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Regards croisés : A comme ... Amour

                 French.xinhuanet.com | Publié le 2016-07-04 à 08:28


Cet écran dressé au Centre national de natation de Beijing, dénommé "Cube d'eau", montre que les transactions de Tmall dépassent 10 milliards de yuans (environ 1,6 milliard USD) pendant les 13 premiers minutes, le 11 novembre, Journée des Célibataires.(Xinhua/Ju Huanzong)

Par Gérald CIOLKOWSKI

Avec un "marché des mariés" dans le parc Zhongshan à Beijing, 180 millions de célibataires dans le pays, et un déficit de femmes qui promet des années difficiles à 30 millions de Chinois qui ne trouveront probablement pas d'épouses d'ici 2020, l'amour, le couple et le mariage sont devenus des sujets d'actualité en Chine.

Dans les hutongs, ou dans les rues de la capitale, point de bancs pour que les amoureux, puissent, comme dans la chanson de Georges Brassens, "se bécoter sur les bancs publics". Et même si à Beijing, on trouvait comme à Paris, des bancs sur les trottoirs, il serait assez rare de voir un couple s'embrasser dans la rue. La pudeur est de mise, bien plus que dans la capitale française. D'ailleurs, le livre "Où s'embrasser à Paris" (Thierry Soufflard, éditions Parigramme), qui recense tous les lieux insolites ou romantiques parfaits pour s'embrasser à Paris, ne pourrait pas être écrit pour la capitale chinoise... Quoique, car le site (french.china.org.cn) proposait en 2011, une liste de six lieux où s'embrasser à Beijing le jour de la Saint-Valentin. On y trouvait l'aquarium de Beijing, la Tour de la télévision centrale, la cathédrale de Wangfujing, le quartier de Shichahai, la Grande Muraille... ou le Parc Happy Valley (vraiment romantique?). Sur cette liste, ne figuraient pas les hutongs de la ville, ou les abords de la Cité interdite, près des tours d'angle et des douves, qui le soir venu, sont pourtant une pure merveille.

Le "marché des mariés"

Non loin de la Cité interdite, c'est une toute autre ambiance dans le parc Zhongshan, où chaque dimanche matin, des parents se réunissent avec des pancartes pour vanter les mérites et décrire leurs fils ou leurs filles, qui sont toujours des coeurs à prendre. La tradition de ce "marché des mariés", renvoie à une époque où les parents organisaient le mariage de leurs enfants. Même si de nos jours, les jeunes semblent d'avantage se rencontrer via les applications mobiles, dans les bars ou les boîtes de nuit branchés, les parents ont apparemment, toujours leur mot à dire. Et un grand nombre de Pékinois, souvent très occupés par leurs travails, peinent à trouver l'âme soeur, alors c'est pourquoi, certains parents décident de leurs venirs en aide. A Paris, nous n'avons pas de "marché aux mariés" comme à Beijing, mais il y a eu en France une grande mode des agences matrimoniales qui permettaient aux célibataires de se rencontrer. Mais le boom d'Internet aura eu raison de la plupart de ces agences dans les années 2000, comme il aura sonné la fin des "jeudis des célibataires" qui avaient lieu chaque jeudi soir aux Galeries Lafayette à Paris, dans le supermarché Lafayette Gourmet. Eh oui, si l'on cherchait l'âme soeur, il fallait se munir d'un panier mauve et faire ses courses normalement, tout en scrutant dans le magasin... les autres paniers mauves, à savoir, les célibataires. C'était en 2003, et Internet est également passé par là... La Chine consacre depuis quelques années une journée aux célibataires. Chaque 11 novembre rime avec "achats en nombre" ! Les sites de e-commerce ont bien compris que cette occasion représentait une manne financière importante. Le 11 novembre 2015, les ventes sur la plate-forme Tmall d'Alibaba avaient atteint dès les premières heures de la journée, 78,3 milliards de yuans, un chiffre record !


22 couples chinois participent à une cérémonie de mariage en groupe sur l'île de Bintan, en Indonésie, le 10 mai 2016. (Xinhua/Ismail)

Avoir au minimum un appartement

A Beijing, se marier, n'est donc pas une mince affaire. Le mariage nécessite un gros investissement financier et peut coûter jusqu'à 30 000 euros (en France, un mariage coûte en moyenne 8000 euros, pour 70 invités). Ici on voit les choses en grand et les invités peuvent être nombreux. Mais la somme investie pourra être vite récupérée, car la tradition veut que chaque invité donne aux mariés une enveloppe rouge contenant de l'argent liquide (hong bao). Mais avant d'accéder au mariage, l'homme devra prouver sa stabilité financière à sa future femme et posséder au minimum un appartement, une voiture, avoir une bonne situation professionnelle, et de l'argent de côté (cela renvoie à une ancienne tradition selon laquelle la belle-famille devait accueillir la mariée sous son toit). Le mariage repose donc ici sur des aspects financiers, bien plus qu'en France. Mais à entendre l'avis des Pékinois, cette tendance du mariage "financièrement sûr", basé sur un appartement et de l'argent épargné ou hérité, permettrait de s'assurer un avenir et de pouvoir réagir en cas d'imprévus ou de problèmes de santé, pour couvrir des frais d'hospitalisation par exemple. Cependant, la flambée actuelle des prix de l'immobilier à Beijing ne permet plus à beaucoup de jeunes d'acquérir un appartement.

