France/présidentielle : l'impossible alliance des gauches (SYNTHESE)
Publié le 2017-02-21 à 21:31 | french.xinhuanet.com
PARIS, 21 février (Xinhua) -- A deux mois de l'élection présidentielle en France, le projet de rassembler la gauche autour de la candidature socialiste semble irréalisable. Si Yannick Jadot, candidat écologiste, s'est dit favorable au rassemblement et poursuit le dialogue avec Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, crédité de 14 à 15% des voix dans les sondages, s'est montré plus que réticent.
Vainqueur de la primaire de la gauche, le candidat socialiste Benoît Hamon s'est fixé un nouveau défi après sa victoire : rassembler autour de lui les partis de gauche afin de donner une chance à cette grande famille politique face aux candidats de la droite et de l'extrême droite.
L'appel de M. Hamon s'est adressé principalement au candidat écologiste Yannick Jadot et à celui de la "France insoumise", Jean-Luc Mélenchon, qui n' avaient pas participé à la primaire de la gauche. "Je proposerai à tous les candidats à la primaire, mais aussi à tous ceux qui se reconnaissent dans la gauche et l'écologie politique, en particulier Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, de ne penser qu'à l'intérêt des Français", avait déclaré M. Hamon.
Joignant l'acte à la parole, le candidat du PS et ses proches ont vite engagé des discussions avec les deux camps. Les rencontres avec Yannick Jadot et la reprise de contact avec M. Mélenchon avaient alors suscité l'espoir chez les militants de gauche.
Las. Depuis le week-end dernier, ce projet d'alliance des gauches qui a suscité tant d'espoir s'éloigne de plus en plus. En effet, les récentes déclarations de Jean-Luc Mélenchon lors d'un meeting à Strasbourg, puis dans la presse, ne laissent aucune chance à une possible alliance.
"Tous ont dit qu'ils présentaient leur candidature. Mais quand bien même il faudrait une candidature unique, laquelle? La mienne", a répondu M. Mélenchon le 15 février dernier à Strasbourg, écartant ainsi la possibilité de se ranger derrière Benoît Hamon. Quatre jours plus tard, le candidat de la "France insoumise" grinçait sur BFMTV: "Je n'ai pas l'intention d'aller m'accrocher à un corbillard"...
"Si vous regardez les sondages, j'ai un point ou deux de plus que le score que j'ai fait en 2012. Les Verts sont au même niveau que celui de 2012. Qui a perdu la moitié de ses voix? C'est le PS", a observé M. Mélenchon, jugeant un peu "fort de café" qu'on vienne lui demander de "remplumer des gens qui ont tout perdu à cause de leur politique".
De quoi faire réagir M. Hamon et le PS, visiblement irrités par ces critiques. "Je m'adresse aux électeurs de gauche. Je ne courrai pas après Jean-Luc Mélenchon, je ne cours après personne et je n'oblige personne. Aujourd'hui, je suis le mieux placé pour faire gagner la gauche", a répondu Benoît Hamon depuis Lisbonne.
Pour le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, M. Mélenchon n'a pas prévu l'arrivée de Benoît Hamon. Conséquence : "Il est gêné par cette nouvelle donne et son problème, c'est qu'il veut rester sur son rocher", a déclaré sur France 2 le patron des socialistes français.
Mais y a-t-il encore une chance de réussir cette alliance des gauches malgré ces échanges musclés entre Mélenchon et les socialistes? Pas vraiment selon les spécialistes. Eddy Fougier, politologue et chercheur à l'IRIS, explique cette impossible alliance par le désaccord profond entre Jean-Luc Mélenchon et le PS.
Selon le chercheur, le candidat de la "France insoumise" est dans une logique de rupture totale par rapport au PS, notamment avec la ligne politique défendue par François Hollande et Manuel Valls. Et "il va jusqu' au bout car il refuse toute forme d'accord de près ou de loin avec le PS. Au final, trois gauches se dessinent : celles d'Emmanuel Macron, de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon", a-t-il expliqué sur France24.
Le politologue Pascal Perrineau ne croit pas non plus à une alliance des gauches. Celles-ci, dit-il, se sont émiettées, fractionnées parce qu'elles ne sont pas d'accord sur grand-chose. Par exemple, M. Mélenchon est contre le revenu universel, l'une des mesures phares de Hamon, qu'il qualifie de "trappe à pauvreté". Donc, au-delà de la querelle des égos, il y a une querelle de sensibilité extrêmement profonde, analyse M. Perrineau.
Toutefois, les socialistes poursuivent leurs discussions avec le candidat écologiste Yannick Jadot qui semble toujours favorable à l'union des gauches. Selon la presse, les deux parties se sont à nouveau rencontrées lundi après-midi dans un lieu tenu secret pour finaliser leur projet d'alliance. A l'instar des écologistes d'EELV, le Parti communiste et le Parti radical de gauche ont également été approchés par les socialistes.