RDC: "Doc Artemisia" et sa plante médicinale (REPORTAGE)

French.xinhuanet.com|Publié le 2021-07-20 à 10:36
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Par Shi Yu et Zanem

KINSHASA, 20 juillet (Xinhua) -- Dans la photo de profil qu'il utilise sur les réseaux sociaux, Patient Kaloma, un chercheur en médecine basé dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), a le regard fixé sur la plante qu'il tient dans sa main.

Affichant la plupart du temps un air sérieux, M. Kaloma devient pourtant bavard ou même éloquent lorsqu'il évoque cette plante verte qui semble pourtant ordinaire aux profanes.

"Après avoir semé les graines, on doit passer à l'étape de préparer des pépinières. Ici l'on a juste jeté des semences sur un sol préparé, prochainement on va mettre les cultures dans le champ. L'on peut attendre deux à trois mois pour récolter", a-t-il expliqué.

Après une brève présentation, c'est ainsi que notre interview avec lui a commencé, par un exposé détaillé sur sa vie autour de cette plante qui soigne la malaria et bien davantage.

DOC ARTEMISIA

Cette plante, appelée Artemisia annua, est un élément clé du remède contre le paludisme, un fléau dont souffrent de nombreux pays africains, en particulier la région natale de M. Kaloma.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Afrique est le continent le plus touché par cette maladie, qui en 2020 a coûté la vie à plus de 384.000 Africains, dont environ 14.000 en RDC.

"La RDC est un pays tropical. Ici dans la province du Nord-Kivu, les populations sont victimes du paludisme. Avec nos recherches, nous avons trouvé que l'Artemisia annua est une plante qui peut mieux soigner la malaria et d'autres maladies infectieuses", a confié M. Kaloma.

Après des années d'expertise dans la recherche sur le terrain et dans la lutte contre le paludisme, M. Kaloma a gagné auprès des habitants locaux le surnom de "Doc Artemisia".

"Les Chinois nous ont montré un modèle à suivre, en utilisant la plante très longtemps pour en extraire l'artémisinine. C'est pourquoi nous avons un rôle, en tant que chercheurs congolais, de vulgariser cette plante", a-t-il déclaré.

L'artémisinine s'est révélée efficace pour réduire le taux de mortalité des patients atteints de paludisme. Cette découverte révolutionnaire a été effectuée par la scientifique chinoise Tu Youyou, qui a remporté en 2015 un prix Nobel pour ses recherches sur le paludisme.

Fin juin, après 70 ans de lutte contre cette maladie, l'OMS en a certifié l'éradication en Chine, source d'une profonde inspiration pour M. Kaloma.

"Nous devons suivre le même modèle que la Chine, car à nos jours l'OMS a retiré la Chine de la liste des pays où sévissait le paludisme. Ils (les Chinois) ont remporté leur combat grâce à l'Artemisia annua", a-t-il noté.

PLANTE MEDICINALE

Environ deux mois après l'éruption du volcan Nyiragongo, suite à laquelle plusieurs de ses champs ont été dévastés par les coulées de lave, "Doc" et son équipe commencent à recoller les morceaux de leur vie brisée, ce qui lui donne une nouvelle perspective que la plante est plus qu'un remède pour la maladie.

La culture de l'Artemisia annua offre des opportunités pour la jeunesse du Nord-Kivu, a-t-il estimé.

Avec de plus en plus de jeunes vivant et travaillant dans les zones urbaines, "l'absence de perspectives (...) pourrait à long terme compromettre à l'harmonie sociale", a-t-il expliqué, notant que la lutte contre le chômage des jeunes constitue un défi considérable qui exige la création de nouvelles entreprises agricoles et sanitaires.

Dans le cadre de son initiative, de nombreux jeunes apprenant les secrets de cette plante médicinale sont désormais placés sur de bons rails pour une vie meilleure.

Une industrie basée sur l'Artemisia annua serait "vraiment essentielle à la création d'un secteur agro-sanitaire profitable, moins coûteux pour les consommateurs et durable pour une jeunesse aux compétences adéquates", a recommandé M. Kaloma.

"Nous devons faire évoluer les mentalités et créer des opportunités dans l'agriculture : nous verrons (alors) les entrepreneurs se multiplier", a-t-il conclu. Fin

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