Les "mariages nus"

Une nouvelle tendance est apparue en Chine il y a quelques années, faisant fi de la pression familiale et des normes en matière de mariage, imposées par la société. Ce nouveau phénomène, appelé "mariage nu", consiste à se marier sans cérémonie, sans invités, sans banquet, sans robe, et sans photographe. On ne fait plus de grandes dépenses pour cette union qui se fera simplement au Bureau des mariages. Même si les salaires ont augmenté, les prix des biens de consommation ont aussi connu une forte hausse. Mais la jeunesse semble s'adapter à ces changements, devient plus raisonnable, et dépense avec mesure. Elle réalise peut-être que finalement, le plus important est d'avoir trouvé son alter ego, plutôt que de dépenser des sommes folles dans une soirée de mariage ou un voyage de noces aux Maldives (la grande tendance du moment). Et qu'importe si le mari n'apporte pas l'argent espéré, et que l'on ne fait pas un "bond social" grâce au mariage, le principal pour ces "mariés nus" est d'être heureux. En janvier 2015, Emilie, une jeune française de 26 ans, avait accepté un "mariage nu" avec M. Xie, un habitant de la province du Jiangsu, qui ne possédait ni appartement, ni voiture. "Même si nous n'avons pas d'appartement, nous nous aimons et nous pouvons toujours améliorer notre vie en travaillant ensemble", avait-t-elle déclaré à l'Agence Xinhua. Et si finalement, comme le dit le proverbe français, "l'argent ne faisait pas le bonheur"?

À noter : le contenu de ce texte n'engage que son auteur et non Xinhuanet. Si vous avez vécu des expériences intéressantes en Chine ou si vous souhaitez partager vos points de vue originaux sur la culture chinoise et les échanges sino-français, n'hésitez pas à nous envoyer votre article par e-mail à : xinhuanet_french@news.cn. Une rémunération est prévue, une fois l'article publié.

 
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Cet écran dressé au Centre national de natation de Beijing, dénommé "Cube d'eau", montre que les transactions de Tmall dépassent 10 milliards de yuans (environ 1,6 milliard USD) pendant les 13 premiers minutes, le 11 novembre, Journée des Célibataires.(Xinhua/Ju Huanzong)

Par Gérald CIOLKOWSKI

Avec un "marché des mariés" dans le parc Zhongshan à Beijing, 180 millions de célibataires dans le pays, et un déficit de femmes qui promet des années difficiles à 30 millions de Chinois qui ne trouveront probablement pas d'épouses d'ici 2020, l'amour, le couple et le mariage sont devenus des sujets d'actualité en Chine.

Dans les hutongs, ou dans les rues de la capitale, point de bancs pour que les amoureux, puissent, comme dans la chanson de Georges Brassens, "se bécoter sur les bancs publics". Et même si à Beijing, on trouvait comme à Paris, des bancs sur les trottoirs, il serait assez rare de voir un couple s'embrasser dans la rue. La pudeur est de mise, bien plus que dans la capitale française. D'ailleurs, le livre "Où s'embrasser à Paris" (Thierry Soufflard, éditions Parigramme), qui recense tous les lieux insolites ou romantiques parfaits pour s'embrasser à Paris, ne pourrait pas être écrit pour la capitale chinoise... Quoique, car le site (french.china.org.cn) proposait en 2011, une liste de six lieux où s'embrasser à Beijing le jour de la Saint-Valentin. On y trouvait l'aquarium de Beijing, la Tour de la télévision centrale, la cathédrale de Wangfujing, le quartier de Shichahai, la Grande Muraille... ou le Parc Happy Valley (vraiment romantique?). Sur cette liste, ne figuraient pas les hutongs de la ville, ou les abords de la Cité interdite, près des tours d'angle et des douves, qui le soir venu, sont pourtant une pure merveille.

