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Grand intérêt africain pour la visite du président chinois aux Etats-Unis (ANALYSE)

                 French.xinhuanet.com | Publié le 2015-09-24 à 10:56

Par Raphaël MVOGO

YAOUNDE, 23 septembre (Xinhua) -- La visite effectuée depuis mardi jusqu'à vendredi aux Etats-Unis par le président chinois Xi Jinping mérite d'être suivie avec beaucoup d'attention en Afrique, continent avec lequel les deux puissances entretiennent des partenariats distincts, estiment des experts pour qui cet événement constitue un moment important du renforcement de l'axe Beijing-Washington.

"Je pense que nous autres Africains, on doit suivre cette visite aussi et les relations sur une durée beaucoup plus longue, avec beaucoup d'attention, puisque la Chine est devenue un des principaux partenaires de la plupart des pays africains", a souligné dans un entretien avec Xinhua l'historien d'origine congolaise (Congo-Kinshasa) Elikia M'Bokolo.

"D'autre part, les Etats-Unis, qui jouent de toute évidence un rôle important dans le continent, n'entrent pas dans les mêmes créneaux que les Chinois", a ajouté l'éminent chercheur lors d'une conférence tenue à l'Université de Yaoundé II à Soa, une banlieue de Yaoundé, sur l'opérationnalisation en cours depuis trois ans par l'Union africaine (UA) du projet de l'Université panafricaine (UPA).

Alliés dans le cadre du Groupe des pays non-alignés, mouvement né du temps de la Guerre froide ayant opposé pendant longtemps les Etats-Unis et l'Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS, ex-Russie), la Chine et l'Afrique se caractérisent par une relation historique qui a enregistré une croissance remarquable au cours des dernières années.

Du fait de l'intensification des échanges, la Chie est aujourd'hui connue comme étant le premier partenaire commercial du continent africain, une évolution qualifiée de "pragmatisme assez exemplaire" par Elikia M'Bokolo.

Contrairement à l'administration américaine et partant l'Occident, "les Chinois ne sont pas là à donner des leçons aux Africains, ils sont là pour faire des affaires. Notamment leur contribution est très importante dans le domaine des infrastructures, dans tous les pays. Et ils développent des plans stratégiques, puisque régulièrement il y a des sommets Chine-Afrique", explique l'universitaire.

De l'avis de l'économiste camerounais Dieudonné Essomba, une alliance stratégique Chine-Etats-Unis n'est pas une mauvaise chose pour l'Afrique. Selon lui, "l'alliance stratégique entre la Chine et les Etats-Unis s'impose, du simple fait du rôle extrêmement important que ces deux partenaires jouent désormais. Parce que c'est quand même les deux plus grandes puissances qui sont d'ailleurs encore en gros progrès, notamment la Chine".

L'un des avantages d'un attelage réside dans la promotion et la préservation de la paix dans le monde, "pour empêcher des conflits comme on en a connus avec la Guerre froide, des conflits de blocs. On n'a plus besoin d'avoir aujourd'hui des conflits de blocs", estime l'économiste.

"De ce point de vue, précise-t-il, l' Afrique tire intérêt du fait qu'elle ne court plus le risque, comme elle l'a connu autrefois, d'être déchirée entre deux blocs. Parce qu'il vous souvient que la majorité des conflits en Afrique avaient été alimentés par cette bataille idéologique entre le bloc communiste et le bloc capitaliste".

Les observateurs s'accordent à dire que l'Afrique est la "future frontière" du monde, eu égard à ses performances économiques aujourd'hui intéressantes. L'émergence de la Chine et d'autres puissances de même stature comme le Brésil, l'Inde, la Russie, avec lesquels elle forme, y compris l'Afrique du Sud et l'Indonésie, les BRIICS, lui offre l'opportunité de diversifier ses partenaires, affirme-t-on.

Pour Elikia M'Bokolo, "la Chine pourrait être tentée de faire un deal avec les Etats-Unis. Mais il faut savoir que nous avons un point commun avec la Chine, qui a commencé à être dominée par les Européens à partir de 1839, c'est-à-dire un peu avant notre colonisation à nous, et la Chine s'est libérée en 1949, un peu avant nous aussi. Donc, nous aurions des choses à mettre ensemble".

"Aujourd' hui, une grande partie du commerce de la Chine se fait avec l'Afrique (...) Le Canton Guangzhou aujourd'hui est l'un des terminus les plus importants des commerçants africains, qui vont là-bas parce que l'Europe est devenue inaccessible à cause des problèmes de visas, les Etats-Unis sont inaccessibles pour les mêmes problèmes de visas", relève-t-il encore.

"Les Etats-Unis sont spécialisés dans des produits de très, très haute technologie, la Chine est encore au niveau des technologies qui sont encore des technologies de base. Donc, les deux pays peuvent parfaitement avoir des échanges dynamiques très importants et à l'intérieur de ces échanges l'Afrique peut tirer intérêt", remarque pour sa part l'économiste camerounais.

D'après lui, "nous pouvons par exemple importer des machines de Chine, qu'elle produit à un prix très compétitif, et puis nous produisons des biens, non seulement nous approvisionnons notre propre marché intérieur, mais nous pouvons profiter des clauses comme l'AGOA (loi américaine sur le commerce et les investissements) et je pourrais même dire des APE (accords de partenariat économique) en Europe, pour essayer d'écouler au moins quelques produits manufacturés".

