LAGOS, 5 juillet (Xinhua) -- Le président français Emmanuel Macron a présenté mercredi à Lagos, capitale économique du Nigeria, une vision nouvelle de la relation de la France avec l'Afrique, priorisant le rôle de l'entrepreneuriat dans la renaissance de l'Afrique, soulignant l'importance du secteur privé et encourageant la création d'un écosystème commercial qui exploite le dynamisme du secteur privé africain et surtout l'avenir de l'Afrique.
Ce mercredi, plus de 2.000 jeunes entrepreneurs africains s'étaient réunis dans la salle de conférence d'un groupe hôtelier luxueux de Victoria Island, l'île huppée de Lagos. Ils étaient venus de tous les pays du continent à l'invitation de la TEF, la Fondation Tony Elumelu (du nom du milliardaire nigérian), pour demander conseil au président français sur la façon de développer leurs entreprises et d'atteindre les marchés européens au milieu du nationalisme naissant et des guerres commerciales émergentes.
Tony Elumelu a animé personnellement l'événement. "Le président français reconnaît l'importance cruciale des entrepreneurs africains pour le développement économique durable sur le continent - il sait que le récit africain est en train de changer et va changer", a-t-il déclaré. "Nous voulons que la France et le reste du monde réalisent que l'Afrique est un continent d'opportunités", a-t-il ajouté.
"Je ne suis pas venu dire ce que les gens doivent faire. Les bonnes idées viennent de vous, pour votre peuple", a déclaré le président français à ses interlocuteurs. Il est venu véhiculer un nouveau discours : "c'est l'Afrique qui décide de l'Afrique, qui construit son propre entrepreneuriat et l'explique au monde".
Le président français a beaucoup insisté sur la nécessité pour chaque entrepreneur d'avoir de l'initiative, de l'indépendance. Il s'est appuyé sur sa propre réussite : "Je n'ai jamais demandé la permission à qui que ce soit. Ceux vers qui je venais prendre conseil me disaient : 'Attends un peu, le moment viendra, ne sois pas pressé, etc.' Ne suivez jamais ce genre de conseils ! Osez et agissez maintenant ! C'est cela l'innovation". Pour lui, les jeunes Africains sont nombreux et leur avenir passe par l'innovation.
"Ce n'est pas votre nationalité, passeport ou carte d'identité qui dit que vous allez l'emporter, connaître la réussite. C'est l'idée que vous avez. Vous devez prendre des risques. Précisément, ce n'est pas parce que vous êtes nigérian, malien ou sénégalais, mais c'est parce que vous osez que vous pourriez être l'un des grands succès du siècle présent", a-t-il dit.
Le président Macron s'est fait le chantre du secteur privé. "Il faut que les milieux économiques africains changent leur continent pour leurs populations. Il n'appartient pas aux entreprises étrangères de venir le faire", a-t-il martelé. "Il faut une croissance inclusive, durable sur le terrain qui crée de nouveaux emplois", a-t-il ajouté.
Le chef de l'Etat français a annoncé que son pays allait investir 1 milliard d'euros dans le secteur privé par le biais de l'Agence française pour le développement (AFD).
En conclusion de l'événement, la TEF a signé un accord avec l'AFD qui établit un partenariat de recherche pour examiner l'écosystème de l'entrepreneuriat en Afrique de l'Ouest, avec un accent particulier sur les pays francophones, un cadre de garantie de partage des risques et l'accès à des mentors de haut niveau pour les entrepreneurs TEF.
Créée en 2010, la TEF est la principale organisation philanthropique d'Afrique qui défend les entrepreneurs à travers le continent. L'investissement à long terme de la Fondation dans l'autonomisation des entrepreneurs africains est emblématique de la philosophie de l'africapitalisme de Tony Elumelu, qui positionne le secteur privé africain, et surtout les entrepreneurs, comme catalyseurs du développement social et économique du continent. L'initiative phare de la Fondation, le TEF Entrepreneurship Program, est un engagement de 100 millions de dollars échelonné sur 10 ans pour identifier et former des mentors et financer 10.000 entrepreneurs capables de changer le visage des affaires en Afrique.