La hausse des droits de douane américains pourrait précipiter la fermeture des usines et entreprises à Madagascar, rendant plus fragile "le tissu productif national" du pays, a averti Julien Rakoto, un économiste malgache lors d'une récente interview accordée à Xinhua.
ANTANANARIVO, 21 mai (Xinhua) -- La hausse des droits de douane américains pourrait précipiter la fermeture des usines et entreprises à Madagascar, rendant plus fragile "le tissu productif national" du pays, a averti Julien Rakoto, un économiste malgache lors d'une récente interview accordée à Xinhua.
Au début du mois d'avril, l'administration américaine a annoncé la décision d'imposer des droits de douane de 47% sur l'ensemble des produits en provenance de Madagascar. Bien que l'entrée en vigueur de ces droits de douane "réciproques" ait été suspendue pour le moment, un taux de base de 10% est désormais appliqué à tous les partenaires commerciaux des Etats-Unis.
Selon M. Rakoto, "à très court terme, cette mesure risque d'engendrer un ralentissement significatif des exportations, une détérioration de la compétitivité des produits malgaches sur le marché américain, une baisse des recettes en devises étrangères ainsi qu'un risque accru de pertes massives d'emplois".
Il a également mis en garde contre des effets à plus long terme : "La hausse soudaine des droits de douane pourrait précipiter la fermeture de certaines unités industrielles ou contraindre les entreprises à réduire leur production (...) et le tissu productif national risque ainsi de se fragiliser sans mesures correctrices urgentes".
Le secteur textile, principal bénéficiaire de l'AGOA (African Growth and Opportunity Act), est au cœur des préoccupations, a précisé M. Rakoto, en ajoutant que la filière vanille n'était pas épargnée non plus.
Pour amortir le choc, l'expert malgache a plaidé pour l'intégration régionale et "un recentrage stratégique" vers les marchés africains, notamment à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).
Il a également suggéré le recours aux mécanismes multilatéraux, tels que l'Organisation mondiale du commerce (OMC), afin de soutenir constamment les exportateurs malgaches.
Par ailleurs, "la crise actuelle peut constituer un catalyseur pour refonder la stratégie économique du pays". "Elle offre une occasion propice pour investir dans l'innovation, développer des filières à haute valeur ajoutée et reconfigurer les chaînes de production", a-t-il conclu.
