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France/Présidentielle : les enjeux du second tour vus par deux experts français (INTERVIEW)

        French.xinhuanet.com | Publié le 2017-04-25 à 01:41

Présidentielle/France : E. Macron et M. Le Pen qualifiés pour le second tour
PARIS, 24 avril (Xinhua) -- Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle du mouvement En Marche ! prononce un discours lors d'un rassemblement à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle, le 23 avril 2017 à Paris, en France. Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont qualifiés pour le second tour de la présidentielle du 7 mai. (Photo : Jose Rodriguez)

PARIS, 24 avril (Xinhua) -- En plébiscitant Emmanuel Macron (En Marche!) et Marine Le Pen (Front national) pour le second tour de l'élection présidentielle française, les électeurs français ont donné un signal à la fois pro-européen mais aussi de forte contestation à l'égard des partis traditionnels, ont expliqué Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, et Jean-Yves Camus, politologue français et directeur de l'Observatoire des radicalités politiques-Fondation Jean-Jaurès, interrogés par Xinhua ce lundi.

"Les électeurs français ont clairement indiqué qu'ils ne souhaitaient pas rompre avec la construction européenne", analyse Jean-Dominique Giuliani, en tant que responsable d'un principal centre de recherche français sur les questions européennes.

"Ils souhaitent qu'elle soit relancée, notamment par la France, qui doit y être plus active. Ils sont dans l'attente d'une Europe plus efficace, mais ont rejeté le 'tout au rien' que proposaient les candidats extrémistes. Si Emmanuel Macron est élu, nous pourrons affirmer que la France est de retour en Europe", a-t-il estimé.

Il a également souligné que le résultat du Front national (FN) au premier tour de l'élection présidentielle française est inférieur aux prévisions : "tout le monde prévoyait qu'il serait en tête à l'issue du premier tour. Ce n'est pas le cas. Si les électeurs français sont en colère, inquiets et insatisfaits, ils demeurent fermement attachés aux valeurs démocratiques et restent méfiants envers le Front national".

Une analyse partagée par Jean-Yves Camus : "c'est un score en deçà des estimations et bien en deçà du niveau du FN aux régionales de décembre 2015 (27,9%). C'est même en deçà des 22,5% dont Marine Le Pen était créditée juste avant le premier tour", a-t-il expliqué à Xinhua.

"Il va falloir en trouver les explications car la campagne frontiste a semblé ne jamais vraiment démarrer. Et même l'attentat des Champs-Elysées le 20 avril dernier, n'a donné aucun bonus au FN. Rappelons que Marine Le Pen était donnée en tête du premier tour, et qu'elle rate son pari de manière assez nette", a-t-il ajouté.

Avec deux candidats eurosceptiques sur les quatre arrivés en tête, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, "tous les votes et toutes les inquiétudes doivent être prises en compte. Jean-Luc Mélenchon a reçu manifestement le soutien d'une jeunesse de gauche désireuse de 'renverser le système', sensible au parfum 'révolutionnaire' et 'idéaliste de son discours'", a indiqué le président de la Fondation Robert Schuman, estimant toutefois qu'il était néanmoins allé "trop loin" pour être crédible "notamment en laissant percevoir qu'il cultivait une proximité avec des régimes que les Français réprouvent".

"Ses propos sur l'Europe, très excessifs en début de campagne, ont été par la suite corrigés et modérés car l'Europe, une fois encore, n'est pas responsable des difficultés politiques et sociales de la France. Les Français le savent", a-t-il expliqué.

Le vote plaçant en tête Emmanuel Macron au premier tour, démontre "que la montée des populismes n'est pas une fatalité et que l'engagement démocratique des citoyens en Europe est solide et peut résister au simplisme" a souligné le président de la Fondation Robert Schuman.

"Après l'Autriche et les Pays-Bas, la France doit désormais faire la preuve qu'elle rejette les extrêmes. C'est l'enjeu du second tour de scrutin le 7 mai", selon lui.

Cependant, il a prévu aussi un second tour "plus disputé qu'annoncé" : "la France politique a désavoué les deux principaux partis de gouvernement et explore donc des rivages inconnus jusqu'ici. Et les électeurs, mécontents de la gouvernance française depuis quelques années sont en colère", a-t-il noté.

