Crise hospitalière : le PM français annonce 1,5 milliards d'euros de rallonge budgétaire (SYNTHESE)

French.xinhuanet.com|Publié le 2019-11-21 à 19:25
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PARIS, 21 novembre (Xinhua) -- Le Premier ministre français Edouard Philippe a présenté mercredi son plan d'urgence pour l'hôpital public, censé calmer la colère du personnel hospitalier qui réclame depuis plusieurs mois, davantage de "moyens et d’effectifs" pour "sauver l'hôpital public".

Parmi les principales mesures de ce plan qui peine à convaincre les professionnels de la santé figurent la reprise d’un tiers de la dette de l’hôpital public, une augmentation budgétaire d'1,5 milliards d’euros et des primes pour les infirmiers et les aides soignants.

"Nous allons augmenter le budget de l’assurance maladie d'1,5 milliard d’euros sur les trois prochaines années pour le secteur hospitalier. Sur ce 1,5 milliard, il y aura 300 millions de plus dès 2020", a annoncé Edouard Philippe qui a dévoilé mercredi le plan d’urgence pour l’hôpital, en compagnie de sa ministre de la Santé Agnès Buzyn.

Cette revalorisation du budget des hôpitaux qui passe ainsi de 2,1% prévu pour l’an prochain à 2,4% – au total 1,5 milliard sur trois ans – sera proposée et adoptée dès la semaine prochaine dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale, a expliqué le Premier ministre.

La seconde grande mesure de ce plan est relative au poids de la dette qui réduit les marges de manœuvre des hôpitaux. Pour inverser cette tendance, le gouvernement a décidé d’en alléger la charge. "Nous lancerons dès 2020 un programme massif de reprise de dette de 10 milliards d’euros sur trois ans, donc 3,3 milliards chaque année afin de rétablir l’équilibre financier des établissements" hospitaliers, a déclaré Edouard Philippe.

Selon le chef du gouvernement français, cette reprise permettra aux hôpitaux de réduire leur déficit et de retrouver les moyens d’investir, notamment dans la modernisation des équipements et de redonner de l’oxygène à la communauté des soignants.

Outre la revalorisation du budget et la reprise de la dette, ce plan d’urgence du gouvernement vise à répondre aux problèmes d’attractivité de l’hôpital public. "C’est la disproportion entre l’effort demandé au personnel et la rémunération qui explique les difficultés à recruter et qui entraine aujourd’hui des fermetures de lits", a expliqué pour sa part la ministre française de la Santé Agnès Buzyn.

Plusieurs mesures immédiates ont ainsi été prises pour rendre les carrières hospitalières publiques plus attractives. Parmi ces mesures, il y a l’attribution d'une prime annuelle de 800 euros par an aux 40.000 infirmiers et aides-soignants de Paris et sa petite couronne, qui gagnent moins de 1.900 euros mensuels.

La ministre de la Santé a également annoncé des enveloppes financières qui seront attribuées aux hôpitaux pour reconnaitre "l’engagement et l’investissement" du personnel. "Cela représentera une prime annuelle d’environ 300 euros. Le montant pourra varier en fonction des établissements et elle pourrait concerner jusqu’à 600.000 professionnels", a-t-elle détaillé.

Les aides soignants qui exercent auprès des personnes âgées et qui ont acquis une compétence spécifique en gériatrie pourront également bénéficier dès 2020 d’une prime de 100 euros nets mensuels. La prime d’engagement dans la carrière hospitalière des médecins comme du personnel paramédical sera revalorisée, et les conditions permettant de bénéficier de la prime d’exercice territorial vont évoluer pour les médecins.

Pourtant, les professionnels de la santé qui sont mobilisés depuis huit mois pour exiger davantage de moyens ont jugé "insuffisantes" ces mesures du gouvernement. "On attendait un vrai choc qui aurait été une augmentation au minimum de 5% du budget hospitalier", mais le gouvernement "bricole des mesures qui ne sont absolument pas à la hauteur des enjeux", a regretté sur BFMTV, le médecin Christophe Prudhomme du syndicat CGT Santé.

Pour ce syndicaliste, la rallonge budgétaire d'1,5 milliard sur trois ans annoncée par M. Philippe est "insuffisante" et les primes de 66 euros par mois pour les 40.000 infirmiers et aides soignants de Paris sont "ridicules". "Aujourd’hui on peut dire que l’hôpital n’est pas une priorité pour le gouvernement", a ajouté M. Prudhomme.

Le président des médecins urgentistes, Patrick Pelloux, n’est pas non plus convaincu par le plan d’urgence du gouvernement. "ça ne répond pas aux demandes des personnels hospitaliers. Par exemple, les 10 milliards (la reprise d’un tiers de la dette), c’est comme enlever un petit peu d’eau dans un bateau qui coule", alors que "l’eau continue à rentrer", a raillé M. Pelloux.cj

La dernière manifestation nationale des chefs de service, médecins, infirmiers, aides soignants et internes date de jeudi dernier. Ils réclament entre autres une augmentation budgétaire d’au moins 4% et une revalorisation des salaires à hauteur de 300 euros par mois.

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