France/Présidentielle : une fin de campagne troublée par la menace terroriste (SYNTHESE)
Publié le 2017-04-22 à 23:01 | french.xinhuanet.com
PARIS, 22 avril (Xinhua) -- L'attaque terroriste sur les Champs-Elysées, intervenue moins de 48h après l'attentat déjoué à Marseille, confirme la menace qui pèse sur la fin de campagne électorale en France. Loin de céder à la peur, les principaux candidats, comme les autorités, condamnent cette nouvelle attaque contre les policiers et proposent leurs recettes pour lutter contre le terrorisme.
Les autorités françaises ont à nouveau appelé à faire preuve d'unité et à ne pas céder à la peur à quelques heures du premier tour de l'élection présidentielle.
"A la veille d'un rendez-vous majeur, j'en appelle à l'esprit de responsabilité. Il nous appartient de ne pas céder à la peur. [...] C'est l'obscurantisme et l'intolérance qui doivent être combattus et c'est l'unité qui, plus que jamais, doit prévaloir", a déclaré vendredi Bernard Cazeneuve au sortir du Conseil de défense.
Cette attaque contre les policiers en pleine campagne électorale a fait réagir les principaux candidats, qui, en plus des condamnations, ont exposé leur stratégie de lutte contre ce fléau.
Pour le candidat du mouvement En marche!, Emmanuel Macron, la volonté des terroristes est sans aucun doute de déstabiliser le pays, "de l'atteindre dans ce qu'il a de plus fondamental au moment où les Français s'apprêtent à décider de leur avenir".
Dans pareille circonstance, le rôle premier du président de la République est de protéger les Français, a-t-il indiqué, affirmant qu'il y était prêt. Il compte répondre au terrorisme en portant d'abord le combat en dehors des frontières "pour détruire nos ennemis, ses commanditaires et ses inspirateurs", puis conduire une action diplomatique et militaire qui aura pour priorité la sécurité des Français.
Concernant la sécurité à l'intérieur du pays, il promet la création de 10.000 emplois de policiers et de gendarmes et de mettre en place un renseignement plus "réactif et efficace". Pour cela, M. Macron prévoit d'installer "directement auprès du président de la République un organe de coordination, capable d'agir 24h/24 contre Daech".
Selon le candidat de la droite, François Fillon, cette guerre contre le terrorisme sera longue. Car "l'adversaire est puissant, ses réseaux sont nombreux, ses complices vivent parmi nous et à côté de nous", a-t-il prévenu.
Et pour combattre ce mal, M. Fillon fera de la destruction de l'Etat islamique la priorité de sa politique étrangère. Mais d'après lui, cette destruction ne sera possible que le jour où toutes les grandes puissances agiront ensemble.
Il promet également de maintenir l'état d'urgence et de renforcer la protection des frontières en renégociant le traité de Schengen pour que le contrôle aux frontières nationales soit maintenu au-delà du mois de novembre 2017.
Enfin, M. Fillon veut durcir la réponse pénale, estimant qu'il y a des liens entre la délinquance de droit commun et le terrorisme, et augmenter le budget de la défense à 2% du PIB.
La candidate du Front national (FN), Marine Le Pen, condamne aussi cette attaque et estime que les policiers sont attaqués parce qu'ils sont les symboles de l'Etat. Elle entend lutter contre le terrorisme par le renforcement des moyens de l'Etat, la restauration des frontières nationales et l'adoption de mesures administratives et pénales contre les personnes fichées S, c'est-à-dire surveillées par les services de renseignement en raison de la menace potentielle qu'elles posent à la sûreté de l'Etat, proposant notamment l'expulsion des fichés S étrangers et la déchéance de nationalité des fichés S binationaux.
Quant au candidat socialiste, Benoît Hamon, il condamne aussi l'attaque et estime que c'est la démocratie qui a été prise pour cible. "Tout ce que ces fanatiques veulent, c'est faire exploser le fait qu'en France on puisse, quel que soit sa religion, son opinion, fabriquer du commun", a indiqué sur RMC M. Hamon, soulignant que le terrorisme est l'épreuve la plus violente que la France vit sur son sol depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a répondu aux candidats du FN et de la droite, qu'il accuse d'instrumentaliser cette attaque de jeudi soir contre les policiers à des fins politiques.
Selon lui, Mme Le Pen, en demandant la restauration des frontières, fait mine d'ignorer que c'est le gouvernement actuel qui a rétabli le contrôle aux frontières depuis le 13 novembre 2015 et mobilisé 2.300 policiers et gendarmes supplémentaires chaque jour. Résultat, "plus de 105 millions de personnes y ont été contrôlées depuis cette date et 80.000 n'ont ainsi pu entrer sur le territoire national", a-t-il indiqué.
En ce qui concerne l'expulsion des fichés S que réclame Mme Le Pen, le Premier ministre rappelle également que depuis mai 2012, 117 personnes ont été expulsées du territoire pour des activités à caractère terroriste dans le cadre de l'Etat de droit.
"La candidate du Front national cherche, comme après chaque drame, à profiter et à instrumentaliser pour diviser. Elle cherche à exploiter sans vergogne la peur et l'émotion à des fins exclusivement politiciennes. Rien ne permet de faire quelque lien que ce soit entre l'immigration, l'asile et ce qui s'est passé hier soir à Paris", a déclaré M. Cazeneuve.
Quant à M. Fillon, qui demande la révision des accords de Schengen, M. Cazeneuve rappelle que cette révision a été engagée au cours du quinquennat du président François Hollande, alors qu'elle n'avait fait l'objet d'aucune initiative ni n'avait abouti à aucun résultat sous le quinquennat précédent, sous la présidence de Nicolas Sarkozy et le gouvernement de M. Fillon.
"Il préconise la création de 10.000 postes de policiers. Comment croire sur ce sujet un candidat qui, lorsqu'il était Premier ministre, en a supprimé 13.000 dans les forces de sécurité intérieure ?", s'est interrogé le Premier ministre, tout en ajoutant que 54.000 postes avaient également été supprimés dans les armées entre 2007 et 2012, à l'époque où M. Fillon était Premier ministre.
Mercredi dernier, deux jeunes Français soupçonnés de planifier un attentat ciblant certains candidats à l'élection présidentielle ont été arrêtés à Marseille, dans le sud de la France.