France : l'attentat des Champs-Elysées bouleverse la fin de la campagne présidentielle (SYTNHESE)
Publié le 2017-04-21 à 19:41 | french.xinhuanet.com
(Xinhua/Chen Yichen)
PARIS, 21 avril (Xinhua) -- Le dernier rendez-vous télévisé qui réunissait jeudi soir les onze prétendants à l'Elysée a été perturbé par l'attaque survenue sur les Champs-Elysées dans laquelle un policier a été tué. Les candidats ont réagi en direct, certains en profitant pour rappeler leurs positions en matière de lutte contre le terrorisme, une thématique jusqu'ici occultée dans la campagne présidentielle qui se termine vendredi soir avant le premier tour du scrutin, dimanche.
Les onze candidats à la fonction suprême de la République se sont retrouvés jeudi soir sur le plateau de France 2 pour l'émission politique "15 minutes pour convaincre". Un grand oral dans lequel chacun disposait d'un quart d'heure pour répondre aux questions des journalistes et développer un aspect de leur programme. Mais la fusillade mortelle à Paris, que les prétendants à l'Elysée ont appris en direct, a changé la donne.
Vers 21 heures, une fusillade a éclaté sur les Champs-Elysées. L'information a rapidement fuité dans les locaux de la télévision et circulé dans les équipes de campagne, mais les candidats à la présidentielle ne savaient pas encore qu'il s'agissait d'une attaque terroriste dans laquelle un policier a été tué et deux autres, ainsi qu'une passante, blessés.
L'émission politique s'est poursuivie, France 2 étant dans l'obligation de respecter le temps de parole de chacun.
Emmanuel Macron, le leader d'En Marche !, favori dans les sondages, est le premier à s'exprimer sur le sujet. "La première mission d'un président, c'est de protéger. Cette menace, cet impondérable, fait partie du quotidien des prochaines années. Je veux témoigner toute ma solidarité à l'égard de nos forces de police [...]", a-t-il déclaré.
"La nation est solidaire avec les policiers. [...] La lutte contre le terrorisme doit être la priorité absolue du prochain président de la République", a commenté dans la foulée le candidat de la droite François Fillon (Les Républicains), évoquant "d'autres violences en cours à Paris", démenties ensuite par les autorités.
Lors de la dernière partie de l'émission pendant laquelle les candidats disposaient chacun de 2 minutes 30 pour conclure, tous ont exprimé leur "solidarité" à l'égard des victimes et rendu hommage aux forces de l'ordre mobilisées dans un pays touché depuis 2015 par une vague d'attentats terroristes qui ont fait 238 morts.
Le chef de file de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, le premier à conclure en raison du tirage au sort, a adressé "une pensée émue à la famille du policier décédé et aux familles des policiers blessés". "Les criminels ne seront jamais impunis et leurs complices jamais oubliés", a insisté le candidat de La France insoumise, tout en appelant chacun à ne pas céder à la panique et à "rester unis".
La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, n'a pas hésité à parler d'un "cauchemar qui recommence", exprimant sa "tristesse pour nos forces de l'ordre qui paient un lourd tribut", tout en mettant en cause l'Etat en matière de lutte contre le terrorisme. "J'ai une colère sourde. Tout n'est pas fait pour mettre nos compatriotes à l'abri", a dit la candidate d'extrême droite, avant d'insister sur "la lutte contre le fondamentalisme islamiste".
"C'est fini le laxisme ! C'est fini la naïveté ! On ne peut pas laisser à nos enfants un pays impuissant à les défendre. Il faut de la lucidité, du courage, de la détermination, c'est cela que vous, Français, vous devez maintenant exiger et choisir", a poursuivi Marine Le Pen.
François Fillon, quant à lui, a demandé l'interruption de la campagne qui s'achève officiellement vendredi à minuit pour "montrer notre solidarité avec les policiers [...] et une population française de plus en plus inquiète face aux actes terroristes". Il a par ailleurs fait savoir qu'il annulait son déplacement prévu vendredi à Chamonix (Haute-Savoie).
"Présider, c'est protéger les citoyens. Je veux vous protéger, j'y suis prêt. Mais nous ne devons pas aujourd'hui céder à la peur. [...] Nous ne devons en aucune façon donner le sentiment à nos assaillants que nous nous divisons, que nous cédons en quelque sorte à leur diktat. C'est ce qu'ils attendent. Et c'est leur piège !", a de son côté plaidé Emmanuel Macron.
"Le meilleur hommage qu'on puisse rendre aux victimes, c'est d'agir, agir enfin", a déclaré Nicolas Dupont-Aignan ("Debout la France") tandis que la candidate de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, a critiqué "la politique de l'Etat français qui aggrave le terrorisme", tout en exprimant sa "solidarité" et appelant à "éviter les amalgames", notamment "entre terrorisme et migrants".