french.xinhuanet.com
 

Charme et mœurs du vieux Beijing (I)

                 French.xinhuanet.com | Publié le 2016-07-13 à 10:01

Les ruelles et les marchands ambulants

Paul Bady, sinologue français, a dit un jour que le charme de l’ancien Beijing venait d’abord des tours de sa citadelle et de ses hutong, ces petites ruelles typiques de la ville.

Les ruelles de Beijing se sont formées sous les Yuan. Dans une pièce de théâtre datant de cette époque, Zhangsheng fait bouillir la mer, une servante tient ces propos : « Viens me retrouver plus tard devant la boutique du hutong Zhuanta, au coin du Marché des Moutons. » Cette réplique nous apprend que la dénommée ruelle Zhuanta, située dans la partie sud de l’actuelle avenue Xisi, existait déjà à l’époque Yuan.

Les ruelles de Beijing ont un charme unique. Leurs noms font rêver : Xinghuatian (Jour des fleurs d’amandier), Huazhi (Branches fleuries), Ju’er (Chrysanthèmes), Xiaojinsi (Filigranes d’or), Yueguang (Clair de lune), Kongque (Paon) et Yanzhi (Fard rouge), tous possèdent une tonalité poétique, tandis que Yu’er (Pluie), Mao’er (Chapeaux), Chaye (Thé), Shaojiu (Eau-de- vie), Yangrou (Viande d’agneau), Qiezi (Aubergines), Shaobing (Galettes), Pichai (Bois à brûler) et Lazhuxin (Mèche de bougie) racontent la vie de tous les jours allant de la nourriture aux vêtements, aux lieux d’habitation et aux activités quotidiennes. Selon les plus anciens résidents, certains hutong sont reconnaissables à l’odeur qui s’en dégage : la ruelle Qianliang sent le chou, la ruelle Jiaozi sent le lait de soja fermenté et la ruelle Mao’er, le sucré acide des petites pommes caramélisées vendues en brochette.

Les bruits dans les ruelles, un mélange de voix et des sons des divers instruments signalant le passage des marchands, sont aussi très caractéristiques. Les cris des commerçants ambulants pour attirer les clients fluctuent au fur et à mesure qu’ils s’approchent ou s’éloignent, laissant résonner derrière eux un long écho mélodieux. Le matin, on entend : « Beignets du diable, petits pains à la pâte de sésame, bien chauds ! » Et le soir : « Kumquats, pommes vertes, ça ouvre l’appétit ! » La nuit, le cri ne déserte toujours pas la rue : « Petits pains de blé dur ! » « Soupe de raviolis, ça bout la marmite ! » Il y a tout de même des vendeurs qui, eux, ne crient pas car ils manifestent leur présence au moyen d’instruments. La sonnerie vrombissante de deux morceaux de fer qui se frottent annonce le coiffeur, le tam-tam précède l’arrivée du dompteur de singe, le bâton frappant un bois creux est l’appel du marchand d’huile, et le battement du petit tambour par des boules retenues par une ficelle au bout d’un bâton signale le vendeur d’articles de mercerie.

Le cri des marchands est une pratique qui ne laisse au hasard ni l’intonation ni le contenu. Il faut avoir du souffle et une voix claire, les mots doivent être bien articulés et de façon expressive ; pour cela certaines techniques vocales sont indispensables : vrille, glissement, relèvement final. Le virement à la dernière syllabe est particulièrement exigeant pour marquer l’effet désiré. L’accent doit être du pékinois pur avec toute la saveur du terroir traduite par la prononciation, l’intonation, le rythme et la mélodie. Le cri ainsi préparé est souvent musical et non sans intérêt littéraire. Voici, comme exemple, l’annonce d’un vendeur de pastèque en été :

