BRUXELLES, 25 août (Xinhua) -- "Il faut pouvoir connaître son passé pour mieux comprendre le présent et envisager le futur. C'est important de rappeler ce qui s'est passé il y a 75 ans pour pouvoir comprendre où on en est maintenant et retenir des leçons du passé", a récemment confié à Xinhua l'historien belge Mathieu Billa, directeur du Bastogne War Museum, à l'occasion des célébrations du 75e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale en Europe.
Inauguré en 2014 dans cette ville du sud-est de la Belgique, ce musée explique aux visiteurs le contexte, les causes, les événements et les conséquences de ce conflit majeur, à travers le prisme de la bataille des Ardennes qui opposa les forces nazies aux Alliés.
Quand on entre dans la salle d'exposition, les interventions de l'audioguide qui permet aux visiteurs de suivre différents parcours et les nombreux objets exposés rappellent la bataille féroce qui s'est déroulée dans les Ardennes belges à l'hiver 1944-1945. Cet affrontement a forcé Adolf Hitler à se dégarnir sur le front de l'Est, précipitant ainsi la chute de Berlin.
Le Bastogne War Museum propose un parcours à travers quatre personnages : un lieutenant allemand, un caporal américain, une jeune institutrice de l'Ecole communale de Bastogne et Emile Mostade, un petit garçon de 13 ans.
Les histoires racontées par Emile sur la vie des civils sous l'occupation et pendant la bataille sont souvent très appréciées par les jeunes visiteurs.
Lorsque la guerre a éclaté, ce garçon habitait à Noville, un village alors situé à 7km de Bastogne où ses parents tenaient un magasin de vélos.
"Le 18 décembre, le bruit des canons s'approche de mon village (...) Je dois reconnaître que j'ai un peu peur, surtout depuis qu'il n'y a plus d'électricité". Les parents d'Emile décident de l'envoyer chez son oncle Victor à Bastogne où il tient un café sous lequel se trouve une cave solide.
"Il y a déjà au moins vingt personnes dans la cave (...) Quand les bombardements reprennent, je prends mon accordéon et je joue le plus fort possible pour camoufler le bruit des bombes. Le problème, c'est que je ne connais qu'un seul air...".
Ses parents, restés à Noville pour garder la maison, ne survivront pas : sa mère est tuée par une bombe qui a détruit la maison et son père est fusillé au hasard par les Allemands en représailles à la découverte d'un poste émetteur caché.
"Papa et maman sont morts dans cette bataille. Beaucoup de gens innocents comme eux ont été des victimes parce qu'ils étaient au mauvais endroit, au mauvais moment. Ils ont rencontré sur leur route des gens qui ne respectaient pas la vie des autres", raconte Emile Mostade via l'audioguide.
"Ces quatre personnes sont des personnages fictifs, mais inspirés de la réalité. Et grâce à eux, on a vraiment les différents points de vue sur la Seconde guerre mondiale", souligne Mathieu Billa.
Pour lui, l'objectif premier du musée est de soutenir les institutions scolaires dans la formation de citoyens ouverts et autonomes. A cette fin, le musée a conçu des programmes de visite pour les élèves et le grand public afin de laisser un message de paix aux jeunes générations pour qui la guerre est une lointaine idée.
"Laissez votre haine derrière vous, si vous en avez. Chaque personne que vous rencontrez doit être comme une sœur ou un frère. Soyez bons les uns envers les autres. De cette manière, le monde sera heureux", a confié un ancien combattant américain au micro d'un journaliste de la chaîne locale TVLUX.
Mathieu Billa émet lui aussi le même souhait : "Que le monde puisse continuer à vivre en paix et en prospérité".