ABIDJAN, 26 mai (Xinhua) -- La Côte d'Ivoire, premier pays producteur de cacao au monde, a déclaré lundi qu'elle n'approuvera pas une étude américaine à paraître fin juin sur l'incidence du travail des enfants dans les zones productrices de cacao, en raison des "insuffisances" dans la méthodologie de l'enquête.
"La Côte d'Ivoire ne peut approuver l'enquête dans sa version actuelle qui comporte des failles", a indiqué dans un communiqué la présidente du Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l'exploitation et le travail des enfants (CNS), Dominique Ouattara, épouse du président Alassane Ouattara.
L'enquête menée par l'institut de recherche NORC de l'Université de Chicago depuis février 2018 en Côte d'Ivoire et au Ghana, deux pays qui cumulent 62% du marché mondial, bénéficie du financement du ministère américain du Travail (USDOL).
Sa publication est prévue le 29 juin et l'enquête est censée évaluer les pires formes de travail des enfants dans la cacaoculture, mesurer l'incidence du travail des enfants dans les zones de production du cacao en comparaison avec les données des enquêtes 2008/2009 et 2013/2014 de l'Université Tulane à La Nouvelle-Orléans.
Le CNS se dit "préoccupé" par certains aspects fondamentaux du rapport en raison des "lacunes largement reconnues" de certaines des méthodologies utilisées dans le cadre de l'enquête 2013/2014 de Tulane.
"Ces lacunes qui comprennent l'échantillonnage et l'extrapolation ainsi que des problèmes liés à la période de référence pour la collecte des données rendent impossible toute comparaison précise entre certaines données clés de l'enquête de NORC et celles de l'Université de Tulane et entraîneraient probablement des conclusions trompeuses à tirer de l'enquête de NORC", a dit craindre le CNS.
Ce dernier indique qu'au cours des derniers mois, plusieurs ateliers techniques se sont tenus à Abidjan et à Washington au cours desquels l'Etat ivoirien a fait part au NORC et au ministère américain du Travail de ses préoccupations concernant les "insuffisances de la méthodologie de l'enquête 2018/2019".
A l'en croire, "bien qu'ils aient reconnus ces erreurs et leur impact potentiel sur la crédibilité des conclusions de l'enquête, NORC et l'USDOL n'ont jusqu'à présent pas voulu apporter les changements nécessaires évoquant des contraintes de comparaison des données".
Selon le rapport "Sweat and Toil" du ministère américain du Travail sur le travail des enfants paru l'an dernier, la Côte d'Ivoire fait partie des douze pays qui ont obtenu la plus haute évaluation des avancées significatives dans la lutte contre le travail des enfants dans l'industrie du cacao.
Avec le Ghana, le pays a déjà pris des mesures légales et réglementaires pour combattre et réprimer la traite, l'exploitation et le travail des enfants.
En septembre 2016, la Côte d'Ivoire et le Ghana ont signé un engagement conjoint pour renforcer la lutte contre la traite transfrontalière et les pires formes de travail des enfants dans tous les secteurs d'activités ou sociaux, notamment l'agriculture, les mines, le commerce, la pêche, l'artisanat, le travail domestique et la mendicité.