France : Quelle sera la stratégie de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron ?

                 French.xinhuanet.com | Publié le 2017-04-26 à 12:01

Présidentielle/France : E. Macron et M. Le Pen qualifiés pour le second tour
HENIN-BEAUMONT (FRANCE), 24 avril (Xinhua) -- Marine Le Pen (centre), candidate à la présidentielle du Front national salue ses partisans lors d'un rassemblement à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle, le 23 avril 2017 à Hénin-Beaumont, en France. Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont qualifiés pour le second tour de la présidentielle du 7 mai. (Photo : Chen Yichen)

PARIS, 25 avril (Xinhua) -- Deux jours après le premier tour de l'élection présidentielle française, deux spécialistes de l'extrême droite auprès de l'Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès présentent leurs analyses concernant le résultat de Marine Le Pen et la stratégie éventuelle qu'elle adoptera face au favori Emmanuel Macron.

"Le Front national peine à convaincre les retraités, les diplômés et les CSP+"

"Le Front national n'a pas réussi à convaincre des électeurs qui lui sont encore peu favorables, comme les retraités, les diplômés et les classes socio-professionnelles supérieurs, dites CSP+", indique Nicolas Lebourg, historien et chercheur à l'université de Montpellier.

"Les enquêtes d'opinion prévoyaient 15 points pour le Front national, il y a un an, chez les CSP+, pour les foyers de plus de 3.000 euros mensuels, ce qui a été exactement le même niveau pour le premier tour de l'élection présidentielle française de dimanche dernier, donc il n'y a pas eu de progression sur ces couches sociales", affirme l'expert.

"De même, chez les plus diplômés, on avait déjà constaté en 2012 que malgré son excellent score, Marine Le Pen était en deçà des scores de Jean-Marie Le Pen en 1988. De même, cela continue sur le vote en 2017, car elle n'est pas arrivée à progresser chez ces électeurs", ajoute-t-il.

Depuis deux ans, le Front national est annoncé comme parti majoritaire chez les primo-votants (personnes qui votent pour la première fois) or, lors du premier tour de l'élection présidentielle,c'est Jean-Luc Mélenchon qui a capté le plus de voix auprès de cet électorat.

Autre point important : "Jean-Marie Le Pen avait un électorat plus masculin et nous avions observé une réduction de cet écart hommes-femmes en 2012 avec 2 points de différence. Or, le 23 avril dernier, Marine Le Pen a nettement moins séduit chez les femmes que chez les hommes avec 4 points d'écart, ce qui est important à noter", insiste M. Lebourg.

"La moitié est, du Havre jusqu'à Perpignan"

Concernant la répartition géographique du vote Front national au premier tour du scrutin, les réserves de voix se trouvaient sur la façade atlantique française et notamment en Bretagne, où Emmanuel Macron est arrivé en tête.

Le Front national a fait un bon score dans le nord-est et sud-est de la France, où il est implanté depuis plusieurs années : "L'axe global du vote Front national reste celui qui existe depuis les années 1980, soit la moitié est, du Havre jusqu'à Perpignan", explique l'expert.

L'historien précise que la popularité croissante du Front national dans les petites communes rurales françaises se confirme : "La question de la fracture territoriale, en cours depuis 1995, reste un moteur du vote Front national", indique-t-il.

Cependant, selon M. Lebourg, la redistribution des offres politiques montre que le pari de Jean-Luc Mélenchon visant à faire "une offre concurrentielle sur le plan des classes populaires en se positionnant comme alternative au Front national, semble fonctionner".

Le cas de Perpignan en est un bon exemple. Il s'agit de la seule commune de France de plus de 100.000 habitants à avoir placé le Front national en tête aux élections municipales en 2014.Pourtant, "le 23 avril dernier, la candidate du Front national fait 25 points et Jean-Luc Mélenchon 24 points, soit le double de la liste d'Union de la gauche, et Jean-Luc Mélenchon arrive en effet second derrière Marine Le Pen dans plusieurs villes du Front national", note-t-il.