"Pour autant, il me semble qu'elle n'est pas prête à se livrer à un candidat extrémiste. Les propositions radicales de la candidate du FN inquiètent les Français, notamment ses prises de position caricaturales sur l'euro et l'Europe, que rien ne justifie en fait", a indiqué le président de la Fondation Robert Schuman, assurant qu'elles devraient "empêcher son succès".

Au second tour, "la victoire d'Emmanuel Macron semble acquise", a indiqué pour sa part Jean-Yves Camus.

"La vraie question est de savoir quel score il fera et jusqu'où peut monter Marine Le Pen. Une des variables, ce sont les reports des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, dont le non-choix entre les deux candidats est, à mon avis, une très grave erreur politique, puisqu'il ne tient pas compte de la nature idéologique du Front national et s'enferme dans une logique qui va contre les intérêts d'une partie de ses électeurs", a-t-il expliqué.

Jean-Yves Camus a indiqué que la stratégie de l'entre deux tour pour Marine Le Pen consistera "à taper le plus fort possible sur Emmanuel Macron en le présentant comme le candidat de la haute finance et des banques, de la technocratie et du président Hollande. De manière à attirer à la fois les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et la frange droitière de l'électorat Fillon".

Selon lui, lors de la prochaine échéance électorale de 2022, "tout dépendra de la capacité d'Emmanuel Macron à produire un électrochoc rapide qui remettra la France sur la voie de la croissance en améliorant les chiffres de l'emploi" a-t-il souligné.

Pour Jean-Dominique Giuliani, le nouveau président de la République française, quel qu'il soit, "devra tenir compte de l'expression de ces mécontentements". "L'élection d'un jeune président devrait favoriser la libération des nombreux atouts économiques, intellectuels, politiques et culturels de la France et lui permettre de rattraper rapidement un retard relatif pris par rapport à ses voisins immédiats. Sa réussite devrait réduire le poids des extrêmes. Un échec les renforcerait" a-t-il fait savoir.

 
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France/Présidentielle : les enjeux du second tour vus par deux experts français (INTERVIEW)

Publié le 2017-04-25 à 01:41 | french.xinhuanet.com

Présidentielle/France : E. Macron et M. Le Pen qualifiés pour le second tour
PARIS, 24 avril (Xinhua) -- Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle du mouvement En Marche ! prononce un discours lors d'un rassemblement à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle, le 23 avril 2017 à Paris, en France. Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont qualifiés pour le second tour de la présidentielle du 7 mai. (Photo : Jose Rodriguez)

PARIS, 24 avril (Xinhua) -- En plébiscitant Emmanuel Macron (En Marche!) et Marine Le Pen (Front national) pour le second tour de l'élection présidentielle française, les électeurs français ont donné un signal à la fois pro-européen mais aussi de forte contestation à l'égard des partis traditionnels, ont expliqué Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, et Jean-Yves Camus, politologue français et directeur de l'Observatoire des radicalités politiques-Fondation Jean-Jaurès, interrogés par Xinhua ce lundi.

"Les électeurs français ont clairement indiqué qu'ils ne souhaitaient pas rompre avec la construction européenne", analyse Jean-Dominique Giuliani, en tant que responsable d'un principal centre de recherche français sur les questions européennes.

"Ils souhaitent qu'elle soit relancée, notamment par la France, qui doit y être plus active. Ils sont dans l'attente d'une Europe plus efficace, mais ont rejeté le 'tout au rien' que proposaient les candidats extrémistes. Si Emmanuel Macron est élu, nous pourrons affirmer que la France est de retour en Europe", a-t-il estimé.

Il a également souligné que le résultat du Front national (FN) au premier tour de l'élection présidentielle française est inférieur aux prévisions : "tout le monde prévoyait qu'il serait en tête à l'issue du premier tour. Ce n'est pas le cas. Si les électeurs français sont en colère, inquiets et insatisfaits, ils demeurent fermement attachés aux valeurs démocratiques et restent méfiants envers le Front national".

