BEIJING, 30 juin (Xinhua) -- Le président chinois Xi Jinping se rendra la semaine prochaine en Russie et en Allemagne, un déplacement qui devrait insuffler une énergie positive aux relations sino-européennes et à l'économie mondiale.
Il effectuera des visites d'Etat dans ces deux pays du 3 au 6 juillet, avant de participer au 12e sommet du G20 les 7 et 8 juillet à Hambourg. Plusieurs analystes estiment que ce déplacement sera une source d'assurances supplémentaires pour affronter une conjoncture économique incertaine.
UNE COORDINATION STRATEGIQUE SINO-RUSSE ENRICHIE
Sa visite en Russie sera la sixième depuis son arrivée en fonction en 2013 et ce sera la 21e fois qu'il rencontrera son homologue russe Vladimir Poutine, alors que les deux hommes se sont déjà vus deux fois cette année.
"Les relations de travail étroites entre les deux chefs d'Etat et leur amitié personnelle représentent une 'locomotive' pour le développement des relations bilatérales entre la Chine et la Russie", estime ainsi la chercheuse Chen Yurong, spécialiste de l'Eurasie à l'Institut chinois des études internationales.
"Ils peuvent échanger leurs points de vue sur presque tout, ce qui témoigne du haut niveau de confiance politique entre les deux pays", selon elle.
Ces dernières années, le partenariat stratégique global de coordination sino-russe a connu un développement continu et solide. Ce degré de partenariat est plus élevé que ceux que la Chine entretient avec d'autres pays.
Lors de cette visite, MM. Xi et Poutine traceront la direction et les objectifs à suivre pour développer ces liens bilatéraux et approfondir davantage la confiance politique mutuelle.
Les deux parties devraient à ce titre signer une déclaration commune sur les grandes lignes de la mise en œuvre entre 2017 et 2020 du Traité de bon voisinage et de coopération amicale.
La Chine et la Russie ont devant elles de grandes opportunités pour encourager une coopération pratique dans divers domaines au moment même où elles cherchent à aligner les projets de l'initiative chinoise "la Ceinture et la Route" avec ceux de l'Union économique eurasiatique (UEE), une orientation stratégique dont elles avaient convenu en 2015.
Au cours des cinq premiers mois de l'année, le volume des échanges commerciaux sino-russes a augmenté de 26%, atteignant 32,4 milliards de dollars, tandis que la Chine demeure le premier partenaire commercial de la Russie depuis des années.
"C'est une visite d'une grande importance", particulièrement lorsque le redressement économique de la planète est atone et que la situation internationale est complexe et volatile, observe l'ambassadeur de Chine en Russie, Li Hui.
Pour le diplomate chinois, cette visite en Russie va certainement "donner un nouvel élan au développement des relations bilatérales" et fournir de nouvelles pistes à l'intégration économique régionale.
RENFORCER LA CONFIANCE MUTUELLE ET LA COOPERATION GLOBALE
Quelques jours avant la visite de M. Xi en Allemagne, les pandas géants Meng Meng et Jiao Qing ont chaleureusement été accueillis à Berlin après un long voyage en provenance de la Chine.
La "diplomatie du panda" reflète de façon vivace le développement important des relations sino-allemandes.
La confiance entre les deux parties a atteint de nouveaux sommets depuis que les relations ont été élevées en mars 2014 au rang de partenariat stratégique global. A ce titre, Beijing et Berlin ont mis en place plus de 70 mécanismes bilatéraux de consultation et de coopération.
Lors de sa visite, le président Xi rencontrera son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. Il aura des entretiens avec la chancelière Angela Merkel, participera à l'inauguration du "Jardin des pandas" au Zoo de Berlin et assistera à un match entre jeunes footballeurs chinois et allemands.
Les économies chinoise et allemande sont très complémentaires. En 2016, la Chine est devenue pour la première fois le plus important partenaire commercial de l'Allemagne et le volume du commerce bilatéral a atteint 151,29 milliards de dollars.
Les deux pays devraient par ailleurs explorer davantage de potentiels dans le cadre de leur coopération jugée mutuellement bénéfique, à l'heure où ils cherchent à aligner le plan "Fabriqué en Chine 2025" avec le plan allemand "Industrie 4.0".
"L'Allemagne est un pays clé de l'Union européenne et c'est aussi la plus grande économie d'Europe", rappelle Cui Hongjian, directeur des études européennes à l'Institut chinois d'études internationales.
Pour le chercheur, le renforcement de la communication et de la coopération entre la Chine et l'Allemagne, qui sont des économies majeures de la planète et de fervents partisans de la mondialisation, est d'une grande importance pour le développement des relations bilatérales.
UNE MEILLEURE INTERCONNECTION MONDIALE
Le port de Hambourg est connu en tant que porte de l'Allemagne vers le monde. Les 7 et 8 juillet, la ville réunira les dirigeants des économies du G20 pour leur sommet annuel, sous le thème "façonner un monde interconnecté".
Dans la ville hanséatique, les participants discuteront d'une série de dossiers tels que l'économie mondiale, le commerce et les finances, le changement climatique, le développement et l'économie numérique.
Le sommet du G20 de cette année tombe au moment où la situation économique mondiale actuelle connaît à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne, c'est que tous les membres du G20 connaîtront cette année une croissance positive pour la première fois depuis la crise financière mondiale en 2008. La mauvaise, c'est qu'il manque toujours l'impulsion nécessaire à une reprise forte de l'économie mondiale et que cette situation est exacerbée par la montée du protectionnisme, ainsi que par la montée des menaces géopolitiques et des incertitudes politiques.
Alors que la gouvernance internationale doit faire face à un choix important entre l'ouverture ou l'isolement, le message qui doit émerger du sommet de Hambourg va être observé de près par la communauté internationale.
Lors de leur conversation téléphonique en mars dernier, M. Xi a confié à Mme Merkel que la Chine était prête à travailler avec l'Allemagne pour garantir que le sommet de Hambourg, tout comme le sommet de Hangzhou organisé en Chine l'an dernier, adresse un message clair et positif en faveur d'une gouvernance et d'une coopération économique mondiales plus fortes.
A Hambourg, M. Xi appellera à une croissance forte, durable, équilibrée et inclusive pour l'économie mondiale.
En marge de ce sommet, le dirigeant chinois présidera une réunion informelle des dirigeants des pays des BRICS et rencontrera un certain nombre de chefs d'Etat et de gouvernement.
Lors du sommet du G20 de Hangzhou, M. Xi avait proposé de bâtir une "économie mondiale innovante, revigorée, interconnectée et inclusive", tandis que les participants étaient parvenus à un important consensus sur le besoin de faciliter la croissance économique mondiale par des mesures à long terme, complètes, ouvertes, innovantes et inclusives.
Il est à noter que les thèmes de ce 12e sommet et du précédent partagent le mot "interconnecté", ce qui semble démontrer que les deux réunions successives ont le sens de la continuité.
"L'esprit de partenariat observé par le bloc du G20 est remis en cause par les manoeuvres protectionnistes de certains membres. Si on permet au protectionnisme de se répandre sans réagir, les intérêts communs de la planète seront compromis", estime Ruan Zongze, vice-président exécutif de l'Institut chinois des relations internationales.
Pour lui, "il est désormais tout à fait urgent de continuer de mettre en oeuvre le consensus qui s'est dégagé au sommet de Hangzhou".