WASHINGTON, 5 juillet (Xinhua) -- Dai Bingguo, ancien conseiller d'Etat chinois en charge des Affaires étrangères, a lancé mardi un appel au calme à toutes les parties à propos de la mer de Chine méridionale, avertissant des risques potentiels autour de ce sujet brûlant.
"Si les tensions ne se calment pas, des incidents pourraient éclater et la mer de Chine méridionale pourrait sombrer dans le chaos, tout comme l'Asie toute entière", a-t-il dit lors d'un forum organisé par la Fondation Carnegie pour la paix internationale, un think tank basé à Washington.
A une semaine du jugement du tribunal arbitral de La Haye sur la plainte déposée par les Philippines contre la Chine, M. Dai a averti que si de tels incidents devaient se produire, "les pays riverains de la mer de Chine méridionale et même les Etats-Unis en souffriront". Devant des experts chinois et américains en droit international, il a demandé à toutes les parties concernées d'oeuvrer ensemble pour faire retomber la pression.
LE JUGEMENT DE L'ARBITRAGE NE SERA QU'UN "CHIFFON DE PAPIER"
Dans l'attente du jugement du tribunal arbitral de la Haye prévu le 12 juillet, l'ancien diplomate chinois a jugé que celui-ci risquait de n'être qu'un "chiffon de papier", mettant en garde contre toute tentative de vouloir le faire respecter de quelque façon que ce soit.
Il a estimé que les Philippines doivent être dissuadées de se livrer à une quelconque provocation. "Auquel cas, la Chine ne restera pas inactive".
Beijing a clairement signifié que la Chine n'acceptera pas le jugement, choisissant de ne pas prendre part à la procédure arbitrale. Pour elle, le tribunal n'est pas compétent en matière de souveraineté et ce différend doit être directement résolu par les deux parties concernées.
Pour Dai Bingguo, les revendications territoriales chinoises en mer de Chine méridionale se fondent sur d'abondants documents historiques.
Il a noté que les Etats-Unis avaient reconnu et respecté la souveraineté chinoise sur ces îles lorsque la Chine en a repris le contrôle aux Japonais après la Seconde Guerre mondiale. Ils ont même fourni des navires pour transporter des militaires et des fonctionnaires chinois sur les îles Xisha et Nansha pour une cérémonie de restitution.
Leur retour à la Chine fait partie de l'ordre international post-Seconde Guerre mondiale et des accords territoriaux pertinents, selon M. Dai.
ENGAGEMENT VERS UNE RESOLUTION PACIFIQUE
La position officielle des Etats-Unis qui est de ne pas prendre partie dans ce différend "s'assimile en réalité à du rétropédalage et à une défiance de cet ordre international d'après-guerre, auquel les Etats-Unis ont pourtant contribué", a-t-il déploré.
C'est en réalité la Chine qui a été "complètement victime d'empiétements" en mer de Chine méridionale, a estimé M. Dai en rappelant que les Philippines, le Vietnam et d'autres pays ont illégalement occupé par la force 42 îlots et récifs dans les Iles Nansha.
Bien que la Chine ait les moyens de les reprendre, elle a fait preuve de la plus grande retenue et cherché à trouver un règlement pacifique via des pourparlers, a poursuivi l'ex-diplomate.
WASHINGTON DOIT JOUER UN ROLE PLUS CONSTRUCTIF
Pour Dai Bingguo, il ne faudrait pas que les différences entre la Chine et les Etats-Unis sur cette question maritime influent sur le cours de leurs relations bilatérales; les deux pays n'ont en effet aucun différend territorial en mer de Chine méridionale, ni d'intérêts fondamentalement divergents.
Washington doit honorer sa promesse de ne pas prendre part au différend et cesser de croire que les Chinois essaient de rivaliser avec les Américains pour contrôler la région, l'Asie et le monde, a-t-il dit. "Nous n'avons ni l'intention ni les capacités de nous livrer à une quelconque 'rivalité stratégique' avec qui que ce soit. Nous n'ambitionnons pas de dominer l'Asie, encore moins le monde", a assuré M. Dai.
L'ancien conseiller d'Etat chinois en charge des Affaires étrangères a exhorté Washington à diminuer son "interventionnisme maladroit" sur cette question de mer de Chine méridionale, qui s'est traduit par le renforcement de ses alliances militaires, le déploiement de moyens militaires et l'augmentation de ses missions de reconnaissance rapprochées et ses opérations de soi-disant "liberté de navigation" qui visent la Chine.
Si les Etats-Unis ne font pas ceci, ils pourraient rencontrer des problèmes et payer le prix fort, a-t-il averti.
Enfin, M. Dai a estimé que les deux grandes puissances partagent des intérêts communs en matière de paix et de stabilité en mer de Chine méridionale. Aussi doivent-elles trouver un moyen de gérer ces différends de façon constructive et continuer de communiquer sur ces questions maritimes.
