PARIS, 15 mars (Xinhua) -- Le premier tour des élections municipales françaises qui a eu lieu dimanche 15 mars en pleine épidémie de nouveau coronavirus a été marqué par une abstention record, selon les premières estimations.
Le taux d'abstention au niveau national serait de 54,5%, a estimé l'institut de sondage Ipsos/Sopra Steria, tandis qu'il atteindrait jusqu'à 56% selon une projection Elabe/Berger-Levrault pour BFMTV. Un taux historiquement bas, comparé notamment à celui des élections municipales de 2014 qui s'élevait à 36,45% au premier tour. Cette abstention massive s'expliquerait principalement par l'inquiétude des Français face à l'épidémie de coronavirus dans le pays.
"Ce chiffre n'étonne pas, quand on voit la montée d'inquiétude que nous avons enregistrée tout au long de la semaine. Et après ce qui a été dit par les hautes autorités de l'Etat (les mesures recommandées face à l'épidémie) jeudi et samedi, c'était plutôt logique. Un certain nombre d'électeurs on appliqué les consignes générales et un principe de précaution", a expliqué sur BFMTV le président de l'Institut d'études Elabe Bernard Sananès.
Plusieurs observateurs mettent en avant le double discours des autorités - qui ont recommandé le confinement pour limiter la propagation du virus tout en appelant à aller voter - pour expliquer les raisons de cette abstention historique.
Martial Foucault, directeur du centre de recherches politiques de Sciences po (Cevipof), a déclaré sur France info qu'en plus du contexte anxiogène, "il y a une forme de dissonance entre le discours public qui a consisté à dire 'allez voter', et en même temps 'restez chez vous confiné'".
"Une incohérence totale que beaucoup d'électeurs n'ont pas compris", a estimé Nicolas Bay du Rassemblement national (RN).
Le gouvernement assure pour sa part fonder sa décision de maintenir le calendrier des élections sur une démarche scientifique.
"Si le premier tour a été tenu c'est parce que les autorités sanitaires nous ont assuré que ce scrutin pouvait se tenir sans risque de transmission du virus", s'est justifié le Premier ministre Edouard Philippe tout en reconnaissant que le taux d'abstention élevé témoignait de "l'inquiétude grandissante" des Français face à l'épidémie.
"Depuis le début de cette crise sanitaire, l'unique boussole du gouvernement, c'est la science, la médecine. Cette ligne de conduite restera la nôtre dans les jours et les semaines qui viennent", a dit le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Plusieurs responsables politiques appellent d'ores et déjà à un report du second tour pour éviter d'enregistrer à nouveau un taux de participation encore plus bas que celui du premier. C'est par exemple le cas du leader d'Europe Ecologie Les Verts Yannick Jadot.
"J'appelle le président de la République à faire prévaloir la santé des Français, et réunir dès demain matin les représentants des forces politiques pour tirer toutes les leçons de ce premier tour et organiser le report du second", a-t-il réclamé dimanche soir.
Le dernier bilan annoncé dimanche soir par le ministère de la Santé fait état de 127 morts, 29 de plus que samedi, et de 5.423 cas de contamination par le COVID-19 en France.