FIFA : l'enquête soulève des questions au Parlement européen (PAPIER GENERAL)

Publié le 2015-06-12 à 07:24 | french.xinhuanet.com

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STRASBOURG, 11 juin (Xinhua) -- Alors que l'enquête américano-suisse visant la FIFA secoue la planète football, le Parlement européen (PE) réuni en session plénière à Strasbourg a appelé jeudi à une tolérance zéro contre la corruption. Le timing des investigations, l'attentisme de l'Union européenne (UE), les enjeux de l'enquête ont suscité des débats.

Suite aux nombreuses accusations contre les plus hautes instances de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) et à la démission de son président Joseph ''Sepp'' Blatter, les eurodéputés ont également demandé, dans une résolution adoptée ce jour, qu'un remplaçant soit nommé pour assurer l'intérim.

Lors des débats organisés avant le vote, des eurodéputés n'ont pas pu s'empêcher de se demander pourquoi ces enquêtes n'avaient pas eu lieu plus tôt tant la corruption au sein de la FIFA était un secret de polichinelle depuis des décennies.

L'Europe n'a pas fait preuve de beaucoup d'empressement pour s'attaquer aux affaires de corruption de la FIFA, loin s'en faut, ont relevé plusieurs eurodéputés. "Pourquoi les Etats-Unis doivent-ils venir faire le ménage chez nous ?", a souligné Sophia In't Veld (Alliance des Libéraux et des Démocrates pour l'Europe).

''Nous le savions déjà. Pourquoi l'Union européenne n'a pas réagi plus tôt ? Pourquoi les Etats membres n'ont pas agi contre la corruption dans leurs propres organisations nationales ?'', a renchéri le vice-président du PE Ulrike Lunacek (Verts européens).

Nombreux sont ceux qui s'interrogent sur le ''timing'' de ces investigations. Sepp Blatter lui-même a laissé entendre que les Américains tentaient ainsi d'accuser Vladimir Poutine et ''d'étendre leur juridiction à d'autres Etats''.

D'autres se demandent tout de même si cette affaire n'est pas tout bonnement un autre moyen de s'attaquer à la Russie devenue persona non grata en Europe depuis son annexion de la Crimée en mars 2014.

Ils trouvent aussi surprenants que, lors de cette même session parlementaire, la Russie, qui doit accueillir la Coupe du monde 2018, ne soit plus considérée comme un ''partenaire stratégique'' par l'UE.

''Nous ne devrions pas être impliqués dans des questions géopolitiques focalisées sur la Russie'', argue l'eurodéputé français Steeve Briois (Front National), qui exhorte ses collègues à s'intéresser plutôt à l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar.

Les procédures engagées par la justice américaine et suisse ne font que confirmer une idée communément acquise selon laquelle ''la corruption au sein de la FIFA est endémique, systémique et profondément ancrée'', concèdent les eurodéputés. Mais l'ampleur du phénomène provoque un véritable tremblement de terre sur toute la planète football.

Les enquêtes qui mettent en cause la FIFA s'inscrivent dans le cadre d'un plan global de lutte contre la corruption lancé par le FBI. Le résultat de ces investigations risque bien de se faire attendre longtemps. Mais, d'ores et déjà, beaucoup insistent sur le fait que de nombreuses affaires de corruption ont déjà compliqué particulièrement les relations entre Washington et Berne, mais aussi celles de Washington avec d'autres Etats européens.

Le secteur bancaire helvétique a notamment fait l'objet d'intenses et minutieuses enquêtes menées par les Américains dans le cadre de la lutte contre la fraude fiscale et le blanchiment d'argent. Le département de la Justice des Etats-Unis a d'ailleurs annoncé mardi que des accords avaient été trouvés avec la Société Générale Private Banking et la Berner Kantonalbank AG qui ont respectivement accepté de payer des amendes de 17,807 millions et 4,619 millions de dollars.

Depuis l'arrestation de neuf de ses hauts dirigeants à Zurich le mois dernier, la FIFA est plongée dans une tourmente qui ne cesse de croître. La justice américaine les accuse de transferts financiers frauduleux, de blanchiment d'argent et d'autres faits de corruption. Elle a demandé leur extradition. Ces arrestations ont eu lieu deux jours avant la réélection du président de la FIFA Joseph ''Sepp'' Blatter pour un cinquième mandat. Le 2 juin, à la surprise générale, il a annoncé sa démission afin, a-t-il affirmé, de mettre en œuvre de ''profondes réformes''.

Des sponsors de premier plan comme Visa et Adidas ont exigé que la FIFA ''fasse le ménage'' et mette de l'ordre dans ses affaires, y compris au sein de ses dirigeants qui n'ont pas encore fait l'objet d'accusations de corruption.

La FIFA a annoncé mercredi avoir décidé de suspendre le processus administratif de candidature pour la Coupe du monde 2026, processus qui prévoit un vote en 2017. Le même jour, des perquisitions ont eu lieu dans les bureaux de la FIFA où du matériel informatique a été saisi.

Après les Etats-Unis, la Suisse a, à son tour, ouvert une enquête concernant l'attribution de la Coupe du monde 2018 à la Russie et celle de 2022 au Qatar.

En avril, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe avait déjà voté une résolution appelant la FIFA à une réforme de sa gouvernance, lui demandant de réexaminer l'attribution de la Coupe du Monde 2022 qu'une enquête jugeait entachée de ''graves irrégularités''.

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