France : l'élection présidentielle révèle l'affaiblissement des partis de gouvernement (chercheur)
Publié le 2017-04-15 à 20:41 | french.xinhuanet.com
PARIS, 15 avril (Xinhua) -- A quelques jours du premier tour de la présidentielle française 2017, Olivier Rouquan, politologue et enseignant-chercheur, analyse pour Xinhua la particularité de cette élection présidentielle, fortement marquée par des rebondissements politico-judiciaires, et les conséquences qui pourraient en découler.
Cette élection présidentielle illustre l'affaiblissement des partis de gouvernement, que sont les deux grands partis : le Parti socialiste et Les Républicains, indique le chercheur.
"On voit bien que leur deux candidats, Benoît Hamon et François Fillon, sont affaiblis : les probabilités sont faibles pour le candidat socialiste d'être au second tour. Et elles ne sont pas du tout acquises pour le candidat des Républicains", explique-t-il.
Selon M. Rouquan, cette faiblesse des partis de gouvernement, quelle que soit l'issue du scrutin, traduit une forte envie de renouvellement du personnel politique, mais aussi de la façon de faire de la politique. Cet affaiblissement des principaux partis peut déboucher, d'après le chercheur, sur une situation inédite avec la victoire d'un candidat populiste ou inattendu.
Un scénario qui pourrait avoir un impact sur les élections législatives : "Il pourrait y avoir un bouleversement de l'Assemblée nationale et du gouvernement qui suivrait. Et ce serait une réorganisation du jeu politique qui serait en cours. Voilà ce que traduit cette présidentielle", analyse le spécialiste.
M. Rouquan indique qu'en cas de majorité parlementaire incertaine et en décalage avec la majorité présidentielle, le Premier ministre, chargé de l'unité du gouvernement et de son pilotage vis-à-vis de députés plus autonomes, pourrait devenir l'homme central.
Cela conduirait alors à une phase de "gouvernementalisme et non de présidentialisme. Le temps est donc peut-être venu de reconnaître que le présidentialisme n'est plus la solution institutionnelle capable de consolider la démocratie".
Le politologue explique également la montée de l'extrême droite par cette même volonté de renouveler le jeu politique, exprimant un "très grand mécontentement vis-à-vis des partis traditionnels et de leurs leaders".
Le second élément qui explique cette montée, c'est que le mécontentement de fond est fondé sur une crise à la fois économique, sociale et même culturelle. Et cela encourage les candidats qui font des propositions simplistes, notamment les populistes.
Les diverses affaires ayant marqué cette élection encouragent aussi un vote de rejet de la politique classique, les partis traditionnels symbolisant la corruption de l'élite politique, ajoute M. Rouquan.
Selon le chercheur, c'est ce climat de contestation, de besoin de renouvellement, qui explique l'important taux d'incertitude : "Les gens sont moins attachés et fidèles à un grand parti ou même un camp politique. Donc, ils changent et cela traduit un trouble des repères et leur envie de changer de système", indique M. Rouquan.