Le nouveau plan migratoire de l'UE ne fait pas l'unanimité au Parlement européen (PAPIER GÉNÉRAL)

Publié le 2016-06-08 à 07:07 | french.xinhuanet.com

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 Par Claudine GIROD

STRASBOURG, 7 juin (Xinhua) -- Le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, et la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères, Federica Mogherini ont débattu, mardi, à Strasbourg, avec les eurodéputés réunis en session plénière, du nouveau "cadre de partenariat avec les pays tiers" proposé par Bruxelles, sans pour autant obtenir une large adhésion.

Le nouveau plan migratoire de l'UE a certes rencontré un soutien de principe dans les rangs des partis traditionnels de droite comme de gauche. Mais la présentation devant l'hémicycle strasbourgeois de ce "pacte destiné à s'attaquer aux causes des mouvements migratoires" n'en a pas moins révélé les clivages persistants qui règnent au sein du Parlement européen (PE) et des Etats membres de l'UE, tant sur le plan concret qu'idéologique.

M. Timmermans a plaidé devant les eurodéputés en faveur de l'utilisation de fonds européens pour promouvoir l'investissement privé dans les pays d'origine des migrants, en particulier en Afrique, dans le cadre d'un partenariat.

"Le business model des passeurs entre la Turquie et la Grèce a vécu grâce à l'accord avec la Turquie. Les gens ne meurent plus dans la mer Egée", a affirmé le haut fonctionnaire européen. "Mais si on a fermé une porte, une autre s'ouvre au sud de la Méditerranée", a-t-il ajouté. "Nous, c'est-à-dire la Commission européenne et les pays membres, devons travailler davantage avec les pays d'origine et les pays de transit.", a-t-il plaidé.

Le plan - qui se veut un "partenariat", plus principalement avec l'Afrique, continent où, pour des raisons démographiques notamment, les flux migratoires ne vont pas se tarir - prévoit de nouveaux financements en vue d'"atteindre un total de 8 milliards d'euro dans les 5 ans", a précisé le Commissaire Timmermans.

"Ce nouveau fonds d'investissement extérieur est une véritable révolution dans notre approche de la question migratoire ", a renchéri la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini. "La crise des réfugiés est un phénomène global qu'il faut affronter avec une approche globale. Il faut se concentrer sur les pays du bassin méditerranéen mais aussi sur l'Afrique, selon des actions gagnant-gagnant avec une série de pays identifiés dont le Nigeria, le Niger, le Sénégal, l'Ethiopie, la Mauritanie...", a-t-elle ajouté.

Les arguments des hauts représentants de l'UE n'ont pas pour autant suscité l'enthousiasme dans l'hémicycle. "Il faut aider mais aussi se prémunir", a ainsi lancé le chef de file du Parti Populaire Européen (PPE), l'Allemand Manfred Weber.

"Ce partenariat ne doit pas être juste un stratagème pour freiner les flux migratoires", a de son côté alerté le leader du groupe socialiste, l'Italien Gianni Pitella. "Il ne s'agit pas de dire : on vous donne de l'argent et vous gardez les réfugiés !", s'est insurgé lui aussi le représentant de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE), le Belge Guy Verhofstadt.

"Les pactes bilatéraux envisagés ne doivent pas être à l'image de celui qui a été conclu avec la Turquie, qui est une catastrophe, un drame pour les réfugiés !", a-t-il prévenu. "Un accord honteux", a une nouvelle fois dénoncé l'eurodéputée d'extrême gauche Barbara Spinelli. "Rien qu'en mai, on a dénombré 1000 morts en Méditerranée ! L'aide promise aux pays d'origine est une sorte de diktat ! Vous faîtes aujourd'hui les politiques qui sont prônées par les partis de la droite européenne la plus extrême", a-t-elle lancé à l'adresse des hauts représentants de Bruxelles.

Dans les rangs écologistes, Judith Sargentini a elle aussi eu des mots vifs contre le nouveau plan migratoire de Bruxelles : "Pourquoi les gens viennent-ils d'Afrique en Europe ? Voilà la vraie question ! Comment pouvez-vous envisager de menacer de couper l'aide au développement alors cette aide est inscrite dans le traité de Lisbonne ?! Vous prenez l'argent des plus pauvres pour les empêcher de venir et pour renforcer la forteresse d'Europe".

Bien qu'une large majorité des eurodéputés aient défendu le principe d'accueil et de solidarité envers les réfugiés et la nécessité d'une politique d'ouverture, à l'extrême droite de l'échiquier politique et chez les eurosceptiques , par contre, nombre de voix se sont exprimées, comme c'est le cas depuis des mois dans l'hémicycle strasbourgeois, en faveur d'une stricte fermeture des frontières.

Lors d'un débat plus tard mardi après-midi, les députés ont débattu avec le commissaire Avramopoulos de deux autres propositions liées à la migration : un examen du système de "carte bleue" régissant les conditions d'admission des ressortissants hautement qualifiés de pays tiers, ainsi qu'un nouveau plan d'action sur l'intégration.

