BEIJING, 11 mars (Xinhua) - Il y a près de 2.100 ans, soit 1.600 ans avant que l'explorateur italien Christophe Colomb ne découvre l'Amérique, le chargé de mission de la dynastie chinoise des Han, Zhang Qian a bravé l'inconnu pour tracer une route commerciale, connue aujourd'hui sous le nom de la Route de la Soie.
Sur la Route de la Soie comme sur d'autres routes reliant des coins reculés du monde, les nations de l'ensemble de la planète ont parcouru un long chemin ensemble et atteint un niveau sans précédent de développement, devenant plus étroitement liées et interdépendantes que Zhang Qian n'aurait jamais pu l'imaginer .
Pour faire face aux nombreux problèmes et aux incertitudes qui préoccupent le monde d'aujourd'hui, la Chine a décidé de donner une plus grande portée à l'esprit de la Route de la Soie et a lancé, entre autres, l'initiative "La Ceinture et la Route", une stratégie terrestre et maritime visant à promouvoir le développement mondial.
L'idée de construire une communauté de destin pour toute l'humanité, avancée par le président chinois Xi Jinping, est à la base des efforts de Beijing visant à favoriser le développement et l'intégration du monde et est considérée par beaucoup comme l'objectif ultime du développement humain.
Comme l'a réaffirmé M. Xi lors d'une table ronde avec les députés chinois à l'occasion de la session annuelle de l'Assemblée populaire nationale (APN), la Chine ne fermera pas sa porte et continuera à s'ouvrir sur tous les fronts.
"LE SEUL AVENIR POUR L'HUMANITÉ"
Plus de deux millénaires après l'ouverture de cette route par Zhang Qian, l'isolationnisme et la confrontation continuent de hanter le monde, malgré les bienfaits importants qu'apporte la mondialisation.
La stagnation de la croissance mondiale et l'élargissement des écarts de développement se sont exacerbés à cause des conflits armés, de la mentalité de la guerre froide et des politiques de pouvoir, ainsi que des menaces non conventionnelles à la sécurité mondiale telles que le terrorisme, les maladies transmissibles et le changement climatique.
Pour surmonter ces nombreux défis et les risques accrus, "la proposition de la Chine est de construire une communauté de destin pour toute l'humanité afin de parvenir à un développement partagé et gagnant-gagnant", a annoncé le président chinois lors d'un discours à l'Office des Nations unies à Genève au mois de janvier.
"Pour atteindre cet objectif, la communauté internationale doit promouvoir le partenariat, la sécurité, la croissance, les échanges entre les civilisations et la construction d'un écosystème sain", a ajouté le président.
Dans son rapport sur le travail du gouvernement, le Premier ministre chinois Li Keqiang, à l'occasion d'une réunion plénière de l'APN à Beijing, a déclaré une fois de plus qu'il était prêt à travailler avec la communauté internationale pour forger un nouveau modèle de relations internationales fondé sur la coopération gagnant-gagnant et contribuer à construire une communauté de destin pour toute l'humanité.
La vision de M. Xi est "le seul avenir pour l'humanité de la planète", a déclaré le président de l'Assemblée générale des Nations unies, Peter Thomson, dans une interview accordée à Xinhua.
M. Thomson et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, ont pris l'engagement de travailler avec la Chine pour promouvoir la paix et le développement du monde et atteindre l'objectif d'établir une communauté de destin pour toute l'humanité.
La 55e Commission des Nations unies pour le développement social (CSOCD) a approuvé en février une résolution demandant davantage de soutien au développement économique et social de l'Afrique dans le cadre de l'initiative visant à construire une communauté de destin.
Philipp Charwath, président du CSOCD, a indiqué à Xinhua que ce concept "consiste fondamentalement à reconnaître le fait que nous dépendons tous les uns des autres".
S'ADAPTER A L'ORDRE MONDIAL ACTUEL
Ceux qui considèrent les relations internationales comme un jeu à somme nulle croient que la Chine est en train d'élaborer des stratégies pour détrôner les Etats-Unis et dicter un nouvel ordre mondial, à l'heure où un transfert de pouvoir semble s'opérer entre l'Occident et l'Orient.
Beijing a répondu à ces soupçons par des paroles et des actes. Lors de sa visite à l'Office des Nations Unies à Genève (ONUG) et à d'autres organisations internationales en Suisse, M. Xi a réaffirmé l'engagement de la Chine en faveur du développement pacifique et promis de ne chercher ni l'hégémonie, ni l'expansion, ni l'établissement d'une sphère d'influence.