Une analyse partagée par Jean-Yves Camus : "c'est un score en deçà des estimations et bien en deçà du niveau du FN aux régionales de décembre 2015 (27,9%). C'est même en deçà des 22,5% dont Marine Le Pen était créditée juste avant le premier tour", a-t-il expliqué à Xinhua.

"Il va falloir en trouver les explications car la campagne frontiste a semblé ne jamais vraiment démarrer. Et même l'attentat des Champs-Elysées le 20 avril dernier, n'a donné aucun bonus au FN. Rappelons que Marine Le Pen était donnée en tête du premier tour, et qu'elle rate son pari de manière assez nette", a-t-il ajouté.

Avec deux candidats eurosceptiques sur les quatre arrivés en tête, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, "tous les votes et toutes les inquiétudes doivent être prises en compte. Jean-Luc Mélenchon a reçu manifestement le soutien d'une jeunesse de gauche désireuse de 'renverser le système', sensible au parfum 'révolutionnaire' et 'idéaliste de son discours'", a indiqué le président de la Fondation Robert Schuman, estimant toutefois qu'il était néanmoins allé "trop loin" pour être crédible "notamment en laissant percevoir qu'il cultivait une proximité avec des régimes que les Français réprouvent".

"Ses propos sur l'Europe, très excessifs en début de campagne, ont été par la suite corrigés et modérés car l'Europe, une fois encore, n'est pas responsable des difficultés politiques et sociales de la France. Les Français le savent", a-t-il expliqué.

Le vote plaçant en tête Emmanuel Macron au premier tour, démontre "que la montée des populismes n'est pas une fatalité et que l'engagement démocratique des citoyens en Europe est solide et peut résister au simplisme" a souligné le président de la Fondation Robert Schuman.

"Après l'Autriche et les Pays-Bas, la France doit désormais faire la preuve qu'elle rejette les extrêmes. C'est l'enjeu du second tour de scrutin le 7 mai", selon lui.

Cependant, il a prévu aussi un second tour "plus disputé qu'annoncé" : "la France politique a désavoué les deux principaux partis de gouvernement et explore donc des rivages inconnus jusqu'ici. Et les électeurs, mécontents de la gouvernance française depuis quelques années sont en colère", a-t-il noté.

"Pour autant, il me semble qu'elle n'est pas prête à se livrer à un candidat extrémiste. Les propositions radicales de la candidate du FN inquiètent les Français, notamment ses prises de position caricaturales sur l'euro et l'Europe, que rien ne justifie en fait", a indiqué le président de la Fondation Robert Schuman, assurant qu'elles devraient "empêcher son succès".

Au second tour, "la victoire d'Emmanuel Macron semble acquise", a indiqué pour sa part Jean-Yves Camus.

"La vraie question est de savoir quel score il fera et jusqu'où peut monter Marine Le Pen. Une des variables, ce sont les reports des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, dont le non-choix entre les deux candidats est, à mon avis, une très grave erreur politique, puisqu'il ne tient pas compte de la nature idéologique du Front national et s'enferme dans une logique qui va contre les intérêts d'une partie de ses électeurs", a-t-il expliqué.

Jean-Yves Camus a indiqué que la stratégie de l'entre deux tour pour Marine Le Pen consistera "à taper le plus fort possible sur Emmanuel Macron en le présentant comme le candidat de la haute finance et des banques, de la technocratie et du président Hollande. De manière à attirer à la fois les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et la frange droitière de l'électorat Fillon".

Selon lui, lors de la prochaine échéance électorale de 2022, "tout dépendra de la capacité d'Emmanuel Macron à produire un électrochoc rapide qui remettra la France sur la voie de la croissance en améliorant les chiffres de l'emploi" a-t-il souligné.

Pour Jean-Dominique Giuliani, le nouveau président de la République française, quel qu'il soit, "devra tenir compte de l'expression de ces mécontentements". "L'élection d'un jeune président devrait favoriser la libération des nombreux atouts économiques, intellectuels, politiques et culturels de la France et lui permettre de rattraper rapidement un retard relatif pris par rapport à ses voisins immédiats. Sa réussite devrait réduire le poids des extrêmes. Un échec les renforcerait" a-t-il fait savoir.

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