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Les arts martiaux et le cuju (I)

                 French.xinhuanet.com | Publié le 2016-07-15 à 10:58


Tableau de l’empereur Taizu des Song jouant au cuju avec ses ministres, Qian Xuan (1239-1301), dynastie des Yuan (Source: la maison d'édition Foreign language teaching and research press)

Pour les Chinois, grands amateurs d’exercices physiques, le sport a toujours été un moyen important pour se maintenir en bonne santé et pour se distraire, aussi les fêtes traditionnelles sont-elles associées aux jeux et autres activités de plein air. Lors de la fête Qingming, petits et grands font de la balançoire, pour la fête Duanwu, une compétition de barques est organisée et la fête Chongyang est l’occasion de se promener au sommet des collines ou montagnes. Certaines activités stimulent en même temps le mental, comme le jeu de go ou les échecs chinois qui lient l’art du jeu à la sagesse de la vie.

La Chine est un pays multinational doté d’une tradition culturelle ancienne. Les activités sportives traditionnelles y sont très variées : tir à l’art, combat, cuju (football traditionnel), sumo, équitation, arts martiaux et acrobaties. Dans ces deux derniers domaines, les performances des Chinois sont uniques au monde.

Notre présentation ici concerne principalement deux des activités mentionnées ci-dessus, les arts martiaux et le cuju.

Les arts martiaux du temple de Shaolin

Les arts martiaux sont aussi appelés gongfu. Ce mot vous fera sans doute penser à Bruce Lee (1940-1973), l’acteur qui l’a fait connaître au monde entier grâce aux films dans lesquels il a joué. Ce grand artiste disparu trop tôt est presque devenu un symbole du gongfu chinois. Il excellait aussi bien dans les combats à mains nues que dans la maîtrise des armes, épée, sabre ou bâton. Sa démonstration de sanchaku (nunchaku à trois bâtons) était très impressionnante. Le gongfu de Bruce Lee était basé sur les arts martiaux chinois qu’il maîtrisait à la perfection.

Dans le monde des arts martiaux chinois, le temple de Shaolin jouit d’une grande réputation. Le gongfu issu de l’école Shaolin est devenu un élément inestimable du patrimoine culturel chinois. Le temple est situé dans la montagne Songshan, dans la province du Henan, il fut créé à la fin du Ve siècle. Au siècle suivant, un moine bouddhiste Bodhidharma s’y installa et, après neuf ans de méditation face à un mur, y développa sa méthode de réveil par la méditation et créa l’école Chan, une branche du bouddhisme chinois (Zen en japonais). Le temple devint alors célèbre. Les fidèles des générations suivantes attribuèrent aussi à Bodhidharma la création du gongfu de Shaolin car, au cours de ses longues méditations, il inventa des exercices pour régulariser les circulations internes, relaxant le corps et l’esprit. Le gongfu de Shaolin s’est ensuite développé et enrichi pour devenir une pratique sportive comportant « soixante- douze techniques» ; beaucoup d’entre elles, comme la boxe longue, la boxe courte, le sabre, l’épée ou le bâton, possèdent son secret d’une performance unique et inégalable. Le gongfu de Shaolin a exercé une grande influence dans l’évolution des arts martiaux chinois.

Le tongzigong créé pour les enfants est, aujourd’hui encore, admiré des praticiens d’arts martiaux. Cet exercice à main nue comprend des exécutions d’une grande difficulté technique, comme « arhat dans son sommeil », « enfant saluant Guanyin», « enfant saluant le Bouddha », « coup de pied en l’air », « fleur cachée » et « équilibre à la manière d’hirondelle ». L’une des positions, à la verticale, la tête en bas, est particulièrement remarquable ; il faut s’y entraîner depuis le plus jeune âge et durant de longues années pour y parvenir.

Une des techniques secrètes de Shaolin est connue sous le nom du « Zen sur le bout du doigt ». Le principe de ce mouvement est le travail intérieur qui fait concentrer toute l’énergie du corps sur un seul doigt : le praticien se positionne à la verticale sur un doigt pointé au sol et reste parfaitement stable.

La « boxe d’arhat » est l’un des nombreux styles de boxe de Shaolin. Elle se répandit dans toute la Chine depuis sa création et se diversifia par la suite. Ce style de boxe se caractérise par des mouvements fulgurants, bien enchaînés, aussi efficaces en attaque qu’en défense et par ses changements imprévisibles. Sous une apparence désinvolte se cache une puissance explosive qui, en cas d’attaque, surprend et foudroie l’adversaire, raison pour laquelle elle figure dans la plus haute catégorie des techniques de boxe de Shaolin.

