Dell (...) arrivent en Allemagne, aux Pays-Bas ou encore en Pologne. Pas en France. Cela nous a posé des difficultés pour trouver suffisamment de conteneurs pour organiser des trains complets vers Lyon ou vers d'autres destinations en France", déplore-t-il.

Selon lui, la grande distribution (Carrefour, Auchan), l'industrie automobile (PSA, Renault, Dongfeng Motor) et un nombre croissant de petites entreprises qui ont besoin de transports rapides et de grands opérateurs d'e-commerce (Alibaba, Zalando) pourront utiliser ces trains.

Les transports ferroviaires jouissent d'un potentiel immense. En 2015, la France a importé de Chine 80.000 tonnes de marchandises par transport aérien et exporté vers la Chine 160.000 tonnes de vin et 100.000 tonnes de produits laitiers. "Nous pourrions donc avoir deux trains complets par semaine dans chaque sens", estime M. Wanderpepen, citant des données d'Eurostat.

L'expert exprime également sa confiance en l'économie chinoise. "Il faut observer ce développement en tenant compte des autres changements survenus en Chine depuis quelques années. La Chine est devenue un pays très moderne, avec une jeunesse très cultivée qui parle parfaitement anglais et utilise internet. Le transport ferroviaire renforce la compétitivité de la Chine et celle des entreprises françaises qui travaillent avec le pays", ajoute-t-il.


Des responsables chinois et français posent devant un train parti de Wuhan, dans le centre de la Chine, à son arrivée à la plateforme multimodale Novatrans de Vénissieux-Saint-Priest, en banlieue de Lyon, le 21 avril 2016. (Photo: ZHENG Bin, XINHUA)

UNE INFLUENCE QUI S'ACCROIT

Le 23 avril 2015, WAE a lancé la ligne Crexpress entre Wuhan et Hambourg/Duisbourg. En septembre 2015, la mairie de Duisbourg et la société ferroviaire publique allemande Deutsche Bahn ont organisé une grande cérémonie pour baptiser officiellement un train de passagers de la région du Rhin-Ruhr "Wuhan-Chine".

C'est la première fois qu'un train de passagers porte le nom d'une ville chinoise. Les trains de WAE ont renforcé les liaisons entre Duisbourg et Wuhan, villes jumelles depuis 1982.

Par la suite, le maire de Duisbourg, Sören Link, a conduit une délégation à Wuhan pour renforcer la coopération entre les deux villes. Selon le maire, 80% des PME allemandes ne pouvaient pas pénétrer le marché chinois à cause d'un manque de moyens, mais cet obstacle a désormais été levé par les trains de fret Chine-Europe, et ce moyen de transport jouit d'un fort potentiel de croissance.

Selon Wang Jiapu, directeur de la filiale allemande de WAE, le baptême de ce train de passagers démontre la grande influence qu'exercent les trains de fret en Europe depuis leur mise en service. A l'heure actuelle, les Crexpress attirent de plus en plus de clients en Europe.

"En avril 2016, à l'invitation de la mairie de Lyon et du consulat général de Chine à Lyon, nous avons participé à une cérémonie pour fêter l'arrivée du premier train de fret Wuhan-Lyon. Peu après, nous avons reçu beaucoup de demandes par email, jusqu'à 800 par jour", confie-t-il.

"Nous accordons toute notre attention au marché et à la qualité de nos services. Le nombre de clients augmente et le niveau de satisfaction des clients également. Nous soutenons ainsi directement le développement des transports ferroviaires. Pour vous donner un exemple, je suis allé une fois au Bélarus. A la frontière, plusieurs rails étaient rouillés, tandis que ceux par lesquels les Crexpress passaient semblaient toujours flambant neufs".

Pour sa part, M. Wanderpepen a une idée pour développer le réseau des Crexpress. "Nous souhaitons proposer ce service à toutes les entreprises chinoises de Paris et de la région parisienne, par exemple à Aubervilliers, en 2017. Etant donné que la communauté chinoise en France représente 400.000 personnes et 4.000 entreprises, nous souhaitons proposer les transports ferroviaires comme lien entre les Chinois de France et la Chine", indique-t-il.

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