"Reconstituer la France du 'non' du référendum de 2005 pour une Constitution européenne"

Selon lui, la stratégie de Marine Le Pen pour le second tour consiste à reconstituer la France du "non" au référendum de 2005 pour une Constitution européenne : "Ce n'est pas un jeu évident car le dépassement du clivage droite-gauche auquel appelle le Front national a une visée tactique, celle de faire disparaître l'étiquette d'extrême droite. Or, ce basculement sur un axe 'mondialisme-patriote', est difficile sur le plan stratégique."

"Ce qui se dessine, c'est un axe de 'souverainisme intégral', positionnement déjà utilisé par le Front national aux élections européennes de 2014, face à ce que l'extrême droite nomme le 'libéralisme intégral' d'Emmanuel Macron", indique M. Lebourg.

"Selon le Front national, Emmanuel Macron incarne le libéralisme culturel, politique, économique. Or, cette position est difficile car l'électorat de la droite modérée, que va tenter de rallier Marine Le Pen, est largement effrayé par le programme économique plus orienté 'souverainisme intégral'", explique-t-il.

L'absence des thématiques de l'identité, de l'islam et de l'immigration, chères au parti d'extrême droite, durant la campagne du premier tour, peut en partie expliquer son score en deçà de ses prévisions, affirme M. Lebourg.

"Marine Le Pen va s'adresser aux électeurs de François Fillon"

Pour Jean-Yves Camus, directeur de l'Observatoire des radicalités politiques, de la Fondation Jean-Jaurès, la stratégie de campagne de l'entre deux tours de Marine Le Pen va consister à "imposer" dans le débat face à Emmanuel Macron un certain nombre de propositions binaires du type "je suis la candidate des patriotes contre le candidat du mondialisme, du protectionnisme intelligent contre le candidat des marchés, de l'identité française face au cosmopolitisme", avec toute les dérives que cela peut entraîner, explique le politologue.

"Elle sait qu'Emmanuel Macron est son meilleur adversaire, elle sait sur quels angles elle doit l'attaquer et elle le fera en s'adressant aux électeurs de François Fillon, qui sont sensibles à la rhétorique identitaire, et ceux qui ont en tête la détestation de la gauche", explique M. Camus.

"Marine Le Pen va aussi s'adresser aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon, en leur disant qu'il y a une chance historique de battre celui qui est le représentant du capital mondialisé et des élites tant détestées. Et là se pose un problème qui est l'attitude de non-choix entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron de la part de Jean-Luc Mélenchon au sortir du premier tour du scrutin."

Pour M. Camus, "c'est une faute morale et politique" de la part de Jean-Luc Mélenchon car, alors que pendant sa campagne il expliquait, "à bon escient", que la France "est un creuset de vagues d'immigrations", et qu'elle s'est faite "avec les apports politiques de toutes les populations qui ont été brassées par la proximité avec la mer Méditerranée", le fait de ne pas prendre parti entre Marine Le Pen, "qui veut inscrire dans la Constitution française la préférence nationale", et Emmanuel Macron "qui souhaite que les étrangers résidant en France continuent d'avoir les droits qui sont actuellement les leurs, constitue "un pari très risqué contre son propre électorat", ajoute-t-il.

"Non pas une démission, ni une rupture"

La question de l'Europe est une des oppositions fondamentales entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon : "Du simple point de vue des programmes, l'attitude de Jean-Luc Mélenchon est un non-sens absolu. L'Europe sociale qu'il souhaitait mettre en route par la renégociation des traités, ce n'est pas celle de Marine Le Pen qui ne veut pas négocier mais sortir des traités", souligne-t-il.

Concernant le retrait de Marine Le Pen à la présidence du Front national, annoncé la veille, le politologue estime que c'est "un pas de côté et non pas une démission, ni une rupture".

"Elle prend de la distance avec son parti pour mieux revenir, parce que son score du premier tour n'est pas extraordinaire et qu'à l'intérieur du Front national certains lui en font grief", assure-t-il.

