Alep : intensification des violences et négociations en vue d'une trêve
Publié le 2016-05-04 à 03:56 | french.xinhuanet.com
DAMAS, 3 mai (Xinhua) -- Au moins 28 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées mardi au cours d'un nouveau bombardement lancé par les rebelles sur les zones contrôlées par le gouvernement syrien, dans les quartiers nord d'Alep. Cette attaque survient sur fond de déclarations russes à propos d'une possible trêve dans cette ville durement touchée par les combats.
Le bombardement a frappé de manière aveugle les quartiers d'Alep contrôlés par le gouvernement, juste avant que le front al-Nosra, lié à al-Qaïda, et plusieurs autres groupuscules idéologiquement proches, ne lancent une vaste offensive sur la partie ouest d'Alep.
Le quartier général de l'armée syrienne a déclaré que les forces armées résistaient à l'offensive, et avaient infligé de lourdes pertes aux assaillants.
Les bombardements de mardi ont touché un hôpital du district d' al-Muhafaza, tuant trois femmes et blessant plusieurs personnes, dont des enfants.
Des jihadistes ont également fait sauter une voiture piégée dans le district d'al-Zahra, un quartier dont ils essayaient de s'emparer. Le bilan des victimes n'est pas connu, mais la télévision syrienne a rapporté une énorme explosion, qui aurait secoué toute la ville d'Alep.
La chaîne de télévision panarabe al-Mayadeen a également rapporté que des rebelles avaient piégé des tunnels avec plus de 40 tonnes d'explosif dans l'est d'Alep. Le front al-Nosra essaie par ailleurs d'acheminer des renforts depuis la province d'Idlib pour contribuer à l'offensive sur Alep. On rapporte que l'aviation syrienne aurait détruit plusieurs convois de combattants d'al-Nosra en provenance d'Idlib, et frappé les voies d'approvisionnement du groupuscule dans l'est d'Alep.
L'attaque de mardi est la plus importante lancée par le front al-Nosra depuis dix jours.
L'armée syrienne affirme avoir repoussé plusieurs assauts, mais le front al-Nosra a poursuivi ses bombardements, amenant l'aviation syrienne à pilonner en retour les zones tenues par les rebelles.
Selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme, un groupe de veille basé au Royaume-Uni, les bombardements lancés par les rebelles et les forces gouvernementales dans les dix derniers jours auraient tué plus de 244 civils, dont 43 enfants et 27 femmes. La télévision gouvernementale syrienne a de son côté affirmé qu'une centaine de civils avaient été tués dans les zones contrôlées par le gouvernement, et plus de 200 autres blessés.
Cette intensification des violences reflète l'hostilité croissante qui règne entre les rebelles et le gouvernement, mais aussi les importantes différences de vues qui divisent la communauté internationale au sujet de la Syrie, plusieurs pays ayant choisi de soutenir des factions différentes.
Les Etats-Unis et la Russie ont convenu vendredi dernier de la mise en place d'une trêve près de Damas et dans la province de Lattaquié ; mais la ville d'Alep n'a pas été inclue dans cet accord, et les civils continuent à en payer le prix.
Mardi, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a cependant déclaré qu'une cessation des hostilités à Alep pourrait éventuellement être annoncée dans les heures à venir. Il a ajouté que les forces armées russes et américaines étaient en ce moment même en train de discuter de l'instauration d'un cessez-le-feu à Alep.