Brexit : bien que recalé deux fois, l'accord de Theresa May peut-il enfin être voté ? (ANALYSE)

French.xinhuanet.com|Publié le 2019-03-15 à 21:32
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BRUXELLES, 15 mars (Xinhua) -- Après avoir essuyé à deux reprises le revers de son gouvernement concernant l'accord sur le Brexit, la Première ministre britannique Theresa May a mis la Chambre des communes face à des choix inéluctables, et son accord conclu en novembre dernier avec l'Union européenne (UE) apparaît dès lors incontournable.

Le 16 janvier dernier, les députés ont voté contre l'accord de Brexit, à 432 contre 200, tandis que le rejet a été renouvelé le 12 mars, bien que les députés se soient exprimés de manière réduite, avec 391 voix contre et 242 pour.

L'un de ces choix a été très vite écarté ce mercredi par la majorité des députés britanniques, celui d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne sans accord. D'où le vote de ces mêmes députés ce jeudi, 412 députés ayant voté en faveur d'un report de la date du Brexit et 202 contre. Bien que la date de sortie du Royaume-Uni de l'UE soit prévue le 29 mars, cette demande d'extension de la date du Brexit permettra-t-elle au Royaume-Uni de trouver un consensus ?

Ce consensus sur la sortie du Royaume-Uni de l'UE ne viendrait pas de la proposition de Jeremy Corbyn, leader de l'opposition du Parti travailliste. Celui-ci vise à maintenir le Royaume-Uni au sein de l'Union douanière européenne, une proposition contradictoire à la volonté de souveraineté exprimée par 52% de Britanniques en 2016 en faveur du Brexit. En clair, le Brexit est aussi synonyme de sortie de l'Union douanière européenne, ce que prévoit d'ailleurs l'accord de Theresa May conclu avec l'UE.

L'hypothèse d'organiser un second référendum faite par Sarah Wollaston, membre du Groupe indépendant, a été rejetée par 334 voix contre 85 ce même jeudi. Cette hypothèse d'un second référendum avait déjà été évoquée par M. Corbyn, qui estime que c'est l'issue réaliste au Brexit. Le risque d'un "no-deal" sur le Brexit n'est pas exclu, mais quelles peuvent en être les conséquences ? La première est le rétablissement des droits de douanes, ce qui entraînerait des kilomètres de file d'attente à la frontière britannique et une hausse des prix des produits et biens de consommation (alimentation, matériel roulant, habillement...).

Les bateaux des pêcheurs européens en général, et français en particulier, n'auront plus accès aux eaux territoriales britanniques. Les compagnies aériennes britanniques et européennes perdront le droit automatique d'effectuer des vols entre l'UE et le Royaume-Uni. Une concurrence déloyale risque de s'installer entre les entreprises britanniques et celles des 27 Etats membres de l'UE. La liste de ces conséquences est non exhaustive.

Face à toutes ces clarifications (pas de Brexit sans accord, pas de second référendum et les conséquences d'un "no-deal"), l'accord de Mme May apparaît incontournable pour une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l'UE. Ce qui a fait dire à Michel Barnier, négociateur en chef du Brexit pour l'UE, que "le traité conclu par les Européens et les Britanniques après un an et demi de négociations est la seule option sur la table, si le Royaume-Uni veut toujours quitter l'UE de manière ordonnée".

Les 27 Etats membres de l'UE auront du pain sur la planche lors du sommet des 21 et 22 mars pour répondre à la demande d'extension de la date du Brexit par le Parlement britannique. Bien que favorable à cette extension, l'UE exige cependant que cette demande soit justifiée. Le Parlement britannique devrait dès lors trouver un consensus définitif avant les élections européennes prévues du 23 au 26 mai prochains.

C'est une opportunité supplémentaire pour Theresa May, qui a déjà annoncé vouloir soumettre son traité à un nouveau vote le 20 mars. La durée de l'extension de la date du Brexit dépendra de ce vote. Dos au mur, les opposants de la Première ministre, le Parti travailliste ou même le Parti démocrate unioniste (DUP), pourraient enfin changer d'avis, ce qui augmenterait les chances d'un vote favorable au traité conclu avec l'UE.

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