Crise des réfugiés en Europe, une pilule difficile à avaler pour le néo-interventionnisme occidental (COMMENTAIRE)

Publié le 2018-06-20 à 10:20 | french.xinhuanet.com

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BRUXELLES, 20 juin (Xinhua) -- Deux ans avant la première Journée mondiale des réfugiés, le Premier ministre britannique de l'époque Tony Blair a fourni à la communauté internationale, en plein milieu de la guerre du Kosovo de 1999, une gamme de critères permettant de décider où et quand intervenir militairement dans les affaires des autres pays.

Sa proposition, connue sous le nom de "doctrine Blair", était une "notion irrésistible" car elle donnait la possibilité à l'OTAN "d'intervenir dans les conflits des autres peuples", décrit le journal londonien The Guardian.

La doctrine, selon laquelle une guerre est "juste" quand elle repose non pas sur des ambitions territoriales mais sur la prévention ou l'arrêt de catastrophes humanitaires, a offert à l'Occident une justification "noble et inspiratrice" pour leur néo-interventionnisme.

Au nom de l'"intervention humanitaire", la doctrine a vu déferler de nombreuses vagues d'interventions occidentales en Irak, en Afghanistan, en Libye et dans plusieurs autres pays en développement à travers le monde.

Hélas, ce qui était présenté comme une noble cause n'a pas eu une noble fin.

Au Moyen-Orient, au nom de la protection des droits de l'Homme, de la lutte contre le terrorisme, de l'établissement de la démocratie et de la restauration d'une paix perpétuelle, les Etats-Unis et leurs alliés ont lancé une vague d'actions militaires en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie.

Cependant, alors qu'ils se précipitaient pour ouvrir la boîte de Pandore, ils ont échoué à rattraper le fléau sévissant dans la région.

Les faits ont depuis démontré que mis à part le renversement du gouvernement taliban en Afghanistan, de Saddam Hussein en Irak et de Mouammar Kadhafi en Libye, aucun des objectifs de guerre défendus par Washington et ses alliés européens n'a été accompli. Ces actions ont fait des centaines de milliers de morts et de blessés et ont déraciné des millions de civils.

Le proverbe dit que l"on récolte ce que l'on a semé". Après des décennies passées à suivre les pas du néo-interventionnisme américain, plusieurs pays européens doivent aujourd'hui avaler l'amère pilule de l'interventionnisme.

Alors que les relations transatlantiques sont au plus bas, les pays européens sont en désaccord sur la plus grande crise de réfugiés de l'histoire de l'Union européenne (UE). Les réfugiés n'ont pas choisi de devenir les pions d'une bataille sur les migrations, mais leur afflux a néanmoins contribué à la montée du populisme en Europe, qui menace maintenant la cohésion et l'intégration au sein du bloc de nations que constitue l'UE.

La 18e Journée mondiale des réfugiés de mercredi ne devrait pas être gâchée par la division, elle offre au contraire une parfaite occasion à l'Europe et aux Etats-Unis de réfléchir aux dégâts du néo-interventionnisme.

Lors du prochain sommet de l'UE qui se déroulera ce mois-ci, lorsque le problème des réfugiés sera en tête de l'ordre du jour, les dirigeants de chaque Etat membre sont invités à apprendre une brève leçon de leur prédécesseurs. Ils devraient ressentir de la souffrance en se remémorant les célèbres paroles de Tony Blair, "je serai avec vous quoi qu'il arrive", alors qu'il s'engageait auprès du président américain George W. Bush. Près de 15 années plus tard, M. Blair est toujours critiqué pour avoir précipité le Royaume-Uni dans la guerre en Irak.

Sir John Chilcot, auteur d'un rapport critique sur la guerre en Irak écrit avec le soutien du gouvernement britannique, pense que l'intervention militaire en Irak a rendu le Moyen-Orient moins stable et plus dangereux par une rupture de l'équilibre du pouvoir.

