Quelles seraient les conséquences économiques pour le Royaume-Uni en cas de Brexit ? (ANALYSE)
Publié le 2016-05-31 à 20:07 | french.xinhuanet.com
LONDRES, 31 mai (Xinhua) -- A moins de quatre semaines avant que le Royaume-Uni ne prenne sa décision sur son maintien ou non dans l'Union européenne (UE), il n'y a pour l'instant aucun signe de préférence parmi les électeurs britanniques.
Un récent sondage publié lundi par l'institut ORB montre que 51% des sondés sont en faveur du maintien du Royaume-Uni dans le bloc, alors que 46% se disent en faveur d'un "Brexit". Cependant, l'avance du camp du "stay" (rester) s'est réduite de huit points en une semaine.
Avant le référendum qui se tiendra le 23 juin, plusieurs institutions régionales et mondiales ont émis des avertissements sur les possibles effets négatifs qu'aurait un Brexit, à l'opposé de ce que pensent les eurosceptiques britanniques qui affirment que le retrait du bloc permettrait au pays de faire ce qui est le mieux pour lui-même au lieu de suivre les règles de l'UE.
En sortant de l'UE, le Royaume-Uni pourrait faire face à des difficultés commerciales et de croissance économique, sans oublier qu'un Brexit compromettrait le statut de Londres en tant que centre financier mondial, selon de nombreux économistes et observateurs.
PLUS DE RISQUES QUE D'AVANTAGES DANS LE SECTEUR DU COMMERCE
L'UE est le plus grand partenaire commercial du Royaume-Uni, représentant près de la moitié du commerce extérieur du pays. Si le Royaume-Uni venait à quitter le bloc, il ferait face à des droits de douane et à d'autres barrières non-tarifaires lors de ses exportations de biens et de services aux membres de l'UE.
Parallèlement, le Royaume-Uni aurait à mener de longues négociations avec chaque membre de l'UE pour avoir de nouveau accès au marché unique, affirment les experts.
"Une sortie du Royaume-Uni de l'UE pourrait inverser la tendance d'un commerce et des investissements renforcés à l'échelle globale, ainsi que des emplois que cela crée, et deviendrait un risque sérieux pour sa croissance", ont indiqué vendredi les dirigeants du G7 dans une déclaration publiée à l'issue de leurs discussions, qui se sont largement concentrées sur la relance de l'économie mondiale.
L'incertitude concernant le référendum du 23 juin a déjà eu des impacts négatifs sur l'économie britannique, qui n'a connu que 0,4% de croissance lors du premier trimestre 2016, soit une baisse de 0,6% par rapport au dernier trimestre 2015.
Le pays a enregistré un déficit commercial de 13,3 milliards de livres sterling (environ 19,4 milliards de dollars) lors du premier trimestre 2016, soit le plus gros déficit enregistré depuis 2008.
Parallèlement, la production industrielle nationale a diminué de 0,4% lors des trois premiers mois de l'année, marquant sa seconde contraction consécutive.
La monnaie britannique a elle perdu 9% de sa valeur depuis novembre dernier, en particulier à cause des inquiétudes concernant la possible sortie de l'UE du pays, selon un récent rapport de la Banque d'Angleterre. La banque centrale britannique a également prévenu que la livre sterling pourrait perdre jusqu'à 20% de sa valeur en très peu de temps en cas de Brexit.
UNE OMBRE SUR L'ATTRAIT FINANCIER DE LONDRES
Londres accueille de nombreuses institutions financières internationales et entreprises multinationales. Cependant, son statut de centre financier global serait confronté à de sérieux défis si le pays quittait l'UE.
Selon Angel Gurria, secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), un Brexit déclencherait à court-terme une vente panique des biens britanniques et endommagerait la confiance des investisseurs à travers le pays, puis le Royaume-Uni perdrait peu à peu son attrait en tant que destination d'investissements internationaux sur le long-terme.
De nombreuses banques basées à Londres seraient obligées de déménager leurs locaux dans d'autres parties de l'Europe, car un Brexit rendrait impossible pour elles de vendre leurs services au sein du bloc, a indiqué Jamie Dimon, directeur général de JP Morgan, au Financial Times.
Cependant, les soutiens du Brexit estiment que quitter l'UE ne signifie pas forcément une sortie de capitaux pour le Royaume-Uni, et que la City de Londres continuera de prospérer au vu de ses nombreux avantages, qui comprennent entre autres son intégrité judiciaire et de faibles taux d'imposition.