Ouganda : une taxe sur les réseaux sociaux qui ne plaît pas à tous
Publié le 2018-07-02 à 22:00 | french.xinhuanet.com
KAMPALA, 2 juillet (Xinhua) -- Une taxe sur l'utilisation des réseaux sociaux est entrée en vigueur dimanche en Ouganda, entraînant des plaintes d'utilisateurs selon lesquelles cette taxe est trop coûteuse et va restreindre les libertés.
Les opérateurs télécom ont commencé à percevoir cette taxe d'un montant quotidien de 200 shillings (0,05 dollar) pour tous ceux désireux d'accéder à Facebook, WhatsApp, LinkedIn, Twitter, Instagram, Viber, Skype et autres.
Le gouvernement s'est justifié en expliquant qu'il s'agissait là d'une décision visant à doper les recettes domestiques et à ne plus dépendre des investissements étrangers dans le secteur. Le ministre des Technologies de l'information et de la communication, Frank Tumwebaze, n'y voit qu'une "petite taxe" qui contribuera au développement national.
Mais les critiques demeurent nombreuses dans le pays. Alors que l'expert Daraus Bahikire dit s'inquiéter d'un possible détournement des sommes perçues, Martha Chemuta, spécialiste des relations presse, pense pour sa part que les opérateurs télécom ont intérêt à grandement améliorer leur service, la qualité du réseau n'étant pas aux rendez-vous à ses yeux.
Livingstone Sewanyana, directeur général de la Fondation de l'Initiative pour les droits de l'Homme, a récemment confié à Xinhua que cette taxe était injustifiée pour les contribuables. "C'est une restriction de la liberté des individus à s'exprimer et à communiquer car elle rend l'accès (aux réseaux sociaux) coûteux, voire rédhibitoire".
"C'est une double peine, car on paie déjà le temps de connexion. Une telle taxe devrait être annulée", a -t-il ajouté en estimant que cette mesure pourrait être frappée d'anticonstitutionnalité.
Certains ont déjà commencé à utiliser des applications de réseau privé virtuel (VPN) permettant de ne plus être localisé en Ouganda et donc d'échapper à la taxe. Mais le directeur général de la Commission ougandaise des communications (UCC), Godfrey Mutabazi, a promis de bloquer les services VPN.
Parallèlement à cette taxe, le gouvernement a annoncé le 21 juin dernier qu'il allait aussi surveiller de près les réseaux sociaux pour arrêter toute personne les utilisant à des fins illégales.
Selon les résultats d'une enquête nationale menée cette année, l'Ouganda et ses 40 millions d'habitants ne compte que 9,7 millions de possesseurs de téléphone portable. Sur ce chiffre, seuls 1,9 million ont accès à Internet.