Au vu de la réaction de plus en plus violente contre les réfugiés dans l'UE, il est grand temps que les pays européens ouvrent les yeux et se souviennent des douloureuses leçons de l'interventionnisme. Fin

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Crise des réfugiés en Europe, une pilule difficile à avaler pour le néo-interventionnisme occidental (COMMENTAIRE)

Publié le 2018-06-20 à 10:20 | french.xinhuanet.com

BRUXELLES, 20 juin (Xinhua) -- Deux ans avant la première Journée mondiale des réfugiés, le Premier ministre britannique de l'époque Tony Blair a fourni à la communauté internationale, en plein milieu de la guerre du Kosovo de 1999, une gamme de critères permettant de décider où et quand intervenir militairement dans les affaires des autres pays.

Sa proposition, connue sous le nom de "doctrine Blair", était une "notion irrésistible" car elle donnait la possibilité à l'OTAN "d'intervenir dans les conflits des autres peuples", décrit le journal londonien The Guardian.

La doctrine, selon laquelle une guerre est "juste" quand elle repose non pas sur des ambitions territoriales mais sur la prévention ou l'arrêt de catastrophes humanitaires, a offert à l'Occident une justification "noble et inspiratrice" pour leur néo-interventionnisme.

Au nom de l'"intervention humanitaire", la doctrine a vu déferler de nombreuses vagues d'interventions occidentales en Irak, en Afghanistan, en Libye et dans plusieurs autres pays en développement à travers le monde.

Hélas, ce qui était présenté comme une noble cause n'a pas eu une noble fin.

Au Moyen-Orient, au nom de la protection des droits de l'Homme, de la lutte contre le terrorisme, de l'établissement de la démocratie et de la restauration d'une paix perpétuelle, les Etats-Unis et leurs alliés ont lancé une vague d'actions militaires en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie.

Cependant, alors qu'ils se précipitaient pour ouvrir la boîte de Pandore, ils ont échoué à rattraper le fléau sévissant dans la région.

Les faits ont depuis démontré que mis à part le renversement du gouvernement taliban en Afghanistan, de Saddam Hussein en Irak et de Mouammar Kadhafi en Libye, aucun des objectifs de guerre défendus par Washington et ses alliés européens n'a été accompli. Ces actions ont fait des centaines de milliers de morts et de blessés et ont déraciné des millions de civils.

Le proverbe dit que l"on récolte ce que l'on a semé". Après des décennies passées à suivre les pas du néo-interventionnisme américain, plusieurs pays européens doivent aujourd'hui avaler l'amère pilule de l'interventionnisme.

Alors que les relations transatlantiques sont au plus bas, les pays européens sont en désaccord sur la plus grande crise de réfugiés de l'histoire de l'Union européenne (UE). Les réfugiés n'ont pas choisi de devenir les pions d'une bataille sur les migrations, mais leur afflux a néanmoins contribué à la montée du populisme en Europe, qui menace maintenant la cohésion et l'intégration au sein du bloc de nations que constitue l'UE.

La 18e Journée mondiale des réfugiés de mercredi ne devrait pas être gâchée par la division, elle offre au contraire une parfaite occasion à l'Europe et aux Etats-Unis de réfléchir aux dégâts du néo-interventionnisme.

Lors du prochain sommet de l'UE qui se déroulera ce mois-ci, lorsque le problème des réfugiés sera en tête de l'ordre du jour, les dirigeants de chaque Etat membre sont invités à apprendre une brève leçon de leur prédécesseurs. Ils devraient ressentir de la souffrance en se remémorant les célèbres paroles de Tony Blair, "je serai avec vous quoi qu'il arrive", alors qu'il s'engageait auprès du président américain George W. Bush. Près de 15 années plus tard, M. Blair est toujours critiqué pour avoir précipité le Royaume-Uni dans la guerre en Irak.

Sir John Chilcot, auteur d'un rapport critique sur la guerre en Irak écrit avec le soutien du gouvernement britannique, pense que l'intervention militaire en Irak a rendu le Moyen-Orient moins stable et plus dangereux par une rupture de l'équilibre du pouvoir.

Au vu de la réaction de plus en plus violente contre les réfugiés dans l'UE, il est grand temps que les pays européens ouvrent les yeux et se souviennent des douloureuses leçons de l'interventionnisme. Fin

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