 
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French.xinhuanet.com | Publié le 2015-09-24 à 10:56

Par Raphaël MVOGO

YAOUNDE, 23 septembre (Xinhua) -- La visite effectuée depuis mardi jusqu'à vendredi aux Etats-Unis par le président chinois Xi Jinping mérite d'être suivie avec beaucoup d'attention en Afrique, continent avec lequel les deux puissances entretiennent des partenariats distincts, estiment des experts pour qui cet événement constitue un moment important du renforcement de l'axe Beijing-Washington.

"Je pense que nous autres Africains, on doit suivre cette visite aussi et les relations sur une durée beaucoup plus longue, avec beaucoup d'attention, puisque la Chine est devenue un des principaux partenaires de la plupart des pays africains", a souligné dans un entretien avec Xinhua l'historien d'origine congolaise (Congo-Kinshasa) Elikia M'Bokolo.

"D'autre part, les Etats-Unis, qui jouent de toute évidence un rôle important dans le continent, n'entrent pas dans les mêmes créneaux que les Chinois", a ajouté l'éminent chercheur lors d'une conférence tenue à l'Université de Yaoundé II à Soa, une banlieue de Yaoundé, sur l'opérationnalisation en cours depuis trois ans par l'Union africaine (UA) du projet de l'Université panafricaine (UPA).

Alliés dans le cadre du Groupe des pays non-alignés, mouvement né du temps de la Guerre froide ayant opposé pendant longtemps les Etats-Unis et l'Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS, ex-Russie), la Chine et l'Afrique se caractérisent par une relation historique qui a enregistré une croissance remarquable au cours des dernières années.

Du fait de l'intensification des échanges, la Chie est aujourd'hui connue comme étant le premier partenaire commercial du continent africain, une évolution qualifiée de "pragmatisme assez exemplaire" par Elikia M'Bokolo.

Contrairement à l'administration américaine et partant l'Occident, "les Chinois ne sont pas là à donner des leçons aux Africains, ils sont là pour faire des affaires. Notamment leur contribution est très importante dans le domaine des infrastructures, dans tous les pays. Et ils développent des plans stratégiques, puisque régulièrement il y a des sommets Chine-Afrique", explique l'universitaire.

De l'avis de l'économiste camerounais Dieudonné Essomba, une alliance stratégique Chine-Etats-Unis n'est pas une mauvaise chose pour l'Afrique. Selon lui, "l'alliance stratégique entre la Chine et les Etats-Unis s'impose, du simple fait du rôle extrêmement important que ces deux partenaires jouent désormais. Parce que c'est quand même les deux plus grandes puissances qui sont d'ailleurs encore en gros progrès, notamment la Chine".

L'un des avantages d'un attelage réside dans la promotion et la préservation de la paix dans le monde, "pour empêcher des conflits comme on en a connus avec la Guerre froide, des conflits de blocs. On n'a plus besoin d'avoir aujourd'hui des conflits de blocs", estime l'économiste.

"De ce point de vue, précise-t-il, l' Afrique tire intérêt du fait qu'elle ne court plus le risque, comme elle l'a connu autrefois, d'être déchirée entre deux blocs. Parce qu'il vous souvient que la majorité des conflits en Afrique avaient été alimentés par cette bataille idéologique entre le bloc communiste et le bloc capitaliste".

Les observateurs s'accordent à dire que l'Afrique est la "future frontière" du monde, eu égard à ses performances économiques aujourd'hui intéressantes. L'émergence de la Chine et d'autres puissances de même stature comme le Brésil, l'Inde, la Russie, avec lesquels elle forme, y compris l'Afrique du Sud et l'Indonésie, les BRIICS, lui offre l'opportunité de diversifier ses partenaires, affirme-t-on.

Pour Elikia M'Bokolo, "la Chine pourrait être tentée de faire un deal avec les Etats-Unis. Mais il faut savoir que nous avons un point commun avec la Chine, qui a commencé à être dominée par les Européens à partir de 1839, c'est-à-dire un peu avant notre colonisation à nous, et la Chine s'est libérée en 1949, un peu avant nous aussi. Donc, nous aurions des choses à mettre ensemble".

"Aujourd' hui, une grande partie du commerce de la Chine se fait avec l'Afrique (...) Le Canton Guangzhou aujourd'hui est l'un des terminus les plus importants des commerçants africains, qui vont là-bas parce que l'Europe est devenue inaccessible à cause des problèmes de visas, les Etats-Unis sont inaccessibles pour les mêmes problèmes de visas", relève-t-il encore.

"Les Etats-Unis sont spécialisés dans des produits de très, très haute technologie, la Chine est encore au niveau des technologies qui sont encore des technologies de base. Donc, les deux pays peuvent parfaitement avoir des échanges dynamiques très importants et à l'intérieur de ces échanges l'Afrique peut tirer intérêt", remarque pour sa part l'économiste camerounais.

D'après lui, "nous pouvons par exemple importer des machines de Chine, qu'elle produit à un prix très compétitif, et puis nous produisons des biens, non seulement nous approvisionnons notre propre marché intérieur, mais nous pouvons profiter des clauses comme l'AGOA (loi américaine sur le commerce et les investissements) et je pourrais même dire des APE (accords de partenariat économique) en Europe, pour essayer d'écouler au moins quelques produits manufacturés".

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