La visite de M. Xi en Suisse "a envoyé le message clair que la Chine soutient fermement le multilatéralisme et le système international centré sur les Nations Unies", a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi mercredi lors d'une conférence de presse tenue en marge de la session annuelle de l'APN.
A cette fin, la Chine a pris l'initiative en 2015 d'établir la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (BAII), qui vise à compléter, et non remplacer, le système financier international et à combler les lacunes qui existent dans le financement de projets d'infrastructure.
Comparant l'ordre international à un édifice, le chef de la diplomatie chinoise a déclaré: "Ce que nous devons faire, c'est rénover cet édifice, et non construire une autre structure".
C'est ce que Joseph Nye, professeur de Harvard et éminent expert de la politique étrangère des Etats-Unis, a observé.
"Si vous regardez le comportement des Chinois, ils n'ont pas rejeté le système international mondial", a-t-il noté lors d'un récent séminaire à l'Université Johns-Hopkins à Washington, soulignant que la Chine cherchait juste à s'adapter à l'ordre mondial actuel et non à le renverser .
Evan A. Feigenbaum, chercheur principal au think tank américain Carnegie Endowment for International Peace, a également estimé que la Chine n'était pas un pouvoir "révolutionnaire".
La taille, la richesse et la politique de la Chine l'amènent "à exiger des changements importants au sein des institutions existantes, mais elle ne cherche pas à renverser l'ordre international actuel dans son ensemble", a-t-il écrit dans un article intitulé "La Chine et le monde", paru dans le numéro de janvier/février du magazine américain Foreign Affairs.
UNE VOIE DE COOPERATION GAGNANT-GAGNANT
Le président chinois a soutenu sa vision grandiose en prenant des mesures concrètes.
Ainsi, la Chine déploie de grands efforts pour construire une communauté de destin avec ses voisins. Parmi les initiatives lancées à ce titre figure le mécanisme de coopération Lancang-Mékong (CLM), qui comprend 45 programmes dits de "récolte précoce".
"Nous espérons que la CLM deviendra une initiative phare parmi les efforts de la Chine visant à construire une communauté de destin avec nos voisins et contribuera davantage à la réduction des disparités et à la promotion de l'intégration dans notre région", a lancé Wang Yi.
Des progrès considérables ont également été enregistrés dans la construction d'une communauté de destin sino-africaine. Depuis le sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) tenu en décembre 2015 à Johannesburg, la Chine a décaissé ou pris des dispositions pour débloquer près de la moitié du financement de 60 milliards de dollars qu'elle avait promis à l'Afrique.
En outre, la voie ferroviaire reliant Addis-Abeba à Djibouti, le premier chemin de fer électrifié moderne d'Afrique, a été construit par la Chine et est à présent en service. De même, le chemin de fer à écartement normal Mombasa-Nairobi, financé par la Chine, est considéré comme le plus grand projet d'infrastructure du Kenya depuis l'indépendance du pays.
Projet phare de la Chine, l'initiative "La Ceinture et la Route", qui comprend la Ceinture économique de la Route de la soie et la Route de la soie maritime du XXIe siècle, vise à promouvoir le développement commun le long des anciennes routes de la soie terrestres et maritimes et au-delà.
Jusqu'à présent, l'initiative, proposée par le président chinois en 2013, a obtenu le soutien de plus de 100 pays et organisations internationales, dont plus de 40 ont signé des accords de coopération avec la Chine.
"L'initiative de la Chine qui consiste à construire avec les autres pays la Ceinture et la Route, qui suit la tendance en faveur de la multipolarisation du monde, de la mondialisation économique, de la diversité culturelle et du développement des applications informatiques, vise à répartir les ressources de manière très efficace et à réaliser une intégration approfondie des marchés des pays concernés", a indiqué Keith Bennett, vice-président du Groupe des 48, basé à Londres.
"Elle créera ainsi conjointement une architecture de coopération économique régionale ouverte, inclusive et équilibrée qui profitera à tous", a-t-il estimé.
Gerrishon K. Ikiara, professeur à l'Université de Nairobi, a noté que l'Initiative "La Ceinture et la Route" apporterait des opportunités sans précédent pour le développement économique et social de la Chine et de tous les autres pays concernés.
"C'est la voie menant à la communauté de destin pour toute l'humanité", a estimé M. Ikiara, parlant de la version moderne de la route que Zhang Qian a tracée il y a près de 2.100 ans.