L'élection présidentielle française est cruciale pour l'avenir de l'Europe (ANALYSE)
Publié le 2017-04-22 à 22:41 | french.xinhuanet.com
PARIS, 22 avril (Xinhua) -- Au terme d'une longue et chaotique campagne, 47 millions d'électeurs français sont appelés aux urnes dimanche pour désigner les deux candidats finalistes de l'élection présidentielle. Au-delà de la désignation du futur chef de l'Etat et des enjeux nationaux de ce vote, le scrutin sera décisif pour l'avenir de l'Union européenne (UE) et du Vieux continent.
Après la victoire du Brexit et l'accession au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis, l'élection présidentielle française focalise l'attention du monde entier, qui se demande si l'Hexagone va, à son tour, être entraîné par la vague populiste de protectionnisme et de refus de la mondialisation.
Quel que soit le choix des Français, il aura indéniablement des répercussions au-delà de leurs frontières. A commencer sur le Vieux continent, où l'on retient son souffle dans l'attente des résultats. Certains observateurs politiques n'hésitent pas à considérer cette élection comme un référendum sur l'UE.
Alors qu'en 2012, le duel du second tour était connu d'avance, l'issue du match qui se joue dimanche reste très incertain. A l'issue d'une campagne aux allures de crise de nerfs nationale, sur les onze candidats en lice, quatre sont potentiellement en passe d'être qualifiés pour le second tour, qui se tiendra le 7 mai. Six configurations restent donc possibles au second tour.
La candidate d'extrême droite Marine Le Pen (Front national) et l'ancien ministre de l'Economie Emmanuel Macron (En Marche !), sont au coude à coude dans les sondages, talonnés par le candidat de la droite François Fillon (Les Républicains) et le chef de file de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise). Mais plus personne ne se hasarde à faire de pronostic en raison des marges d'erreur des enquêtes d'opinion et d'un climat général de grande instabilité.
La campagne présidentielle a mis en lumière de profondes divergences sur la place de la France au sein de l'UE. Sur les onze candidats, huit ont un positionnement eurosceptique. La plus extrême, Marine Le Pen, menace d'un "Frexit" et d'une sortie de l'euro qu'elle soumettrait à référendum si elle ne parvenait pas à renégocier avec les partenaires de l'UE. Son credo: "recouvrer les souverainetés monétaire, économique, législative et territoriale" de la France, rétablir les frontières nationales et quitter l'espace Schengen de libre circulation.
Si Jean-Luc Mélenchon a nuancé son positionnement européen, il reste cependant très critique à l'égard de l'UE, qu'il entend réformer et refonder en renégociant les traités. Il n'hésite pas à attaquer frontalement la politique austéritaire menée par Berlin.
"Le plan A, c'est la sortie concertée des traités européens par l'abandon des règles existantes pour tous les pays qui le souhaitent et la négociation d'autres règles. Le plan B, c'est la sortie des traités européens unilatérale par la France pour proposer d'autres coopérations. L'UE, on la change ou on la quitte", estime-t-il.
Seul Emmanuel Macron s'affiche véritablement en pro-européen et plaide pour la relance du couple franco-allemand afin d'"approfondir l'union monétaire". Il apparaît comme le candidat favori de Berlin et de Bruxelles. Il propose de "lancer dans toute l'Union européenne des conventions démocratiques dès la fin 2017". Objectif annoncé: élaborer "une feuille de route brève, avec quelques défis communs et des actions précises, traçant les priorités d'action de l'Union et leur calendrier de mise en œuvre pour les cinq ans à venir".
Le candidat de droite François Fillon plaide quant à lui pour une "Europe des nations". Il veut "en finir avec les élargissements permanents de l'Union européenne", "négocier un agenda européen d'harmonisation fiscale" et a fait de la réduction du déficit public son cheval de bataille. Il met en avant son libéralisme économique et son conservatisme sociétal, insiste sur son expérience d'ancien Premier ministre et cultive une stature présidentielle, mais son image reste entachée par le scandale du PénélopeGate.
En cas d'élimination dès le premier tour, François Fillon serait jugé responsable de l'absence, inédite sous la Ve République, de la droite au second tour d'une présidentielle. Alors même que ce scrutin semblait gagné d'avance pour sa famille politique.
Il faut par ailleurs relever une certaine ambiguïté des Français face à l'Europe et se rappeler que 54% des électeurs de l'Hexagone ont voté contre le projet de Constitution européenne en 2005. Le contexte économique morose, un taux de chômage qui avoisine les 10% et une croissance toujours en berne, cristallisent le ressentiment à l'égard de l'UE, souvent pointée du doigt comme la responsable de tous les maux.
Quel que soit le verdict des urnes le 7 mai prochain, la tâche qui attend le prochain président de la République française s'annonce des plus ardues. Les réformes économiques, celles du modèle social auquel sont très attachés les Français, les questions institutionnelles, avec la remise en cause croissante du régime de la Ve République, les enjeux en matière de politique environnementale, la problématique de l'immigration... Autant de dossiers épineux pour le futur chef de l'Etat, qui héritera d'une France sous état d'urgence, confrontée à la menace terroriste, qui s'est une nouvelle fois traduite par une attaque meurtrière, jeudi soir, sur les Champs-Elysées.
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PARIS, 22 avril (Xinhua) -- L'attaque terroriste sur les Champs-Elysées, intervenue moins de 48h après l'attentat déjoué à Marseille, confirme la menace qui pèse sur la fin de campagne électorale en France. Loin de céder à la peur, les principaux candidats, comme les autorités, condamnent cette nouvelle attaque contre les policiers et proposent leurs recettes pour lutter contre le terrorisme.