L’école de Shaolin accorde une grande importance aux exercices de base. Le sol du palais des Mille Bouddhas est marqué de nombreux trous, traces laissées par les moines qui s’y entraînèrent. De génération en génération, ils ont transmis, à force de sueur et de sagesse, la tradition glorieuse de Shaolin.

À Shaolin, on s’entraîne au gongfu non seulement pour entretenir son corps mais aussi et surtout dans un but spirituel. Le spectacle du gongfu de Shaolin peut donner des révélations sur la vision de la vie. C’est un jeu intéressant qui joint d’un côté le ludique à la rigueur de l’entraînement et, de l’autre, de la discipline et l’humour à l’austérité. La « boxe d’ivresse » très largement répandue ressemble plus à un show humoristique qu’à un combat. Des figures comme « le coq debout sur un pied » ou « Li Bai ivre » incorporent une démarche titubante et somnolente qui amuse beaucoup les spectateurs. La « boxe du singe » imite quant à elle la vivacité adroite de l’animal par des mouvements inspirés par ses habitudes : sortir de la caverne, guetter, examiner les pêches, grimper dans l’arbre, cueillir les fruits, sauter entre les branches, disputer les fruits à d’autres singes, les cacher, s’asseoir pour manger, se réjouir de la dégustation, s’effrayer et puis s’échapper... Une série de mouvements qui constitue un spectacle distrayant.

Taijiquan, une gymnastique douce et fluide

Les arts martiaux chinois comprennent une discipline appelée taijiquan, un exercice très largement appréciée qui reste aujourd’hui l’une des principales méthodes que suivent les Chinoises pour rester en bonne santé. Le taijiquan fut à l’origine une branche des arts martiaux. Sa double fonction en autodéfense et dans la fortification du corps en fit très vite un exercice physique bon pour la santé. C’est une gymnastique douce qui régule le fonctionnement du système nerveux, la respiration, la digestion et la circulation cardio-vasculaire ; elle a un rôle préventif contre les maladies et favorise leur guérison.

Le mot « taiji » vient d’une notion de la philosophie chinoise. Selon le classique des Mutations, les huit trigrammes sont nés du Taiji (le sommet le plus élevé). Le diagramme Taiji écrit par Zhou Dunyi, philosophe des Song, considère le Taiji comme l’origine de toutes les créatures du monde, un pôle de forme circulaire incluant les souffles du yin et du yang. Le taijiquan est conçu sur le principe de cette idée taoïste.

Le mouvement circulaire est un caractère de base du taijiquan. Une série de mouvements de taijiquan consistent en des gestes dessinant des cercles dans le vide, raison pour laquelle les principaux critères de qualité de l’exercice sont fluidité, cohérence, rondeur et souplesse. À l’image du ciel et de la terre habités par les souffles circulaires, le corps humain vit grâce à la circulation du souffle vital. Le but du taijiquan est de transformer les souffles alternants de la nature en circulation intérieure du corps grâce à une suite de mouvements : avancer, reculer, bondir, sauter, esquiver, s’étirer, se baisser et s’élever.

Le deuxième caractère de base du taijiquan est sa fluidité. C’est le rythme du changement entre les deux pôles yin et yang qui correspond à la nature interdépendante et alternante des oppositions. L’alternance entre le yin et le yang se trouve incarnée dans le taijiquan par la souplesse et la puissance qui se complètent, et l’enchaînement fluide reflète l’idée du mouvement perpétuel de l’univers. L’esthétique du taijiquan se résume dans la formule « nuage flottant et eau qui coule ».

Au cours de son développement, le taijiquan s’est enrichi des principes des méridiens de la médecine chinoise et du daoyin, exercice pour la circulation du souffle selon les taoïstes, pour devenir une gymnastique reliant l’intérieur à l’extérieur et le physique au mental. En entraînant le corps, on travaille en même temps sur l’esprit en favorisant notamment l’inspiration et l’expiration. La pratique de l’exercice est ainsi un processus pour évacuer le souffle usé et faire entrer le souffle frais qui renouvelle l’énergie vitale. C’est pourquoi il vaut mieux le pratiquer dans l’air frais du matin. Après l’exercice, le corps est relaxé et ressourcé comme s’il venait de prendre un bain d’air vivifiant.

Le taijiquan, comme tous les arts martiaux et le gongfu de Shaolin, contient un fond de philosophique traditionnelle qui lui donne une dimension spirituelle en tant que forme particulière de la sagesse et de la culture chinoises.

