BEIJING, 8 juin (Xinhua) -- L'arrestation récente des dirigeants de la Fédération internationale de football association (FIFA) à la demande des Etats-Unis a non seulement révélé la propension arrogante des Etats-Unis à se prendre pour les "gendarmes du monde", mais aussi créé un mauvais précédent pour les relations internationales.

Le département américain à la Justice a récemment inculpé neuf hauts responsables de la FIFA et cinq hauts dirigeants pour des accusations de fraude, corruption et blanchiment d'argent.

Sept d'entre eux ont été arrêtés par la police suisse le 27 mai à la demande des autorités américaines. Selon l'Office fédéral suisse de la justice, six d'entre eux ont contesté leur extradition vers les Etats-Unis.

Bien que cette opération de lutte contre la corruption puisse permettre d'accélérer d'une certaine manière la réforme de l'organisme de gouvernance du football mondial, elle ressemble davantage à un plan bien conçu visant des objectifs géopolitiques.

Il mérite d'être noté que la campagne menée par les Etats-Unis a été lancée alors que Sepp Blatter, qui a fustigé la tactique employée par les enquêteurs américains de lutte contre la corruption, venait d'obtenir un cinquième mandat en tant que président de la FIFA et que la Russie se prépar-ait à accueillir la Coupe du monde de 2018.

M. Blatter, qui soutient la candidature de la Russie pour 2018 et souhaite promouvoir davantage le football dans les pays et les régions en développement, a surpris le monde en annonçant sa démission quatre jours seulement après sa réélection.

Dans un article publié le 3 juin sur son site internet, le Financial Times a souligné que les Etats-Unis seraient le principal bénéficiaire de cette campagne.

Un responsable de l'Association brésilienne de football (CBF) a également souligné que l'intervention de Washington dans les affaires internes de la FIFA avait fait de l'organisme le théâtre d'affrontements politiques entre les grandes puissances où se joue une nouvelle Guerre froide.

Sur la scène politique internationale, les Etats-Unis ont longtemps joué le rôle de "gendarmes du monde". Les actions de Washington dans la tempête anti-corruption qui a balayé la FIFA ont une fois de plus révélé son hégémonie et sa puissance politique.

Selon Igor Trunov, vice-président de l'Union fédérale des avocats de Russie, les Etats-Unis ont placé leur système juridique national au-dessus du système international en faisant arrêter les responsables d'une organisation internationale.

"Si un pays peut le faire, qu'adviendrait-il si tous les pays le faisaient?", s'est interrogé M. Trunov, soulignant que la négligence du droit international débouchera sur des conflits et des guerres dans le pire des cas.

Le président russe Vladimir Poutine a également déclaré que cette opération était une tentative des Etats-Unis d'étendre leur juridiction aux pays étrangers.

"Il est possible que quelqu'un ait contrevenu à des règles, mais les Etats-Unis n'ont rien à voir là-dedans", a-t-il déclaré avant d'ajouté que la poursuite judiciaire des hauts responsables de la FIFA pouvait être un moyen pour les Etats-Unis "de parvenir à leurs propres desseins égoïstes".

Le Financial Times a noté que la réponse de M. Poutine avait montré que le conflit politique autour de la FIFA avait soulevé une question sur la politique mondiale : les Etats-Unis sont-ils puissants au point de pouvoir faire la pluie et le beau temps sur des organisations internationales?

Les Etats-Unis savent toujours s'ingérer dans les affaires internes des organisations internationales et d'autres pays en vue de les contraindre à agir comme ils le souhaitent pour servir leurs objectifs politiques.

Comme l'a souligné le journal russe Rossiskaya Gazeta, les Etats-Unis ne renoncent jamais à combattre ceux qu'ils détestent.

Avec le manque de transparence financière, d'équilibre du pouvoir et de supervision de la FIFA, il n'est pas surprenant que certains types de corruption existent au sein de l'organisation, de ligues professionnelles et d'événements internationaux. Il est donc nécessaire de prévenir la corruption dans le football à l'aide de méthodes efficaces.

L'esprit sportif ne devrait pas être terni. Et le sport ne devrait pas devenir un instrument servant des manoeuvres politiques.