Les récentes remarques des hommes politiques américains sur la Chine sont-elles un "geste de bonne volonté" ? (COMMENTAIRE) - Xinhua - french.news.cn

Les récentes remarques des hommes politiques américains sur la Chine sont-elles un "geste de bonne volonté" ? (COMMENTAIRE)

French.news.cn | 2023-05-03 à 13:54

BEIJING, 3 mai (Xinhua) -- Le président américain Joe Biden a déclaré mercredi dernier que la loi sur la protection des semi-conducteurs et de la recherche américains (Chips and Science Act) n'était "pas conçue pour nuire à la Chine". Mais ses remarques, ainsi que d'autres remarques similaires faites par plusieurs responsables américains, sont-elles crédibles ?

Auparavant, la représentante américaine au Commerce, Katherine Tai, avait affirmé que tous les membres de l'administration de M. Biden avaient été "très clairs" sur le fait que le découplage avec l'économie chinoise n'était "ni un objectif, ni réalisable". La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a également démenti le fait que les Etats-Unis cherchaient à découpler l'économie américaine de l'économie chinoise.

Ces remarques peuvent sembler amicales, mais elles peuvent guère être interprétées comme un "geste de bonne volonté" des Etats-Unis à l'égard de la Chine. En fait, ces commentaires s'inscrivent dans le cadre de la politique chinoise à double face menée depuis longtemps par Washington : appliquer une approche mixte d'endiguement, de concurrence et de coopération pour servir au mieux les intérêts personnels des Etats-Unis et leur prétention à dominer le monde.

LE DOUBLE JEU HABITUEL

En fait, ce n'est pas la première fois que ces hauts responsables américains font de telles remarques trompeuses. Lors d'une visite en France en 2021, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait dit que "notre objectif n'est pas de contenir la Chine" ou "d'essayer de l'entraver".

Que penser alors de l'écart entre ces discours et les politiques réellement mises en œuvre par Washington ?

Sur de nombreuses questions urgentes, les Etats-Unis ont effectivement besoin de la coopération de la Chine, comme la résolution de la crise financière mondiale de 2008 et la lutte contre le changement climatique. Aucun pays ne peut résoudre ces problèmes à lui seul.

Par ailleurs, les administrations américaines qui se sont succédées au cours des dernières décennies ont considéré la Chine comme un concurrent stratégique et un défi à la suprématie mondiale des Etats-Unis.

Washington a donc choisi d'exiger la communication et la coopération de la Chine d'une part, tout en essayant d'en contenir le développement d'autre part, par divers moyens, sous le prétexte de sauvegarder la sécurité nationale et le soi-disant ordre international fondé sur des règles.

Par exemple, Washington ne cesse de répéter qu'il ne cherchera pas à déclencher une nouvelle "Guerre froide" avec Beijing, alors qu'il met en avant le discours "démocratie contre autocratie" ; il prétend vouloir promouvoir la vision d'un système international ouvert et inclusif, alors qu'il est déterminé à construire une série de blocs exclusifs tels que le Quad et partenariat AUKUS afin d'encercler la Chine.

Tout en affirmant que la loi sur la protection des semi-conducteurs et de la recherche américains n'a pas été conçue pour nuire à la Chine, une partie intéressée de la loi "ne peut participer à aucune transaction importante (...) impliquant l'expansion matérielle de la capacité de fabrication de semi-conducteurs" en Chine ou dans tout autre pays étranger concerné au cours de la période de dix prochaines années. Entretemps, Washington contraint certains de ses principaux alliés à réduire leurs livraisons de puces électroniques à la Chine.

Les exemples d'hypocrisie américaine ne manquent pas. Plus récemment, les Etats-Unis continuent de colporter des mensonges sur un ballon civil chinois et sur la traçabilité des origines de la COVID. Ils ont également insisté pour organiser une soi-disant escale américaine pour la dirigeante de la région chinoise de Taiwan. Ces actions n'ont fait que renforcer l'impression que Washington n'a pas vraiment l'intention de modifier sa politique chinoise erronée et d'améliorer les relations bilatérales.

"Les Etats-Unis et la Chine ont tous deux un rôle important à jouer dans la diplomatie mondiale et le dialogue stratégique. Une communication et une coopération accrues sur des questions telles que le changement climatique, la santé mondiale et la non-prolifération nucléaire pourraient profiter aux deux pays ainsi qu'au monde entier", a estimé Cavince Adhere, un chercheur en relations internationales basé au Kenya.

Les démarches des Etats-Unis, telles que l'engagement dans la répression commerciale, technologique et économique de la Chine, n'ont guère contribué à stabiliser les relations, malgré certaines tentatives de Washington de paraître plus amical, a-t-il averti.

DES RESULTATS PREJUDICIABLES

Les relations sino-américaines sont largement reconnues comme les liens bilatéraux les plus importants au monde. Une gestion aussi douteuse de ces relations par Washington ne se retournera pas seulement contre les Etats-Unis et finira par nuire à leurs propres intérêts, mais elle empêchera également la communauté internationale de résoudre ses problèmes communs.

La dette du gouvernement fédéral américain a atteint son plafond de 31.400 milliards de dollars en janvier dernier. La Réserve fédérale n'a cessé d'augmenter les taux d'intérêt pour freiner l'inflation. Plusieurs banques américaines se sont effondrées, faisant craindre une crise bancaire, et les turbulences financières ont intensifié le risque de récession.

Des experts ont indiqué que dans de telles circonstances et dans un monde interconnecté, une bonne gestion des relations Chine-Etats-Unis pourrait aider ces derniers à stabiliser leur situation économique et financière.

Nourhan el-Sheikh, professeur de relations internationales à l'université du Caire, a affirmé que la Chine, en tant que deuxième économie mondiale et moteur important du commerce mondial, est également un important détenteur de bons du Trésor américain.

Afin d'établir des relations saines entre les deux pays, Washington doit renoncer à sa politique chinoise à double face et coopérer avec la Chine de manière sincère, alors que des politiciens américains ne doivent pas prétendre une chose et en faire une autre.

La politique de Washington à l'égard de la Chine, qui combine endiguement et coopération, a des conséquences mondiales. Le fait que les Etats-Unis parlent de coopération tout en cherchant la confrontation a fortement perturbé l'ordre mondial et semé la confusion dans les autres pays, ce qui a encore nui à leur réputation.

La politique américaine de contraindre la Chine a ébranlé les chaînes industrielles mondiales et porté atteinte aux intérêts de nombreux pays, a constaté Zhang Yifei, chercheur associé à l'Institut d'études américaines de l'Académie chinoise des sciences sociales.

Stephen Walt, professeur de relations internationales à l'Université de Harvard, a expliqué dans un article paru dans le magazine Foreign Policy que la plupart des pays "ne souhaitent pas voir la concurrence entre les grandes puissances échapper à tout contrôle, car ils pensent qu'un affrontement sino-américain aurait des conséquences négatives pour eux".

"Dans les décennies à venir, de nombreux pays préféreront donc se rallier à la grande puissance qui semble plus susceptible de promouvoir la paix, la stabilité et l'ordre. Dans la même logique, ils auront tendance à s'éloigner des grandes puissances qui, selon eux, troublent la paix", a-t-il ajouté. Fin

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