(À suivre)

 
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Les arts martiaux et le cuju (I)

French.xinhuanet.com | Publié le 2016-07-15 à 10:58


Tableau de l’empereur Taizu des Song jouant au cuju avec ses ministres, Qian Xuan (1239-1301), dynastie des Yuan (Source: la maison d'édition Foreign language teaching and research press)

Pour les Chinois, grands amateurs d’exercices physiques, le sport a toujours été un moyen important pour se maintenir en bonne santé et pour se distraire, aussi les fêtes traditionnelles sont-elles associées aux jeux et autres activités de plein air. Lors de la fête Qingming, petits et grands font de la balançoire, pour la fête Duanwu, une compétition de barques est organisée et la fête Chongyang est l’occasion de se promener au sommet des collines ou montagnes. Certaines activités stimulent en même temps le mental, comme le jeu de go ou les échecs chinois qui lient l’art du jeu à la sagesse de la vie.

La Chine est un pays multinational doté d’une tradition culturelle ancienne. Les activités sportives traditionnelles y sont très variées : tir à l’art, combat, cuju (football traditionnel), sumo, équitation, arts martiaux et acrobaties. Dans ces deux derniers domaines, les performances des Chinois sont uniques au monde.

Notre présentation ici concerne principalement deux des activités mentionnées ci-dessus, les arts martiaux et le cuju.

Les arts martiaux du temple de Shaolin

Les arts martiaux sont aussi appelés gongfu. Ce mot vous fera sans doute penser à Bruce Lee (1940-1973), l’acteur qui l’a fait connaître au monde entier grâce aux films dans lesquels il a joué. Ce grand artiste disparu trop tôt est presque devenu un symbole du gongfu chinois. Il excellait aussi bien dans les combats à mains nues que dans la maîtrise des armes, épée, sabre ou bâton. Sa démonstration de sanchaku (nunchaku à trois bâtons) était très impressionnante. Le gongfu de Bruce Lee était basé sur les arts martiaux chinois qu’il maîtrisait à la perfection.

Dans le monde des arts martiaux chinois, le temple de Shaolin jouit d’une grande réputation. Le gongfu issu de l’école Shaolin est devenu un élément inestimable du patrimoine culturel chinois. Le temple est situé dans la montagne Songshan, dans la province du Henan, il fut créé à la fin du Ve siècle. Au siècle suivant, un moine bouddhiste Bodhidharma s’y installa et, après neuf ans de méditation face à un mur, y développa sa méthode de réveil par la méditation et créa l’école Chan, une branche du bouddhisme chinois (Zen en japonais). Le temple devint alors célèbre. Les fidèles des générations suivantes attribuèrent aussi à Bodhidharma la création du gongfu de Shaolin car, au cours de ses longues méditations, il inventa des exercices pour régulariser les circulations internes, relaxant le corps et l’esprit. Le gongfu de Shaolin s’est ensuite développé et enrichi pour devenir une pratique sportive comportant « soixante- douze techniques» ; beaucoup d’entre elles, comme la boxe longue, la boxe courte, le sabre, l’épée ou le bâton, possèdent son secret d’une performance unique et inégalable. Le gongfu de Shaolin a exercé une grande influence dans l’évolution des arts martiaux chinois.

Le tongzigong créé pour les enfants est, aujourd’hui encore, admiré des praticiens d’arts martiaux. Cet exercice à main nue comprend des exécutions d’une grande difficulté technique, comme « arhat dans son sommeil », « enfant saluant Guanyin», « enfant saluant le Bouddha », « coup de pied en l’air », « fleur cachée » et « équilibre à la manière d’hirondelle ». L’une des positions, à la verticale, la tête en bas, est particulièrement remarquable ; il faut s’y entraîner depuis le plus jeune âge et durant de longues années pour y parvenir.

Une des techniques secrètes de Shaolin est connue sous le nom du « Zen sur le bout du doigt ». Le principe de ce mouvement est le travail intérieur qui fait concentrer toute l’énergie du corps sur un seul doigt : le praticien se positionne à la verticale sur un doigt pointé au sol et reste parfaitement stable.

La « boxe d’arhat » est l’un des nombreux styles de boxe de Shaolin. Elle se répandit dans toute la Chine depuis sa création et se diversifia par la suite. Ce style de boxe se caractérise par des mouvements fulgurants, bien enchaînés, aussi efficaces en attaque qu’en défense et par ses changements imprévisibles. Sous une apparence désinvolte se cache une puissance explosive qui, en cas d’attaque, surprend et foudroie l’adversaire, raison pour laquelle elle figure dans la plus haute catégorie des techniques de boxe de Shaolin.