Depuis 2014, le chiffre des décès de migrants en mer Méditerranée tentant de rejoindre l'Europe ne cesse d'augmenter, se chiffrant à plus de 10 000 au total, a de son côté déclaré, mardi à Genève, un porte-parole du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Le seuil des 10 000 a été "dépassé au cours des derniers jours".

french.xinhuanet.com

Le nouveau plan migratoire de l'UE ne fait pas l'unanimité au Parlement européen (PAPIER GÉNÉRAL)

Publié le 2016-06-08 à 07:07 | french.xinhuanet.com

 Par Claudine GIROD

STRASBOURG, 7 juin (Xinhua) -- Le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, et la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères, Federica Mogherini ont débattu, mardi, à Strasbourg, avec les eurodéputés réunis en session plénière, du nouveau "cadre de partenariat avec les pays tiers" proposé par Bruxelles, sans pour autant obtenir une large adhésion.

Le nouveau plan migratoire de l'UE a certes rencontré un soutien de principe dans les rangs des partis traditionnels de droite comme de gauche. Mais la présentation devant l'hémicycle strasbourgeois de ce "pacte destiné à s'attaquer aux causes des mouvements migratoires" n'en a pas moins révélé les clivages persistants qui règnent au sein du Parlement européen (PE) et des Etats membres de l'UE, tant sur le plan concret qu'idéologique.

M. Timmermans a plaidé devant les eurodéputés en faveur de l'utilisation de fonds européens pour promouvoir l'investissement privé dans les pays d'origine des migrants, en particulier en Afrique, dans le cadre d'un partenariat.

"Le business model des passeurs entre la Turquie et la Grèce a vécu grâce à l'accord avec la Turquie. Les gens ne meurent plus dans la mer Egée", a affirmé le haut fonctionnaire européen. "Mais si on a fermé une porte, une autre s'ouvre au sud de la Méditerranée", a-t-il ajouté. "Nous, c'est-à-dire la Commission européenne et les pays membres, devons travailler davantage avec les pays d'origine et les pays de transit.", a-t-il plaidé.

Le plan - qui se veut un "partenariat", plus principalement avec l'Afrique, continent où, pour des raisons démographiques notamment, les flux migratoires ne vont pas se tarir - prévoit de nouveaux financements en vue d'"atteindre un total de 8 milliards d'euro dans les 5 ans", a précisé le Commissaire Timmermans.

"Ce nouveau fonds d'investissement extérieur est une véritable révolution dans notre approche de la question migratoire ", a renchéri la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini. "La crise des réfugiés est un phénomène global qu'il faut affronter avec une approche globale. Il faut se concentrer sur les pays du bassin méditerranéen mais aussi sur l'Afrique, selon des actions gagnant-gagnant avec une série de pays identifiés dont le Nigeria, le Niger, le Sénégal, l'Ethiopie, la Mauritanie...", a-t-elle ajouté.

Les arguments des hauts représentants de l'UE n'ont pas pour autant suscité l'enthousiasme dans l'hémicycle. "Il faut aider mais aussi se prémunir", a ainsi lancé le chef de file du Parti Populaire Européen (PPE), l'Allemand Manfred Weber.

"Ce partenariat ne doit pas être juste un stratagème pour freiner les flux migratoires", a de son côté alerté le leader du groupe socialiste, l'Italien Gianni Pitella. "Il ne s'agit pas de dire : on vous donne de l'argent et vous gardez les réfugiés !", s'est insurgé lui aussi le représentant de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE), le Belge Guy Verhofstadt.

"Les pactes bilatéraux envisagés ne doivent pas être à l'image de celui qui a été conclu avec la Turquie, qui est une catastrophe, un drame pour les réfugiés !", a-t-il prévenu. "Un accord honteux", a une nouvelle fois dénoncé l'eurodéputée d'extrême gauche Barbara Spinelli. "Rien qu'en mai, on a dénombré 1000 morts en Méditerranée ! L'aide promise aux pays d'origine est une sorte de diktat ! Vous faîtes aujourd'hui les politiques qui sont prônées par les partis de la droite européenne la plus extrême", a-t-elle lancé à l'adresse des hauts représentants de Bruxelles.

Dans les rangs écologistes, Judith Sargentini a elle aussi eu des mots vifs contre le nouveau plan migratoire de Bruxelles : "Pourquoi les gens viennent-ils d'Afrique en Europe ? Voilà la vraie question ! Comment pouvez-vous envisager de menacer de couper l'aide au développement alors cette aide est inscrite dans le traité de Lisbonne ?! Vous prenez l'argent des plus pauvres pour les empêcher de venir et pour renforcer la forteresse d'Europe".

Bien qu'une large majorité des eurodéputés aient défendu le principe d'accueil et de solidarité envers les réfugiés et la nécessité d'une politique d'ouverture, à l'extrême droite de l'échiquier politique et chez les eurosceptiques , par contre, nombre de voix se sont exprimées, comme c'est le cas depuis des mois dans l'hémicycle strasbourgeois, en faveur d'une stricte fermeture des frontières.

Lors d'un débat plus tard mardi après-midi, les députés ont débattu avec le commissaire Avramopoulos de deux autres propositions liées à la migration : un examen du système de "carte bleue" régissant les conditions d'admission des ressortissants hautement qualifiés de pays tiers, ainsi qu'un nouveau plan d'action sur l'intégration.

Depuis 2014, le chiffre des décès de migrants en mer Méditerranée tentant de rejoindre l'Europe ne cesse d'augmenter, se chiffrant à plus de 10 000 au total, a de son côté déclaré, mardi à Genève, un porte-parole du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Le seuil des 10 000 a été "dépassé au cours des derniers jours".

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