Karim Benzema pose en tenant le trophée de la Ligue des champions après la victoire de Real Madrid, à Milan en Italie, le 2 juin 2016. (Xinhua)

PARIS, 1er juin (Xinhua) -- Les accusations de l'international français, Karim Benzema sur sa non sélection en équipe nationale en vu de participer au Championnat d'Europe de football (Euro 2016), ravive la polémique en France.

Dans une interview parue ce mercredi 1er juin dans le quotidien sportif espagnol "Marca", l'international français et attaquant du Réal de Madrid explique sa non sélection dans l'équipe nationale française par des pressions qu'aurait subi son entraîneur Didier Deschamps.

"Deschamps a cédé sous la pression d'une partie raciste de la France. J'ai déjà subi le contrecoup de la coupe du monde 2010 mais l'Euro c'est encore plus dur. C'est l'une des plus grandes déceptions que j' aie eues (...) Je ne sais pas si c'est une décision individuelle de Didier mais je m'entends bien avec lui et avec le président (de la fédération) ", a expliqué Karim Benzema dans "Marca".

Une déclaration qui a fait réagir à la fois le ministère du Sport et certains responsables politiques. Pour le ministre français du Sport, Patrick Kanner, les propos de Benzema sont "inacceptables".

"J'ai envie de dire stop ! Concentrons-nous sur la compétition qui commence dans neuf jours maintenant. Il n'y a pas plus intégrateur que le sport, en particulier le football et ce qui a été dit ou insinué sur Didier Deschamps est notamment inacceptable", a déclaré M. Kanner à l'issue du Conseil des ministres.

Selon le ministre, le sélectionneur a fait des choix sportifs et, dit-il "faire des choix c'est toujours renoncer. Donc il faut comprendre le dépit ou la déception de M. Benzema mais en aucun cas ses propos ne peuvent être acceptables".

Le secrétaire d'Etat en charge du Sport, Thierry Braillard a également indiqué sur BFMTV que " les propos de Karim Benzema sont totalement injustifiés et absolument inacceptables".

"La fédération française de football et son président ainsi que le sélectionneur ont fait preuve que l'équipe de France sélectionne sur des critères techniques et de compétences. Et qu'il n'y a absolument pas le moindre racisme dans cette fédération", a expliqué M. Braillard.

Les responsables politiques ont également apporté la réplique à l'attaquant du Real de Madrid, jugeant ses propos "insupportables".

"C'est insupportable d'abord parce que le sélectionneur est souverain dans ses choix. Ensuite le fait de ramener les problèmes du pays à des questions de race, de religion, d'ethnie et de communauté est pas un signe de bonne santé", a dénoncé l'ancien Premier ministre François Fillon sur RTL.

Pour le député socialiste Jean-Marie Le Guen, Karim Benzema essaye de s'excuser de ne pas avoir été retenu dans les conditions que l'on sait. Car ce n'est pas le sportif qui est en cause mais l'homme tel qu'il s'est conduit".

Les propos de l'attaquant du Real de Madrid viennent ainsi raviver la polémique qui a éclaté depuis l'annonce de la décision de la fédération française de football, de mettre à l'écart M. Benzema à cause de sa mise en examen en novembre 2015 pour "complicité de tentative de chantage et participation à une association de malfaiteur" dans une affaire de vidéo intime concernant son coéquipier en équipe de France, Mathieu Valbueana.

L'ancien international français Eric Cantona, a récemment évoqué les origines de Benzema (Algérie) et de Hatem Ben Arfa (Tunisie), considérés comme les meilleurs joueurs français, pour expliquer leur non sélection en équipe nationale.

"Benzema et Ben Arfa sont deux des meilleurs joueurs français et ne seront pas à l'Euro. Et pour sûr Benzema et Ben Arfa ont des origines nord-africaines, donc le débat est ouvert. (...) Deschamps a un nom très français, peut-être qu'il est le seul en France à avoir un nom vraiment français. Je ne suis pas surpris qu'il ait utilisé la situation de Benzema pour ne pas le prendre...", a déclaré la semaine dernière, M. Cantona au journal Guardian.

Bien avant Eric Cantona, Guy Roux, ancien entraîneur de l'AJ Auxerre a dénoncé l'absence de Karim Benzema en équipe de France tout en faisant également allusion à ses origines.

"On estime que Benzema a commis une faute, mais on prive la sélection d'un de ses meilleurs éléments. Ce n'est pas logique (...) il faut avoir le courage de le dire, si Benzema s'appelait Jean-Claude et était né à Brest, on ne parlerait pas autant de cette affaire. Mais son problème est de s'appeler Karim. C'est déplorable mais c'est ainsi", a indiqué M. Roux en avril dans une interview au Parisien.

Le comédien Jamel Debbouze s'est aussi invité dans le débat en déclarant : "Ces gamins représentent en plus tellement de choses, notamment en banlieues. N'avoir aucun de nos représentants en équipe de France... Karim Benzema et par extension Hatem Ben Arfa payent la situation sociale de la France aujourd'hui".