Cinq ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, la vérité reste cachée

Publié le 2016-05-25 à 19:22 | french.xinhuanet.com

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Une semaine d'actualités en images (du 16 au 22 mai 2016)

Décès du maître de l'opéra de Beijing Mei Baojiu

Cette photo prise le 7 mars 2015 montre des champs et des maisons abandonnés à Iitate, dans la préfecture de Fukushima au Japon. (Xinhua/Liu Tian)

Un grand appareil de mesure de radioactivité se trouve devant la municipalité du village d'Iidate, dans la préfecture de Fukushima au Japon, située à 40 km de la centrale nucléaire Daiichi de Fukushima, frappée par un séisme et un tsunami violents en mars 2011.

Son tableau immaculé affiche en rouge un chiffre, celui de 0,38 microsieverts/heure.

"Ce chiffre est bien trop bas", explique Yoichi Tao, bénévole diplômé de physique.

Montrant un appareil de mesure d'allure modeste, il explique : "Ceci est un appareil de mesure que nous avons créé nous-mêmes. Le niveau de radiation est huit à 10 fois le chiffre officiel".

Cinq ans après l'accident nucléaire de Fukushima, les conclusions des enquêtes sur le sujet sont gardées sous le secret.

Des Japonais manifestent devant la résidence officielle du Premier ministre à Tokyo le 11 mars 2015, pour protester contre la Tokyo Electric Power Company (TEPCO), propriétaire et opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima. (Xinhua/Stringer)

Combien de temps faudra-t-il pour surmonter les conséquences de la catastrophe de Fukushima ? Quel est son impact écologique exact sur l'environnement ? Comment progresse le processus de décontamination ? Comment les déchets nucléaires doivent-ils être traités ?

Sur toutes ces questions, beaucoup d'experts du monde entier donnent la même réponse : "c'est difficile à dire, car nous n'avons pas suffisamment d'informations".

Un sondage mené par le quotidien national Asahi Shimbun et la presse locale de Fukushima en 2015 montrait que plus de 70 % des habitants de Fukushima n'étaient pas satisfaits des réponses du gouvernement.

Un point important concerne les problèmes de santé des enfants locaux, et en particulier les cancers de la thyroïde potentiellement provoqués par les radiations nucléaires.

Toshihide Tsuda, professeur d'épidémiologie environnementale à l'université de Okayama au Japon, a révélé que l'incidence du cancer de la thyroïde chez les enfants de la préfecture de Fukushima était 20 à 50 fois supérieure à la moyenne nationale en 2014, trois ans après la catastrophe de Fukushima.

Les autorités locales ont soutenu que l'incidence de cancers n'a aucun lien avec les radiations nucléaires.

Maisons provisoires pour les sinitrés du tsunami à Minamisoma, dans la préfecture de Fukushima. (Xinhua/Liu Tian)

Dans un éditorial publié pour le cinquième anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima, le journal français "Le Monde" a indiqué que le gouvernement du Premier ministre Shinzo Abe était "impatient de tourner la page sur Fukushima", et qu'il démontrait une "volonté d'oublier".

Yuko Yoshida, secrétaire-général du Réseau des japonaises pour l'enquête de santé de Tchernobyl et l'aide de santé aux victimes, a fait remarquer les différences d'attitude des médias japonais dans leur couverture respective des accidents nucléaires de Tchernobyl et de Fukushima.

Elle a souligné qu'au cours des 30 dernières années, les médias japonais avaient scruté continuellement les développements à Tchernobyl.

Après la catastrophe de Fukushima, en revanche, ces médias se sont fondamentalement abstenus de toute investigation ou de tout reportage sur les dangers pour la santé provoqués par la catastrophe nucléaire de Fukushima, a souligné Yoshida.

On observe une attitude similaire dans les milieux de la recherche.

Le professeur Valéri Stepanenko, scientifique russe et spécialiste reconnu de dosimétrie médicale et environnementale et de sûreté radioactive, a déclaré à Xinhua avoir demandé à ses homologues japonais pourquoi le Japon n'avait pas effectué d'analyse rétrospective des doses de radiation reçues par la population.

Mais il n'a reçu que le silence ou des réponses vagues des chercheurs japonais àsur ce sujet.

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