« Venez goûter un morceau, venez !
Ces pastèques toutes fraîches à la chair sablée.
Gros comme un bateau, en forme de lune ces quartiers,
Et sucrés comme du sucre glacé.
Plus suaves que les gâteaux de Lune,
Car les abeilles y ont fait leur foyer !
La chair sablée dans votre bouche sucrée,
Seulement deux pièces un morceau, hé, hé ! »

Ces cris transmettent la bonne humeur et l’humour populaires. Ce genre de cris des commerçants a existé aussi dans beaucoup d’autres villes du monde autrefois. En 1545, un chercheur français a publié un recueil, Les 107 cris quotidiens de Paris, mais le nombre de cris à Paris dépassait sans doute ce chiffre. Weng Ouhong, un artiste de l’opéra de Pékin, a décrit dans son livre les 368 cris qu’il a recensés pendant les dizaines d’années de sa vie pékinoise, ce chiffre a été sans doute également sous estimé. Un chercheur russe a affirmé que « les cris de Paris occupent une place importante dans la culture de la rue et du lieu populaire de la ville ». Ces voix sont celles de la vie réelle, telle qu’on la ressent au milieu des places animées au cœur de ville, et elles reflètent la gaîté des fêtes populaires. Comme le disait Weng Ouhong, les bruits des ruelles de Beijing composent une chanson tendre de la vie qui apporte, de temps en temps, une douceur dans le cœur de ses habitants.

(Source: Introductuion à la culture chinoise de la maison d'édition Foreign language teaching and research press) (Tous droits réservés. Reproduction interdite sans autorisation.)

 

   1 2  

 
分享
Nager au milieu des méduses
Nager au milieu des méduses
Comment les animaux du zoo de Shanghai se rafraichissent en pleine vague de chaleur
Comment les animaux du zoo de Shanghai se rafraichissent en pleine vague de chaleur
Jiang Xin pose pour Marie Claire
Jiang Xin pose pour Marie Claire
Nouvelles photos de l'actrice chinoise Yuan Shanshan
Nouvelles photos de l'actrice chinoise Yuan Shanshan
Défilé de Pierre Cardin en photos
Défilé de Pierre Cardin en photos
Ouverture au public d'une passerelle de verre dans le Hunan
Ouverture au public d'une passerelle de verre dans le Hunan
Nouvelles photos de l'actrice chinoise Yao Chen
Nouvelles photos de l'actrice chinoise Yao Chen
Photos - un lion quasiment écrasé par un éléphant
Photos - un lion quasiment écrasé par un éléphant
Retour en haut de la page

Charme et mœurs du vieux Beijing (I)

French.xinhuanet.com | Publié le 2016-07-13 à 10:01

Les ruelles et les marchands ambulants

Paul Bady, sinologue français, a dit un jour que le charme de l’ancien Beijing venait d’abord des tours de sa citadelle et de ses hutong, ces petites ruelles typiques de la ville.

Les ruelles de Beijing se sont formées sous les Yuan. Dans une pièce de théâtre datant de cette époque, Zhangsheng fait bouillir la mer, une servante tient ces propos : « Viens me retrouver plus tard devant la boutique du hutong Zhuanta, au coin du Marché des Moutons. » Cette réplique nous apprend que la dénommée ruelle Zhuanta, située dans la partie sud de l’actuelle avenue Xisi, existait déjà à l’époque Yuan.

Les ruelles de Beijing ont un charme unique. Leurs noms font rêver : Xinghuatian (Jour des fleurs d’amandier), Huazhi (Branches fleuries), Ju’er (Chrysanthèmes), Xiaojinsi (Filigranes d’or), Yueguang (Clair de lune), Kongque (Paon) et Yanzhi (Fard rouge), tous possèdent une tonalité poétique, tandis que Yu’er (Pluie), Mao’er (Chapeaux), Chaye (Thé), Shaojiu (Eau-de- vie), Yangrou (Viande d’agneau), Qiezi (Aubergines), Shaobing (Galettes), Pichai (Bois à brûler) et Lazhuxin (Mèche de bougie) racontent la vie de tous les jours allant de la nourriture aux vêtements, aux lieux d’habitation et aux activités quotidiennes. Selon les plus anciens résidents, certains hutong sont reconnaissables à l’odeur qui s’en dégage : la ruelle Qianliang sent le chou, la ruelle Jiaozi sent le lait de soja fermenté et la ruelle Mao’er, le sucré acide des petites pommes caramélisées vendues en brochette.

