BEIJING, 19 mars (Xinhua) -- A l'approche de la date-butoir pour les demandes d'adhésion, de nouveaux pays européens ont confirmé leur intention de se joindre à la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII) et ont démontré un sérieux intérêt pour l'initiative proposée par la Chine.

Après que l'Allemagne, la France et l'Italie ont confirmé mardi leurs intentions respectives de devenir des membres fondateurs de la BAII dans le sillage de l'annonce da l'adhésion du Royaume-Uni la semaine dernière, le Luxembourg a également soumis sa candidature, a confié le ministre luxembourgeois des Finances Pierre Gramegna à Xinhua mercredi.

"Avec une adhésion à l'initiative de la BAII, le Luxembourg, un important centre financier international accueillant un nombre grandissant de banques asiatiques et un facilitateur d'investissements entre l'Europe et l'Asie, est prêt à développer son rôle de bâtisseur de ponts et de fenêtre entre les deux continents", a affirmé le ministre lors d'une entrevue accordée à Xinhua.

Il a indiqué que le Luxembourg travaillera d'arrache-pied avec les autres pays fondateurs pour s'assurer que la BAII respectera les plus hautes normes de bonne gouvernance, de transparence dans les politiques de prêt, de sauvegarde sociale et environnementale ainsi que les toutes dernières lignes directrices en matière d'achat.

Le Luxembourg est un partenaire fiable dans la coopération en matière de développement international et souhaite élargir son engagement envers les mécanismes d'aide multilatéraux, en particulier dans la région Asie-Pacifique, a-t-il ajouté.

La France, l'Allemagne et l'Italie ont publié une déclaration conjointe mardi, exprimant leur intention de "devenir des membres fondateurs de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures".

"La France, l'Italie et l'Allemagne, en étroite collaboration avec leurs partenaires internationaux et européens, sont impatients de travailler avec les membres fondateurs de la BAII pour créer une institution qui respecte les plus hautes normes de gouvernance, de sauvegarde, et de politiques de dette et d'achat", a déclaré mardi le ministère italien de l'Economie et des Finances.

Romain Nadal, porte-parole du gouvernement français, a confié à Xinhua que la BAII contribuera non seulement au développement économique et social de la région, mais également à la croissance économique mondiale.

La France est motivée à travailler avec les autres membres fondateurs potentiels de la BAII dans la création de l'institution, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, des leaders australiens se sont succédés ces derniers jours pour faire part de leur soutien à l'adhésion de leur pays à la BAII.

Soumises à la pression des Etats-Unis, qui perçoivent la BAII comme une rivale potentielle de la Banque mondiale basée à Washington, les plus grandes économies de la zone euro ont malgré tout exprimé leur volonté de prendre part à l'initiative d'une valeur de 50 milliards de dollars.

Cela indique non seulement que la BAII a un futur prometteur, mais démontre également que l'idée d'un bénéfice mutuel et d'une coopération gagnant-gagnant préconisée par la Chine a été acceptée par l'Europe.

Alors que l'avenir de l'économie mondiale sera centrée en Asie, un énorme potentiel dans sa construction d'infrastructures représente d'énormes opportunités d'affaires dans le monde, selon des experts. En rejoignant la banque, les pays européens ont en fait réservé leurs parts dans l'investissement en plein essor en Asie.

"Le manque d'investissements dans l'infrastructure constitue un défi mondial. En Asie comme en Europe, il y a des besoins importants pour l'investissement. Les investissements dans l'infrastructure en Asie sont vivement encouragés et constituent également une opportunité d'affaires pour les entreprises européennes", a déclaré Mina Andreeva, porte-parole de la Commission européenne.

Dans l'établissement de la banque et de la coopération avec les participants, la Chine maintient une attitude ouverte et inclusive, a déclaré Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, avant d'ajouter que son pays est confiant que la BAII servirait de plate-forme solide pour le développement économique de l'Asie.

Fredrik Erixon, directeur du Centre européen d'économie politique internationale, a déclaré que la Chine a montré sa capacité et sa détermination à créer la BAII et cela a attiré l'attention de gouvernements européens.

En outre, la BAII, caractérisée par la coopération commune et des résultats gagnant-gagnant, n'est ni une tentative de saper les institutions multilatérales telles que la Banque mondiale, ni un appel à remodeler les structures de pouvoir du monde, mais bien un complément du système de gouvernance mondiale, selon des observateurs.

"Je n'achète pas la rhétorique géopolitique sur une rivalité émergente entre la BAII chinoise (basée en Chine) et la Banque mondiale basée aux Etats-Unis. Si les Etats-Unis chérissent tellement la Banque mondiale et l'aide au développement, pourquoi les gouvernements successifs et les majorités au Congrès se sont-ils montrés aussi réticents à financer la Banque mondiale?", s'est interrogé M. Erixon dans un entretien avec Xinhua.

Ainsi, il est facile de comprendre pourquoi C. Fred Bergsten, directeur émérite à l'Institut Peterson pour les économies internationales, basé à Washington, a déclaré que les Etats-Unis ont fait une erreur en refusant de rejoindre la BAII.

Vingt et un pays, dont la Chine, l'Inde et Singapour, ont signé un protocole d'entente à Beijing en octobre dernier pour bâtir la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures.

Jusqu'à présent, au moins 30 pays ont déposé une demande pour bâtir conjointement la banque en tant que membres fondateurs. La date limite d'inscription est le 31 mars.