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(VOIX DE XINHUA) Barack Obama annonce une visite à Cuba en mars qui devrait laisser une trace sur la politique étrangère américaine

Publié le 2016-02-19 à 20:04 | french.xinhuanet.com

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Une semaine d'actualités en images (du 8 au 14 février 2016)

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(Photo d'archives)

NEW YORK, 18 février (Xinhua) -- La Maison Blanche a annoncé jeudi que le président américain Barack Obama se rendrait à Cuba en mars, une visite qui soutiendra le changement de politique entamé par son gouvernement il y a un peu plus d'un an.

En cette année électorale où les efforts diplomatiques sont marqués par l'urgence et l'incertitude, la décision de M. Obama de se rendre à Cuba à seulement 11 mois de la fin de son mandat est considérée comme une nouvelle tentative de laisser une trace dans la politique étrangère américaine.

En outre, les efforts de M. Obama sont entravés par l'embargo économique imposé par les Etats-Unis à La Havane depuis des décennies, que seul le Congrès a le pouvoir de lever, selon des experts.

LAISSER UNE TRACE SUR LA POLITIQUE ETRANGERE AMERICAINE

La Maison Blanche a déclaré que le président Barack Obama et la Première dame se rendraient à Cuba les 21 et 22 mars et a qualifié cette visite d'"historique", car il s'agira de la première du genre effectué par un président américain en poste depuis près de 90 ans.

La visite "est une autre démonstration de l'engagement du président à tracer une nouvelle voie pour les relations américano-cubaines", a estimé la Maison Blanche dans un communiqué.

Toutefois, cette visite a immédiatement attiré la méfiance et la résistance des opposants à un rapprochement avec Cuba, en particulier les candidats républicains à la présidence.

Elliott Abrams, chercheur principal du Council on Foreign Relations, un groupe de réflexion basé à New York, s'est interrogé sur les intentions de M. Obama.

"Cette visite ne satisfera que la vanité et le souhait du président de laisser une trace, et ne portera ni sur la liberté, ni sur les droits de l'Homme du peuple cubain [...] C'est une honte", a-t-il écrit sur son blog.

Selon lui, l'"ouverture" de M. Obama a pour effet réel d'accroître le flux de fonds vers le gouvernement cubain à travers le tourisme et le commerce avec des entreprises d'Etat.

Pour Chu Gang, chercheur du Center For China and Globalization, groupe de réflexion indépendant basé à Beijing, cette visite n'est pas une décision prise à la hâte : M. Obama cherche à laisser un héritage politique et à marquer des points supplémentaires pour ses collègues démocrates pendant l'année électorale.

Un grand nombre de républicains, y compris deux candidats importants à la présidentielle dont les parents ont émigré de Cuba aux Etats-Unis, ont vivement critiqué le projet de visite de M. Obama.

Le sénateur Marco Rubio a déclaré que la normalisation des relations avait simplement donné à Cuba des millions, voire des milliards de dollars de nouveaux revenus.

M. Rubio a qualifié le gouvernement cubain d'"anti-américain", avant de souligner qu'il souhaitait que les relations bilatérales changent, mais que cela devait être réciproque.

Attristé mais pas surpris par la nouvelle de la visite de M. Obama à Cuba, le sénateur Ted Cruz a déclaré que M. Obama "jouerait essentiellement un rôle d'apologiste".

L'ancien gouverneur de Floride Jeb Bush, également candidat républicain à la présidence, a quant à lui déclaré à Fox News: "C'est une tragédie pour moi que nous ayons des relations diplomatiques et que le président essaie d'y laisser une trace".

MAINTIEN DE L'EMBARGO

A La Havane, M. Obama rencontrera le président cubain Raul Castro ainsi que les membres de la société civile, des entrepreneurs et des Cubains "issus de différents milieux", a déclaré la Maison Blanche.

"Nous avons encore des différends avec le gouvernement cubain que je vais évoquer directement", a indiqué M. Obama sur Twitter.

Josefina Vidal, la principale négociatrice des pourparlers du gouvernement cubain avec Washington, a salué la prochaine visite de M. Obama en la qualifiant de "pas supplémentaire vers l'amélioration des relations entre Cuba et les Etats-Unis".

"Cuba est ouverte à toute discussion avec les Etats-Unis", a indiqué Mme Vidal aux journalistes à La Havane, avant de reconnaître que les deux pays ont en effet des vues différentes sur de nombreuses questions, y compris les modèles politiques et les relations internationales.

La normalisation des relations bilatérales dépend de la résolution des principales questions en suspens, y compris la levée du blocus et le retour à Cuba du territoire occupé illégalement par la base navale de Guantanamo, a-t-elle ajouté.

Après des décennies d'animosité depuis la révolution cubaine de 1959, Washington et La Havane ont convenu en 2014 de renouer des liens, mais l'embargo économique américain contre Cuba reste en vigueur.

Face à la forte opposition des républicains et de certains démocrates à la normalisation des relations avec Cuba, M. Obama ne sait plus que faire pour répondre à la plus grande demande de Cuba : la levée de l'embargo américain.

Le gouvernement de M. Obama a pris des mesures pour élargir le commerce avec le pays insulaire, y compris en acceptant l'exploitation de vols commerciaux réguliers. Mais il ne peut pas lever les sanctions économiques imposées à Cuba depuis 1962, car le Congrès, contrôlé par les républicains, s'y oppose.

Le président Raul Castro a estimé que les deux pays n'avaient fait aucun progrès au cours de l'année dernière sur les questions qui sont essentielles pour la normalisation des relations bilatérales, telles que la levée de l'embargo commercial, le retrait de la baie de Guantanamo et la cessation des programmes visant un "changement de régime".

MM. Castro et Obama se sont rencontrés la dernière fois lors de l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2015, après leur première rencontre historique en face à face lors du sommet des Amériques en avril 2015.

Compte tenu des changements politiques prévisibles aux Etats-Unis, le gouvernement cubain considère avec prudence les défis à relever sur la voie de la normalisation des relations bilatérales.

Le mois dernier, Mme Vidal a noté que la construction d'une relation en partant de zéro prenait du temps, mais que la prochaine élection présidentielle ajoutait un sentiment d'urgence au processus.

Elle a indiqué à l'agence de presse officielle cubaine que si M. Obama accélérait la levée des sanctions américaines existantes contre Cuba pendant qu'il était encore au pouvoir, les relations seraient moins vulnérables après son départ.

La visite à Cuba de M. Obama s'inscrit dans le cadre d'une tournée du président américain en Amérique latine qui le conduira également en Argentine les 23 et 24 mars.

Lire aussi:

Cuba se félicite de la prochaine visite d'Obama et appelle à lever des obstacles clés

LA HAVANE, 18 février (Xinhua) -- Une haute responsable cubaine s'est félicitée jeudi de la prochaine visite du président américain Barack Obama en soulignant qu'il s'agissait d'"un pas de plus vers l'amélioration des relations" entre le pays caribéen et les Etats-Unis.

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