L’école de Shaolin accorde une grande importance aux exercices de base. Le sol du palais des Mille Bouddhas est marqué de nombreux trous, traces laissées par les moines qui s’y entraînèrent. De génération en génération, ils ont transmis, à force de sueur et de sagesse, la tradition glorieuse de Shaolin.

À Shaolin, on s’entraîne au gongfu non seulement pour entretenir son corps mais aussi et surtout dans un but spirituel. Le spectacle du gongfu de Shaolin peut donner des révélations sur la vision de la vie. C’est un jeu intéressant qui joint d’un côté le ludique à la rigueur de l’entraînement et, de l’autre, de la discipline et l’humour à l’austérité. La « boxe d’ivresse » très largement répandue ressemble plus à un show humoristique qu’à un combat. Des figures comme « le coq debout sur un pied » ou « Li Bai ivre » incorporent une démarche titubante et somnolente qui amuse beaucoup les spectateurs. La « boxe du singe » imite quant à elle la vivacité adroite de l’animal par des mouvements inspirés par ses habitudes : sortir de la caverne, guetter, examiner les pêches, grimper dans l’arbre, cueillir les fruits, sauter entre les branches, disputer les fruits à d’autres singes, les cacher, s’asseoir pour manger, se réjouir de la dégustation, s’effrayer et puis s’échapper... Une série de mouvements qui constitue un spectacle distrayant.

Taijiquan, une gymnastique douce et fluide

Les arts martiaux chinois comprennent une discipline appelée taijiquan, un exercice très largement appréciée qui reste aujourd’hui l’une des principales méthodes que suivent les Chinoises pour rester en bonne santé. Le taijiquan fut à l’origine une branche des arts martiaux. Sa double fonction en autodéfense et dans la fortification du corps en fit très vite un exercice physique bon pour la santé. C’est une gymnastique douce qui régule le fonctionnement du système nerveux, la respiration, la digestion et la circulation cardio-vasculaire ; elle a un rôle préventif contre les maladies et favorise leur guérison.

Le mot « taiji » vient d’une notion de la philosophie chinoise. Selon le classique des Mutations, les huit trigrammes sont nés du Taiji (le sommet le plus élevé). Le diagramme Taiji écrit par Zhou Dunyi, philosophe des Song, considère le Taiji comme l’origine de toutes les créatures du monde, un pôle de forme circulaire incluant les souffles du yin et du yang. Le taijiquan est conçu sur le principe de cette idée taoïste.

Le mouvement circulaire est un caractère de base du taijiquan. Une série de mouvements de taijiquan consistent en des gestes dessinant des cercles dans le vide, raison pour laquelle les principaux critères de qualité de l’exercice sont fluidité, cohérence, rondeur et souplesse. À l’image du ciel et de la terre habités par les souffles circulaires, le corps humain vit grâce à la circulation du souffle vital. Le but du taijiquan est de transformer les souffles alternants de la nature en circulation intérieure du corps grâce à une suite de mouvements : avancer, reculer, bondir, sauter, esquiver, s’étirer, se baisser et s’élever.

Le deuxième caractère de base du taijiquan est sa fluidité. C’est le rythme du changement entre les deux pôles yin et yang qui correspond à la nature interdépendante et alternante des oppositions. L’alternance entre le yin et le yang se trouve incarnée dans le taijiquan par la souplesse et la puissance qui se complètent, et l’enchaînement fluide reflète l’idée du mouvement perpétuel de l’univers. L’esthétique du taijiquan se résume dans la formule « nuage flottant et eau qui coule ».

Au cours de son développement, le taijiquan s’est enrichi des principes des méridiens de la médecine chinoise et du daoyin, exercice pour la circulation du souffle selon les taoïstes, pour devenir une gymnastique reliant l’intérieur à l’extérieur et le physique au mental. En entraînant le corps, on travaille en même temps sur l’esprit en favorisant notamment l’inspiration et l’expiration. La pratique de l’exercice est ainsi un processus pour évacuer le souffle usé et faire entrer le souffle frais qui renouvelle l’énergie vitale. C’est pourquoi il vaut mieux le pratiquer dans l’air frais du matin. Après l’exercice, le corps est relaxé et ressourcé comme s’il venait de prendre un bain d’air vivifiant.

Le taijiquan, comme tous les arts martiaux et le gongfu de Shaolin, contient un fond de philosophique traditionnelle qui lui donne une dimension spirituelle en tant que forme particulière de la sagesse et de la culture chinoises.

(À suivre)

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