UE : la difficile entente sur la gestion des réfugiés (SYNTHESE)

French.xinhuanet.com|Publié le 2018-06-26 à 16:20
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PARIS, 26 juin (Xinhua) -- Fortement secouée ces derniers temps par une vive polémique sur la gestion des réfugiés -tant ceux qui sont secourus en mer par les ONG que ceux qui sont déjà sur le territoire européen- l'Union européenne, qui a tenu un mini-sommet dimanche à Bruxelles, peine à trouver une solution commune face à ce défi migratoire.

Le refus du ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini (issu de l'extrême droite) d'accueillir le navire humanitaire Aquarius transportant 630 migrants et les menaces de son homologue allemand Horst Seehofer, patron des sociaux-chrétiens bavarois (CSU) qui exige d'Angela Merkel un durcissement de la politique migratoire, ont relancé depuis peu le débat sur la gestion des migrants en Europe.

Le mini-sommet organisé d'urgence dimanche par la Commission européenne pour aplanir les positions n'a pas permis de régler la question migratoire. Les participants sont certes tombés d'accord sur certains points comme le renforcement de l'agence Frontex (contrôle aux frontières extérieures de l'Europe) et l'amélioration du travail avec les pays tiers et de transit pour plus d'efficacité. Mais il n'y a en revanche pas eu d'accord sur la prise en charge des migrants.

Ce scénario avait été envisagé à l'avance par plusieurs spécialistes, notamment à cause de l'absence des principaux acteurs de la crise. "Il ne fallait pas attendre un résultat européen à ce mini-sommet, avec des pays qui ont boudé cette réunion (l'Europe centrale et orientale) parce qu'ils sont sur des positions très dures sur la thématique des réfugiés et du partage du fardeau entre les différents pays européens", a expliqué sur la chaîne CNews Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche au CNRS.

Sur cette liste des grands absents figuraient également MM. Salvini et Seehofer dont les récentes prises de position ont relancé la polémique. "Il y a un blocage et on ne peut pas le débloquer quand les acteurs principaux de la crise sont exclus de la table de négociation. On ne veut pas entendre parler des ministres de l'Intérieur de l'Allemagne et de l'Italie. Or cette crise n'est plus migratoire, elle est de politique interne. Exclure ces deux acteurs, c'est s'interdire de régler la crise", a analysé sur LCI Benjamin Morel, docteur en science politique à l'Ecole normale supérieure.

En effet, deux camps s'opposent ouvertement au sein de l'UE sur la crise migratoire : d'un côté de grands pays européens comme la France, l'Allemagne et l'Espagne qui portent le flambeau d'une politique de respect des valeurs européennes comme le droit d'asile et de l'autre, le camp composé majoritairement de pays d'Europe centrale et orientale, ainsi que l'Italie qui prônent la fermeture des frontières et le tout sécuritaire face à la crise migratoire.

Mme Wihtol de Wenden explique cette remise en cause des valeurs de solidarité qui sont des valeurs fondatrices de l'UE par la montée de l'extrême droite en Europe. "Aujourd'hui, dans beaucoup de pays européens y compris l'Italie, l'extrême droite a fini par imposer un prêt à penser sur les thématiques de migrations et de réfugiés", note-t-elle.

Le président français Emmanuel Macron et ses alliés, notamment l'Allemagne, pourront-ils inverser cette dynamique extrémiste au sein de l'UE? Pour le président du Mouvement européen-France, Yves Bertoncini, face à cette situation, l'alliance franco-allemande est plus nécessaire que jamais, mais sera insuffisante.

"C'est deux grands pays dans une Europe à 28 qui a été fracturée d'abord par la crise de la zone euro, puis par la crise des réfugiés. Donc c'est bien que les Français et les Allemands aient pu se mettre d'accord sur une feuille de route, mais ils n'arriveront pas au Conseil européen la semaine prochaine en terrain conquis. Ils auront des oppositions multiples aussi bien sur le sujet zone euro que sur celui des réfugiés", a-t-il averti sur CNews.

La posture d'Emmanuel Macron qui se voit comme le fer de lance de l'Europe contre le populisme ne favorise pas une sortie de la crise, estime M. Morel. "Macron est dans une lutte qui est beaucoup plus politique. Il est déjà dans la campagne européenne où il se voit comme le fer de lance de l'Europe contre le populisme. Et le discours offensif qu'il tient l'empêche de dialoguer et d'avoir des solutions", juge-t-il.

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