Les bruits dans les ruelles, un mélange de voix et des sons des divers instruments signalant le passage des marchands, sont aussi très caractéristiques. Les cris des commerçants ambulants pour attirer les clients fluctuent au fur et à mesure qu’ils s’approchent ou s’éloignent, laissant résonner derrière eux un long écho mélodieux. Le matin, on entend : « Beignets du diable, petits pains à la pâte de sésame, bien chauds ! » Et le soir : « Kumquats, pommes vertes, ça ouvre l’appétit ! » La nuit, le cri ne déserte toujours pas la rue : « Petits pains de blé dur ! » « Soupe de raviolis, ça bout la marmite ! » Il y a tout de même des vendeurs qui, eux, ne crient pas car ils manifestent leur présence au moyen d’instruments. La sonnerie vrombissante de deux morceaux de fer qui se frottent annonce le coiffeur, le tam-tam précède l’arrivée du dompteur de singe, le bâton frappant un bois creux est l’appel du marchand d’huile, et le battement du petit tambour par des boules retenues par une ficelle au bout d’un bâton signale le vendeur d’articles de mercerie.

Le cri des marchands est une pratique qui ne laisse au hasard ni l’intonation ni le contenu. Il faut avoir du souffle et une voix claire, les mots doivent être bien articulés et de façon expressive ; pour cela certaines techniques vocales sont indispensables : vrille, glissement, relèvement final. Le virement à la dernière syllabe est particulièrement exigeant pour marquer l’effet désiré. L’accent doit être du pékinois pur avec toute la saveur du terroir traduite par la prononciation, l’intonation, le rythme et la mélodie. Le cri ainsi préparé est souvent musical et non sans intérêt littéraire. Voici, comme exemple, l’annonce d’un vendeur de pastèque en été :

« Venez goûter un morceau, venez !
Ces pastèques toutes fraîches à la chair sablée.
Gros comme un bateau, en forme de lune ces quartiers,
Et sucrés comme du sucre glacé.
Plus suaves que les gâteaux de Lune,
Car les abeilles y ont fait leur foyer !
La chair sablée dans votre bouche sucrée,
Seulement deux pièces un morceau, hé, hé ! »

Ces cris transmettent la bonne humeur et l’humour populaires. Ce genre de cris des commerçants a existé aussi dans beaucoup d’autres villes du monde autrefois. En 1545, un chercheur français a publié un recueil, Les 107 cris quotidiens de Paris, mais le nombre de cris à Paris dépassait sans doute ce chiffre. Weng Ouhong, un artiste de l’opéra de Pékin, a décrit dans son livre les 368 cris qu’il a recensés pendant les dizaines d’années de sa vie pékinoise, ce chiffre a été sans doute également sous estimé. Un chercheur russe a affirmé que « les cris de Paris occupent une place importante dans la culture de la rue et du lieu populaire de la ville ». Ces voix sont celles de la vie réelle, telle qu’on la ressent au milieu des places animées au cœur de ville, et elles reflètent la gaîté des fêtes populaires. Comme le disait Weng Ouhong, les bruits des ruelles de Beijing composent une chanson tendre de la vie qui apporte, de temps en temps, une douceur dans le cœur de ses habitants.

(Source: Introductuion à la culture chinoise de la maison d'édition Foreign language teaching and research press) (Tous droits réservés. Reproduction interdite sans autorisation.)

 

   1 2  

On recommande | Plus de photos

010020070770000000000000011101841355092091