BEIJING, 29 mai (Xinhua) -- Alors que le Premier ministre chinois Li Keqiang entamera mercredi une visite officielle en Allemagne, les deux pays devraient renforcer leur coopération, notamment en matière de numérisation, ainsi que promouvoir l'accompagnement des politiques et les échanges d'entreprises, tout en liant leurs stratégies de développement.
Dévoilé en mai 2015, le plan "Fabriqué en Chine 2025" aide à faire passer la Chine de géant manufacturier à fabriquant motivé par l'innovation, tandis que "Industrie 4.0", un terme inventé par le gouvernement allemand en 2011, vise à faciliter l'automatisation et les échanges de données dans les technologies manufacturières, y compris les systèmes cyber-physiques, les objets connectés et le cloud.
QUELQUES POINTS MARQUANTS DE LA NUMERISATION
Selon la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, une révolution guidée par la numérisation est en train de prendre de l'ampleur et chaque pays doit progresser pour gagner des parts et être en pointe dans ce processus.
Lorsque M. Li avait visité l'Allemagne en 2014, les deux pays avaient convenu de l'importance de la numérisation industrielle pour la coopération économique bilatérale de l'industrie dans le futur.
Les deux parties avaient également convenu de renforcer la coopération stratégique de manière plus systématique en termes de voitures, de contrôle énergétique à haut rendement, de maisons intelligentes et de traitement d'eaux usées, entre autres.
La ministre allemande de l'Economie, Brigitte Zypries, a plaidé un peu plus tôt ce mois-ci pour que le G20 impulse une numérisation inclusive et une transformation numérique, car la numérisation définira la mondialisation et protégera le libre-échange.
Shi Shiwei, un professeur à l'Université libre de Berlin spécialisé dans l'économie et le commerce sino-allemands, explique à Xinhua que les deux plans, "Fabriqué en Chine 2025" et "Industrie 4.0", sont des choix stratégiques faits par les deux pays en fonction de cette nouvelle tendance de la numérisation.
Bien qu'à différents stades de développement et ayant des priorités différentes dans le développement de cette numérisation, la Chine et l'Allemagne sont très complémentaires dans l'industrie manufacturière, offrant de nombreuses opportunités de coopération, explique M. Shi.
UN PARRAINAGE GOUVERNEMENTAL
Les ministères compétents en Chine et en Allemagne ont mis en place un mécanisme de dialogue en 2015 et ont signé un certain nombre de protocoles d'accord et d'accords de coopération pour promouvoir les échanges bilatéraux dans la fabrication intelligente.
Les deux pays ont également créé des équipes de travail pour définir des règles et des critères concernant la fabrication intelligente et "Industrie 4.0".
Depuis 2016, la Chine a lancé une série de projets pilotes dans le cadre de la coopération sino-allemande afin de proposer des expériences de collaboration en matière de fabrication intelligente.
Dieter Kempf, président de la Fédération des industries allemandes (BDI), note que le plan "Fabriqué en Chine 2025" pouvait faciliter les échanges entre les entreprises chinoises et allemandes.
Comparé à des stimuli à court terme, un soutien politique à long terme des deux gouvernements est plus propice aux entreprises, en particulier aux PME, ajoute-t-il.
Les institutions publiques de Chine et d'Allemagne ont un énorme potentiel de coopération dans les domaines de la recherche et du développement, selon M. Shi.
UNE COOPERATION CORPORATIVE
Le couplage de "Fabriqué en Chine 2025" et de "Industrie 4.0" a apporté d'énormes opportunités aux entreprises des deux pays pour coopérer et élargir leurs activités commerciales.
Selon le ministère chinois du Commerce, la Chine a investi plus de 2,9 milliards de dollars en Allemagne en 2016, soit une augmentation de 258,6% par rapport à l'année précédente. Pendant la même période, l'Allemagne a financé 392 projets en Chine avec des investissements se montant à 2,71 milliards de dollars.
Les cas réussis de coopération d'entreprise entre les deux pays sont nombreux, comme l'exploration conjointe dans l'industrie sidérurgique par Baosteel (Chine) et Siemens (Allemagne), l'usine de machines à laver intelligentes développée par Hai'er (Chine) et l'Institut Fraunhofer (Allemagne) et le rachat par le groupe chinois Midea du fabriquant allemand de robot Kaka un peu plus tôt cette année.
Wang Weidong, conseiller commercial de l'ambassade de Chine en Allemagne, estime que le couplage de "Fabriqué en Chine 2025" et "Industrie 4.0" est un processus d'apprentissage mutuel, qui est mutuellement bénéfique par nature.
Dieter Kempf estime que la coopération d'entreprise bilatérale sur la base du libre choix est plus réussie que jamais. "L'expérience est plutôt positive", assure-t-il.
Tobias Simmendinger, chef de produit et de marchés à Linde Hydraulics, une société de classe mondiale en hydraulique qui a été achetée par la société chinoise Weichai Power, juge que cette acquisition peut être largement considérée comme un cas classique de coopération gagnant-gagnant.
"Nous avons profité de la devise 'le client d'abord' de la partie chinoise et de son service après-vente de haut niveau, tout comme nous avons été profondément impressionnés par l'ajustement rapide de la stratégie et de la flexibilité des opérations côté chinois", précise-t-il. "Grâce au large réseau de vente de Weichai en Chine et à son service après-vente parfait, Linde a connu une forte hausse des ventes de ses produits en Chine."