(Eskinder Debebe/ONU/via Xinhua)
NEW YORK, 22 mai (Xinhua) -- La mise en œuvre imminente d'un cessez-le-feu vital au Soudan, qui doit entrer en vigueur lundi soir, pourrait "ouvrir la voie" à des pourparlers de paix et mettre un terme au conflit qui dure depuis un mois, selon Volker Perthes, représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour le Soudan.
"Des vies et des infrastructures sont détruites, et la situation en matière de sécurité entrave l'acheminement de l'aide humanitaire", a déclaré le plus haut responsable de l'ONU au Soudan, lors d'un exposé au Conseil de sécurité lundi sur l'évolution récente de la situation.
Malgré les déclarations répétées de cessez-le-feu des Forces armées soudanaises et des Forces de soutien rapide depuis l'éclatement des combats le 15 avril, le conflit au Soudan se poursuit sans relâche depuis cinq semaines, sans aucun signe de ralentissement, a relaté M. Perthes qui est aussi chef de la Mission intégrée des Nations Unies pour l'assistance à la transition au Soudan (MINUATS).
S'il est respecté, le cessez-le-feu d'une semaine renouvelable devrait faciliter l'acheminement de l'aide à des millions de personnes dans le besoin et "ouvrir la voie à des pourparlers de paix", a-t-il prédit au Conseil.
Toutefois, M. Perthes a exprimé de nombreuses inquiétudes concernant les graves violations des droits de l'homme, le pillage généralisé et la prolifération des armes dans le pays.
Il a averti que l'escalade de l'ethnicisation du conflit pourrait conduire à une crise prolongée et généralisée avec des ramifications pour l'ensemble de la région. Dans ce contexte, M. Perthes a exhorté les deux parties à privilégier le dialogue et à s'engager dans des négociations pacifiques, en soulignant l'importance d'agir dans l'intérêt supérieur du Soudan et de son peuple.
Les civils ont payé un lourd tribut à cette "violence insensée", a-t-il relaté, notant les plus de 700 décès signalés, dont 190 enfants, les 6.000 blessés et de nombreux autres personnes disparues. La violence a déplacé plus d'un million de personnes ; plus de 840.000 ont fui vers des zones plus sûres tandis que 250.000 autres ont traversé les frontières. Parmi ces déplacés, près de 8.000 sont des femmes enceintes.
Les combats qui se poursuivent dans tout le pays ayant donné lieu à de "graves atteintes aux droits de l'homme et à des violations" du droit humanitaire international, compromettant gravement la protection et le bien-être des civils.
"Ces violations doivent faire l'objet d'une enquête et leurs auteurs doivent être traduits en justice", a recommandé M. Perthes, ajoutant que "la famille des Nations Unies continue de surveiller et de plaider en faveur de la cessation de toutes les violations".
Le responsable onusien a par ailleurs déploré l'effondrement du secteur de la santé : plus des deux tiers des hôpitaux sont fermés, un grand nombre de professionnels de la santé ont perdu la vie et les ressources médicales essentielles s'amenuisent. Les locaux de l'ONU ont également été pris pour cible.
La MINUATS soutient activement l'équipe de pays des Nations Unies et les partenaires humanitaires dans leurs efforts pour rétablir le flux des fournitures d'aide à destination du Soudan et à l'intérieur du pays, a-t-il poursuivi.
M. Perthes a souligné le besoin urgent de fonds supplémentaires. Le plan de réponse humanitaire révisé, lancé le 17 mai, demande 2,6 milliards de dollars pour aider 18 millions de personnes, ce qui représente une augmentation substantielle par rapport aux 15 millions de dollars demandés avant le début du conflit.
Alors que les pourparlers de paix progressent, M. Perthes a souligné l'importance d'impliquer un large éventail de parties prenantes civiles et politiques dans le processus, notant qu'en fin de compte, une transition crédible dirigée par des civils est essentielle pour parvenir à une paix durable au Soudan. Fin
(Eskinder Debebe/ONU/via Xinhua)