Le "marché des mariés"

Non loin de la Cité interdite, c'est une toute autre ambiance dans le parc Zhongshan, où chaque dimanche matin, des parents se réunissent avec des pancartes pour vanter les mérites et décrire leurs fils ou leurs filles, qui sont toujours des coeurs à prendre. La tradition de ce "marché des mariés", renvoie à une époque où les parents organisaient le mariage de leurs enfants. Même si de nos jours, les jeunes semblent d'avantage se rencontrer via les applications mobiles, dans les bars ou les boîtes de nuit branchés, les parents ont apparemment, toujours leur mot à dire. Et un grand nombre de Pékinois, souvent très occupés par leurs travails, peinent à trouver l'âme soeur, alors c'est pourquoi, certains parents décident de leurs venirs en aide. A Paris, nous n'avons pas de "marché aux mariés" comme à Beijing, mais il y a eu en France une grande mode des agences matrimoniales qui permettaient aux célibataires de se rencontrer. Mais le boom d'Internet aura eu raison de la plupart de ces agences dans les années 2000, comme il aura sonné la fin des "jeudis des célibataires" qui avaient lieu chaque jeudi soir aux Galeries Lafayette à Paris, dans le supermarché Lafayette Gourmet. Eh oui, si l'on cherchait l'âme soeur, il fallait se munir d'un panier mauve et faire ses courses normalement, tout en scrutant dans le magasin... les autres paniers mauves, à savoir, les célibataires. C'était en 2003, et Internet est également passé par là... La Chine consacre depuis quelques années une journée aux célibataires. Chaque 11 novembre rime avec "achats en nombre" ! Les sites de e-commerce ont bien compris que cette occasion représentait une manne financière importante. Le 11 novembre 2015, les ventes sur la plate-forme Tmall d'Alibaba avaient atteint dès les premières heures de la journée, 78,3 milliards de yuans, un chiffre record !


22 couples chinois participent à une cérémonie de mariage en groupe sur l'île de Bintan, en Indonésie, le 10 mai 2016. (Xinhua/Ismail)

Avoir au minimum un appartement

A Beijing, se marier, n'est donc pas une mince affaire. Le mariage nécessite un gros investissement financier et peut coûter jusqu'à 30 000 euros (en France, un mariage coûte en moyenne 8000 euros, pour 70 invités). Ici on voit les choses en grand et les invités peuvent être nombreux. Mais la somme investie pourra être vite récupérée, car la tradition veut que chaque invité donne aux mariés une enveloppe rouge contenant de l'argent liquide (hong bao). Mais avant d'accéder au mariage, l'homme devra prouver sa stabilité financière à sa future femme et posséder au minimum un appartement, une voiture, avoir une bonne situation professionnelle, et de l'argent de côté (cela renvoie à une ancienne tradition selon laquelle la belle-famille devait accueillir la mariée sous son toit). Le mariage repose donc ici sur des aspects financiers, bien plus qu'en France. Mais à entendre l'avis des Pékinois, cette tendance du mariage "financièrement sûr", basé sur un appartement et de l'argent épargné ou hérité, permettrait de s'assurer un avenir et de pouvoir réagir en cas d'imprévus ou de problèmes de santé, pour couvrir des frais d'hospitalisation par exemple. Cependant, la flambée actuelle des prix de l'immobilier à Beijing ne permet plus à beaucoup de jeunes d'acquérir un appartement.

Les "mariages nus"

Une nouvelle tendance est apparue en Chine il y a quelques années, faisant fi de la pression familiale et des normes en matière de mariage, imposées par la société. Ce nouveau phénomène, appelé "mariage nu", consiste à se marier sans cérémonie, sans invités, sans banquet, sans robe, et sans photographe. On ne fait plus de grandes dépenses pour cette union qui se fera simplement au Bureau des mariages. Même si les salaires ont augmenté, les prix des biens de consommation ont aussi connu une forte hausse. Mais la jeunesse semble s'adapter à ces changements, devient plus raisonnable, et dépense avec mesure. Elle réalise peut-être que finalement, le plus important est d'avoir trouvé son alter ego, plutôt que de dépenser des sommes folles dans une soirée de mariage ou un voyage de noces aux Maldives (la grande tendance du moment). Et qu'importe si le mari n'apporte pas l'argent espéré, et que l'on ne fait pas un "bond social" grâce au mariage, le principal pour ces "mariés nus" est d'être heureux. En janvier 2015, Emilie, une jeune française de 26 ans, avait accepté un "mariage nu" avec M. Xie, un habitant de la province du Jiangsu, qui ne possédait ni appartement, ni voiture. "Même si nous n'avons pas d'appartement, nous nous aimons et nous pouvons toujours améliorer notre vie en travaillant ensemble", avait-t-elle déclaré à l'Agence Xinhua. Et si finalement, comme le dit le proverbe français, "l'argent ne faisait pas le bonheur"?

À noter : le contenu de ce texte n'engage que son auteur et non Xinhuanet. Si vous avez vécu des expériences intéressantes en Chine ou si vous souhaitez partager vos points de vue originaux sur la culture chinoise et les échanges sino-français, n'hésitez pas à nous envoyer votre article par e-mail à : xinhuanet_french@news.cn. Une rémunération est prévue, une fois l'article publié.

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