Une experte ukrainienne met en garde contre les risques liés au déversement d'eau usée radioactive dans l'océan (INTERVIEW)

French.xinhuanet.com|Publié le 2021-04-25 à 18:55
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KIEV, 25 avril (Xinhua) -- Une experte nucléaire ukrainienne a tiré la sonnette d'alarme sur les risques sanitaires posés sur des générations par l'eau usée radioactive que le Japon prévoit de déverser dans l'océan.

"Déverser 1,2 million de tonnes (d'eaux usées radioactives) dans l'océan est barbare (...) Je sais de première main à quel point cela affecte les gens", a déclaré Olga Kosharna, membre du Conseil de l'inspection d'Etat pour la réglementation nucléaire de l'Ukraine, dans une interview accordée vendredi à Xinhua.

Les eaux usées que le Japon prévoit de rejeter dans la mer contiennent du tritium, un sous-produit radioactif des réacteurs nucléaires, qui pourrait présenter des risques pour la santé même pour les prochaines générations, a averti l'experte.

"Le tritium est un élément très dangereux pour le corps humain [...]. Sa demi-vie est de 12,5 ans (NDLR : ce qui signifie que la moitié des atomes radioactifs se désintègrent au cours de cette période), et il provoque une irradiation interne des cellules, ce qui entraîne des conséquences irréversibles principalement pour les embryons humains et les femmes enceintes", a déclaré Mme Kosharna.

La centrale nucléaire de Fukushima Daiichi a stocké 1,25 million de tonnes d'eau dans des réservoirs après l'accident de 2011. Cette eau de mer a été utilisée pour refroidir les réacteurs, qui ont fondu à la suite du séisme et du tsunami qui s'est ensuivi. L'exploitant de la centrale, la Tokyo Electric Power Company, connu sous le nom de TEPCO, devrait manquer d'espace pour stocker les eaux contaminées par le nucléaire d'ici l'été 2022.

"Le Japon est en train de manquer de réservoirs de stockage. Il est clair que la demi-vie (du tritium) approche, mais de nombreuses technologies sont disponibles", a déclaré l'experte.

Elle a ajouté que le Canada et la Russie avaient proposé au Japon une technologie d'élimination du tritium conforme aux normes de sécurité, mais que Tokyo avait refusé cette aide.

Parlant de la façon dont le Japon a géré l'accident de Fukushima, Mme Kosharna s'est dite désagréablement surprise par les efforts de nettoyage, qui ont conduit à des explosions d'hydrogène dans la centrale, libérant des matériaux radioactifs dans l'atmosphère.

"J'ai suivi le déroulement de l'accident de Fukushima. J'ai toujours admiré la technologie japonaise, mais quand j'ai vu qu'ils avaient laissé l'accident se transformer en une explosion d'hydrogène, j'ai été choquée", a déclaré Mme Kosharna, notant que le Japon n'était pas préparé pour l'accident de Fukushima.

"Il s'est avéré qu'à l'époque, il n'y avait aucune institution scientifique au Japon qui étudierait la distribution des radionucléides dans différents environnements", a déclaré l'experte.

L'incompétence professionnelle est à l'origine des conséquences dévastatrices de la catastrophe survenue à la centrale de Fukushima, selon Mme Kosharna.

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