Le politologue y voit un "effet d'annonce" et en prévoit d'autres, dont une possible déclaration relative à la sortie de l'Union européenne, qui est "une épine dans le pied" pour le Front national, "car cette idée ne fait pas l'unanimité au sein même de ses électeurs", alors qu'elle est incontournable pour les cadres du parti.

"La définition de l'étranger que Marine Le Pen donne est celui qui n'est pas un national français. Elle se positionne dans la perspective d'une France sortie de l'Union européenne, et tous les citoyens de l'Union européenne qui ont actuellement des droits spécifiques ne les auront plus", explique l'expert, qui souligne la difficulté d'une inflexion du discours sur la sortie de l'euro : "Marine Le Pen va se retrouver face à un nœud de contradictions si elle lâche sur la question de l'Europe, car elle peut y trouver son compte électoralement mais idéologiquement, son programme va devenir illisible", indique-t-il.

"La conquête d'une majorité parlementaire Front national est absolument exclue"

Interrogé par Xinhua sur les perspectives du Front national lors des prochaines élections législatives en juin, M. Camus déclare que la France n'appliquant pas la proportionnelle (mode de scrutin proportionnel), le Front national "peut certainement passer de deux députés actuels, sur 577 au total, à un groupe parlementaire, mais la conquête d'une majorité parlementaire est absolument exclue".

M. Camus a évoqué la difficulté pour des députés frontistes de porter une proposition de loi jusqu'à son vote : "Il faut que des députés acceptent de cosigner la proposition, or, le simple fait d'apposer votre nom à un projet de loi porté par des parlementaires frontistes c'est 'le baiser qui tue'."

Par ailleurs, a-t-il dit, "je pense que la polarisation gauche-droite n'a pas totalement cessé d'exister : elle s'est juste déplacée avec d'un côté, les tenants d'une société ouverte, plurielle, libérale au sens d'héritière des valeurs des Lumières, et ceux d'une société fondée sur le nationalisme (FN), mais aussi une troisième famille, celle de Jean-Luc Mélenchon, qui est une gauche nationale, anti-libérale, révolutionnaire. Par gauche nationale, j'entends celle qui va au-delà du patriotisme et assume la dimension souverainiste".

 
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Présidentielle/France : E. Macron et M. Le Pen qualifiés pour le second tour
HENIN-BEAUMONT (FRANCE), 24 avril (Xinhua) -- Marine Le Pen (centre), candidate à la présidentielle du Front national salue ses partisans lors d'un rassemblement à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle, le 23 avril 2017 à Hénin-Beaumont, en France. Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont qualifiés pour le second tour de la présidentielle du 7 mai. (Photo : Chen Yichen)

PARIS, 25 avril (Xinhua) -- Deux jours après le premier tour de l'élection présidentielle française, deux spécialistes de l'extrême droite auprès de l'Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès présentent leurs analyses concernant le résultat de Marine Le Pen et la stratégie éventuelle qu'elle adoptera face au favori Emmanuel Macron.

"Le Front national peine à convaincre les retraités, les diplômés et les CSP+"

"Le Front national n'a pas réussi à convaincre des électeurs qui lui sont encore peu favorables, comme les retraités, les diplômés et les classes socio-professionnelles supérieurs, dites CSP+", indique Nicolas Lebourg, historien et chercheur à l'université de Montpellier.

"Les enquêtes d'opinion prévoyaient 15 points pour le Front national, il y a un an, chez les CSP+, pour les foyers de plus de 3.000 euros mensuels, ce qui a été exactement le même niveau pour le premier tour de l'élection présidentielle française de dimanche dernier, donc il n'y a pas eu de progression sur ces couches sociales", affirme l'expert.

"De même, chez les plus diplômés, on avait déjà constaté en 2012 que malgré son excellent score, Marine Le Pen était en deçà des scores de Jean-Marie Le Pen en 1988. De même, cela continue sur le vote en 2017, car elle n'est pas arrivée à progresser chez ces électeurs", ajoute-t-il.

Depuis deux ans, le Front national est annoncé comme parti majoritaire chez les primo-votants (personnes qui votent pour la première fois) or, lors du premier tour de l'élection présidentielle,c'est Jean-Luc Mélenchon qui a capté le plus de voix auprès de cet électorat.

