La déclaration d'Abe à propos de la guerre est une "insulte" aux victimes de l'agression japonaise, selon un historien américain
Publié le 2015-08-16 à 04:15 | french.xinhuanet.com
WASHINGTON, 15 août (Xinhua) -- La déclaration du Premier ministre japonais Shinzo Abe à l'occasion du 70ème anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale manque de sincérité et est une "insulte" aux victimes de l'agression militaire et sexuelle japonaise, a indiqué samedi à Xinhua un historien américain.
Dans sa déclaration, M. Abe a mentionné les excuses de gouvernements précédents au sujet du passé guerrier du Japon, mais il n'a pas présenté les siennes.
Peter Kuznick, professeur d'histoire à American University, a expliqué que M. Abe balançait entre sa propre croyance que le comportement du Japon pendant la guerre avait été généralement acceptable et le jugement moral collectif selon lequel le Japon a été un pays agresseur dont le comportement a été monstrueux et indéfendable.
"Le résultat est une déclaration fade qui ni n'accepte la responsabilité pour l'agression japonaise passée d'une manière qui satisfasse la Chine, les deux Corées et les autres victimes des atrocités japonaises ni ne va à l'encontre des nationalistes de l'extrême-droite japonaise, qui forment l'ossature des partisans d'Abe", a précisé M. Kuznick.
Le qualifiant de "falsificateur historique notoire", M. Kuznick a estimé que l'absence de présentation d'excuses de la part de M. Abe "n'était pas une surprise", ajoutant que les actes du Premier ministre japonais étaient plus dangereux que ses mots.
"Il remilitarise le Japon. Il est en train de concrètement remettre la constitution pacifique du Japon dans les oubliettes de l'histoire, ce qui de manière compréhensible alarme tous les pays voisins du Japon", a ajouté l'historien américain.
"L'élément essentiel n'est pas ce qu'il dit dans cette pseudo-déclaration creuse mais ce qu'il fait concrètement en tant que Premier ministre du Japon", a-t-il ajouté.
Si M. Abe abroge l'article 9 de la constitution japonaise, la clause qui renonce à la guerre, a mis en garde M. Kuznick, le futur du Japon et du reste de l'Asie pourrait devenir "beaucoup plus problématique".