(Multimédia) Le tissu Ndop transforme les femmes camerounaises en microentrepreneuses (REPORTAGE) - Xinhua - french.news.cn

(Multimédia) Le tissu Ndop transforme les femmes camerounaises en microentrepreneuses (REPORTAGE)

French.news.cn | 2023-03-09 à 20:50

Une femme vend des produits Ndop sur un marché à Bafoussam, au Cameroun, le 3 mars 2023. (Xinhua/Kepseu)

Dans un modeste bâtiment de Bafoussam, chef-lieu de la région de l'Ouest du Cameroun, Thérèse Yommo a soigneusement décoré les tissus avec des motifs. Agée de 64 ans, Mme Yommo est une experte dans la fabrication du Ndop, un tissu camerounais extraordinaire qui incarne la mode, la tradition et la fierté nationale.

YAOUNDE, 8 mars (Xinhua) -- Dans un modeste bâtiment de Bafoussam, chef-lieu de la région de l'Ouest du Cameroun, Thérèse Yommo a soigneusement décoré les tissus avec des motifs.

Agée de 64 ans, Mme Yommo est une experte dans la fabrication du Ndop, un tissu camerounais extraordinaire qui incarne la mode, la tradition et la fierté nationale.

En grandissant, Mme Yommo ne nourrissait pas d'ambitions particulières. Pendant des années, elle s'est occupée quotidiennement du foyer : aller chercher de l'eau dans le puits, cuisiner, faire le ménage et prendre soin de ses frères et sœurs cadets. Mais les choses ont changé quand sa mère lui a appris à broder le Ndop.

"Quand je me suis mariée, on ne gagnait pas assez d'argent, il fallait qu'on se batte pour manger. Et maintenant grâce au Ndop, je nourris mes fils, je les envoie à l'école, et il me reste assez d'argent pour mes dépenses personnelles", témoigne Mme Yommo, aujourd'hui veuve et mère de six enfants.

Au Cameroun, l'artisanat comme la couture, le matelassage, la broderie et le tissage ont toujours été une voie d'expression de la créativité des femmes. Fabriqué à l'origine par des femmes, le tissu Ndop est un symbole important du statut social et du patrimoine culturel. Aujourd'hui, d'une manière différente, il améliore la vie des femmes.

Le textile traditionnel aide à lutter contre la pauvreté et à autonomiser les femmes dans le secteur de la confection en créant un écosystème de centaines de microentrepreneuses indépendantes.

Mme Yommo affirme avoir formé plus de 40 femmes dans le commerce et la fabrication du Ndop.

Lorsque Xinhua a visité sa boutique appelée Magni Yom's Shopping, deux femmes se sont assises et ont étendu un morceau de tissu sur leurs jambes pour pratiquer leurs nouvelles compétences en broderie.

Une commerçante range des produits Ndop sur un marché à Bafoussam, au Cameroun, le 3 mars 2023. (Xinhua/Kepseu)

L'une d'elles se nomme Sylvie Mebeyi. "La fabrication du Ndop m'a attirée parce que le ndop est à la mode ici, chez nous", indique cette mère de trois enfants, âgée de 54 ans.

Mme Mebeyi tenait un petit café, mais en vieillissant, elle n'est plus en mesure de se lever à quatre heures tous les matins. Elle a saisi l'occasion d'apprendre Ndop lorsque celle-ci s'est présentée.

"J'ai voulu apprendre une technique que je pourrai transmettre à mes fils et mes petits-fils", explique-t-elle, ajoutant que même après deux ans de formation, elle est encore novice, car le processus de production est à forte intensité de main-d'œuvre et comporte plusieurs étapes, parfois jusqu'à six mois.

Selon Helen Youte, 58 ans, qui pratique avec Mme Mebeyi, cette longue période de production en vaut la peine car le tissu est durable et traditionnel.

Mme Youte est passée de son entreprise de restauration à la fabrication du Ndop. Après seulement trois ans de pratique, elle a déjà commencé à gagner sa vie.  "Le Ndop a changé ma vie parce que mes enfants mangent, je les ai envoyés à l'école (...)", témoigne cette mère de six enfants.

A Baham, une commune à environ 20 kilomètres de Bafoussam, Philippe Guy Kammogne, 48 ans, a fait sa responsabilité de l'autonomisation des femmes à travers le Ndop."Nous avons formé les femmes afin qu'elles ne soient pas forcément dépendantes de leurs maris. Cela leur rapporte de l'argent (...) et leur permet d'envisager leur avenir", selon Kammogne, lui-même père de deux enfants.

Utilisé dans les cérémonies traditionnelles, les mariages et les funérailles, la demande pour le ndop augmente, indique Rostanie Djifack, qui vend le tissu au marché B de Bafoussam. "Avec le tissu Ndop, on peut faire beaucoup de choses : on peut faire des boubous, des colliers, des bracelets", explique la jeune femme de 20 ans qui ajoute que la vente du Ndop a amélioré sa vie.

Selon la taille, le design et la qualité, un Ndop peut coûter jusqu'à 150 dollars.

Depuis 2020, le Ndop est classé au patrimoine national du Cameroun par le ministère des Arts et de la Culture. Une association locale appelée Save Ndop souhaite inscrire ce textile traditionnel sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.

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