Autre point important : "Jean-Marie Le Pen avait un électorat plus masculin et nous avions observé une réduction de cet écart hommes-femmes en 2012 avec 2 points de différence. Or, le 23 avril dernier, Marine Le Pen a nettement moins séduit chez les femmes que chez les hommes avec 4 points d'écart, ce qui est important à noter", insiste M. Lebourg.

"La moitié est, du Havre jusqu'à Perpignan"

Concernant la répartition géographique du vote Front national au premier tour du scrutin, les réserves de voix se trouvaient sur la façade atlantique française et notamment en Bretagne, où Emmanuel Macron est arrivé en tête.

Le Front national a fait un bon score dans le nord-est et sud-est de la France, où il est implanté depuis plusieurs années : "L'axe global du vote Front national reste celui qui existe depuis les années 1980, soit la moitié est, du Havre jusqu'à Perpignan", explique l'expert.

L'historien précise que la popularité croissante du Front national dans les petites communes rurales françaises se confirme : "La question de la fracture territoriale, en cours depuis 1995, reste un moteur du vote Front national", indique-t-il.

Cependant, selon M. Lebourg, la redistribution des offres politiques montre que le pari de Jean-Luc Mélenchon visant à faire "une offre concurrentielle sur le plan des classes populaires en se positionnant comme alternative au Front national, semble fonctionner".

Le cas de Perpignan en est un bon exemple. Il s'agit de la seule commune de France de plus de 100.000 habitants à avoir placé le Front national en tête aux élections municipales en 2014.Pourtant, "le 23 avril dernier, la candidate du Front national fait 25 points et Jean-Luc Mélenchon 24 points, soit le double de la liste d'Union de la gauche, et Jean-Luc Mélenchon arrive en effet second derrière Marine Le Pen dans plusieurs villes du Front national", note-t-il.

"Reconstituer la France du 'non' du référendum de 2005 pour une Constitution européenne"

Selon lui, la stratégie de Marine Le Pen pour le second tour consiste à reconstituer la France du "non" au référendum de 2005 pour une Constitution européenne : "Ce n'est pas un jeu évident car le dépassement du clivage droite-gauche auquel appelle le Front national a une visée tactique, celle de faire disparaître l'étiquette d'extrême droite. Or, ce basculement sur un axe 'mondialisme-patriote', est difficile sur le plan stratégique."

"Ce qui se dessine, c'est un axe de 'souverainisme intégral', positionnement déjà utilisé par le Front national aux élections européennes de 2014, face à ce que l'extrême droite nomme le 'libéralisme intégral' d'Emmanuel Macron", indique M. Lebourg.

"Selon le Front national, Emmanuel Macron incarne le libéralisme culturel, politique, économique. Or, cette position est difficile car l'électorat de la droite modérée, que va tenter de rallier Marine Le Pen, est largement effrayé par le programme économique plus orienté 'souverainisme intégral'", explique-t-il.

L'absence des thématiques de l'identité, de l'islam et de l'immigration, chères au parti d'extrême droite, durant la campagne du premier tour, peut en partie expliquer son score en deçà de ses prévisions, affirme M. Lebourg.

"Marine Le Pen va s'adresser aux électeurs de François Fillon"

Pour Jean-Yves Camus, directeur de l'Observatoire des radicalités politiques, de la Fondation Jean-Jaurès, la stratégie de campagne de l'entre deux tours de Marine Le Pen va consister à "imposer" dans le débat face à Emmanuel Macron un certain nombre de propositions binaires du type "je suis la candidate des patriotes contre le candidat du mondialisme, du protectionnisme intelligent contre le candidat des marchés, de l'identité française face au cosmopolitisme", avec toute les dérives que cela peut entraîner, explique le politologue.

"Elle sait qu'Emmanuel Macron est son meilleur adversaire, elle sait sur quels angles elle doit l'attaquer et elle le fera en s'adressant aux électeurs de François Fillon, qui sont sensibles à la rhétorique identitaire, et ceux qui ont en tête la détestation de la gauche", explique M. Camus.

