Le Brésil à nouveau sur les rails
Publié le 2017-11-15 à 11:10 | french.xinhuanet.com
Michel Temer
Il y a un peu plus d'un an et demi, j'ai été investi dans mes fonctions à la tête du gouvernement brésilien, confronté à la tâche de surmonter la plus grave crise économique de l'histoire du pays, et de traiter de ses profondes conséquences sociales. Face à ce défi, j'ai proposé un programme de transformation sans recourir à des mesures populistes. Ce programme, qui contient le plus vaste ensemble de réformes structurantes des trente dernières années, repose sur l'équilibre budgétaire, la responsabilité sociale, et l'augmentation de la productivité.
Les résultats sont visibles. La récession touche à sa fin, et l'économie brésilienne connaît son deuxième trimestre consécutif de croissance. Les analystes tablent sur une croissance du PIB de près de 1% en 2017. L'inflation, qui avoisinait les 10% en mai 2016, est désormais en-dessous du milieu de la fourchette cible : 2,54% en septembre. Le pouvoir d'achat s'améliore, avec la progression de plus de 6% des salaires réels. Le taux directeur SELIC, qui se situait en mai 2016 à 14,25%, baisse de manière soutenue. Aujourd'hui, il est à 7,5%, son niveau le plus bas depuis 4 ans, et le «spread» bancaire a considérablement reculé. À elle seule, la réduction raisonnable des taux d'intérêts a rapporté 80 milliards de «réals» à l'État.
La balance commerciale brésilienne bat régulièrement de nouveaux records: entre janvier et octobre de cette année, l'excédent a atteint 58,477 milliards de dollars (croissance de 51,8% par rapport à la même période en 2016). Sur la même période en 2017, la production industrielle a augmenté de 1,6% (jusqu'en mai 2016, elle s'était contractée de 9,8%). Les exportations de véhicules ont augmenté de 55,7% par rapport à 2016, avec un total cumulé en 2017 qui dépasse déjà la barre des 560 000 unités. La vente de véhicules neufs sur le marché national affiche cette année une hausse de 9,28% comparée à la même période l'année précédente. La récolte de céréales et d'oléagineux devrait s'établir à un niveau historique - 242 millions de tonnes en 2017, soit une augmentation de 30% par rapport à l'année dernière. Traduisant une reprise de l'économie brésilienne, l'activité portuaire a connu une croissance de 5,7% en 2017, et le marché intérieur de l'aviation a progressé de 6,6% par rapport à septembre 2016.
Ce cercle vertueux est à l'origine de la restauration de la confiance envers l'économie brésilienne. L'Indice de confiance des entreprises (de la Fondation Getúlio Vargas - FGV) s'établissait à 90,3 points en octobre, son plus haut niveau depuis juillet 2014. Le risque Brésil (indice des obligations des marchés émergents - EMBI) a reculé de 544 points de base (janvier 2016), passant à 239 points de base (octobre 2017), soit une réduction de 56,1 % du «spread» souverain. Le CDS-5 ans, qui était à 328 points, se situe aujourd'hui à 173,5 points. L'indice de la Bourse de São Paulo IBOVESPA a dépassé les 76 000 points en septembre 2017, après être passé en dessous des 38 000 points en janvier 2016. Le total cumulé des IED au cours du premier semestre de 2017 s'élevait quant à lui à 40,3 milliards de dollars (contre 78,9 milliards de dollars en 2016). Les appels d'offres dans le domaine de l'énergie organisés sous de nouveaux modes règlementaires, dont celui qui régit les gisements du pré-sel, ont généré plus de 22 milliards de «réals» en recettes pour l'État. Des investissements à hauteur de 444 milliards de «réals» sont attendus au cours des prochaines années sur ce seul secteur, dans lequel 500 000 nouveaux emplois devraient être créés.
Des mesures fondées sur la rationalité et la prévisibilité économiques ont contribué à améliorer l'environnement des affaires, grâce à des initiatives de simplification administrative dans les secteurs agricole, des services, du commerce de détail et du commerce extérieur. La loi sur la responsabilité des entreprises publiques a garanti leur professionnalisation. Autrefois sans crédibilité, les entreprises publiques brésiliennes ont repris aujourd'hui de la valeur. Après des pertes de 32 milliards de «réals» en 2015, elles ont enregistré des bénéfices de 4,6 milliards de «réals» l'année suivante et de 17,3 milliards de «réals» au premier semestre 2017. Par ailleurs, afin de promouvoir la productivité, la réforme du code du travail a été approuvée. Sans enlever de droits, la législation a été modernisée et a permis de formaliser des travailleurs auparavant exclus.
La réussite de ce programme se reflète déjà sur la reprise de l'emploi, avec une augmentation du taux d'emploi. Le solde positif accumulé de l'année, selon les données du registre général des employés et des chômeurs («Cadastro Geral de Empregados e Desempregados»
Le rétablissement de l'équilibre budgétaire et de la croissance économique a permis d'augmenter les ressources destinées au social. Des programmes auparavant menacés par la dégradation budgétaire ont été revalorisés tout en respectant le plafond constitutionnel et l'efficacité des dépenses publiques. L'allocation du programme «Bolsa Família»
Le budget de la santé et de l'éducation a augmenté. La rationalisation de la gestion dans le domaine de la santé a dégagé davantage de ressources pour les services essentiels: 4 milliards de «réals»
Les résultats montrent que la stratégie proposée et mise en oeuvre par le gouvernement est bonne. Nous avons laissé la crise dernière nous et repris le chemin du développement. Convaincu qu'il n'y pas de temps à perdre, je continuerai à faire approuver des projets de réformes. La prochaine étape sera la continuité des réformes, ce qui garantira la solvabilité et la survie du système, en plus de faire disparaître les privilèges. La simplification de la législation fiscale, une autre priorité, augmentera la compétitivité de la production nationale. Avec le soutien indispensable du Congrès national, des travailleurs et des chefs d'entreprises, nous remettons le Brésil sur les rails.
MICHEL TEMER est le président de la République