"Marine Le Pen va aussi s'adresser aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon, en leur disant qu'il y a une chance historique de battre celui qui est le représentant du capital mondialisé et des élites tant détestées. Et là se pose un problème qui est l'attitude de non-choix entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron de la part de Jean-Luc Mélenchon au sortir du premier tour du scrutin."

Pour M. Camus, "c'est une faute morale et politique" de la part de Jean-Luc Mélenchon car, alors que pendant sa campagne il expliquait, "à bon escient", que la France "est un creuset de vagues d'immigrations", et qu'elle s'est faite "avec les apports politiques de toutes les populations qui ont été brassées par la proximité avec la mer Méditerranée", le fait de ne pas prendre parti entre Marine Le Pen, "qui veut inscrire dans la Constitution française la préférence nationale", et Emmanuel Macron "qui souhaite que les étrangers résidant en France continuent d'avoir les droits qui sont actuellement les leurs, constitue "un pari très risqué contre son propre électorat", ajoute-t-il.

"Non pas une démission, ni une rupture"

La question de l'Europe est une des oppositions fondamentales entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon : "Du simple point de vue des programmes, l'attitude de Jean-Luc Mélenchon est un non-sens absolu. L'Europe sociale qu'il souhaitait mettre en route par la renégociation des traités, ce n'est pas celle de Marine Le Pen qui ne veut pas négocier mais sortir des traités", souligne-t-il.

Concernant le retrait de Marine Le Pen à la présidence du Front national, annoncé la veille, le politologue estime que c'est "un pas de côté et non pas une démission, ni une rupture".

"Elle prend de la distance avec son parti pour mieux revenir, parce que son score du premier tour n'est pas extraordinaire et qu'à l'intérieur du Front national certains lui en font grief", assure-t-il.

Le politologue y voit un "effet d'annonce" et en prévoit d'autres, dont une possible déclaration relative à la sortie de l'Union européenne, qui est "une épine dans le pied" pour le Front national, "car cette idée ne fait pas l'unanimité au sein même de ses électeurs", alors qu'elle est incontournable pour les cadres du parti.

"La définition de l'étranger que Marine Le Pen donne est celui qui n'est pas un national français. Elle se positionne dans la perspective d'une France sortie de l'Union européenne, et tous les citoyens de l'Union européenne qui ont actuellement des droits spécifiques ne les auront plus", explique l'expert, qui souligne la difficulté d'une inflexion du discours sur la sortie de l'euro : "Marine Le Pen va se retrouver face à un nœud de contradictions si elle lâche sur la question de l'Europe, car elle peut y trouver son compte électoralement mais idéologiquement, son programme va devenir illisible", indique-t-il.

"La conquête d'une majorité parlementaire Front national est absolument exclue"

Interrogé par Xinhua sur les perspectives du Front national lors des prochaines élections législatives en juin, M. Camus déclare que la France n'appliquant pas la proportionnelle (mode de scrutin proportionnel), le Front national "peut certainement passer de deux députés actuels, sur 577 au total, à un groupe parlementaire, mais la conquête d'une majorité parlementaire est absolument exclue".

M. Camus a évoqué la difficulté pour des députés frontistes de porter une proposition de loi jusqu'à son vote : "Il faut que des députés acceptent de cosigner la proposition, or, le simple fait d'apposer votre nom à un projet de loi porté par des parlementaires frontistes c'est 'le baiser qui tue'."

Par ailleurs, a-t-il dit, "je pense que la polarisation gauche-droite n'a pas totalement cessé d'exister : elle s'est juste déplacée avec d'un côté, les tenants d'une société ouverte, plurielle, libérale au sens d'héritière des valeurs des Lumières, et ceux d'une société fondée sur le nationalisme (FN), mais aussi une troisième famille, celle de Jean-Luc Mélenchon, qui est une gauche nationale, anti-libérale, révolutionnaire. Par gauche nationale, j'entends celle qui va au-delà du patriotisme et assume la dimension souverainiste".

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