Nollywood bute sur les problèmes de financement, distribution et piraterie (REPORTAGE)
Publié le 2015-06-09 à 07:39 | french.xinhuanet.com
PAPRIS, 8 juin (Xinhua) -- La puissante industrie cinématographique nigérian, Nollywood qui produit environ 2000 films par an et, créée des emplois directs, doit également faire face à de nombreuses difficultés, notamment des problèmes de financement, de distribution et de la piraterie, qui minent ce secteur, selon les réalisateurs, producteurs et comédiens nigérians, invités de la troisième édition du Festival "Nollywood Week" entre le 4 et 7 juin à Paris.
Le cinéma nigérian est connu pour son dynamisme, environ 2000 films sont produits chaque année par "Nollywood", qui occupe ainsi la deuxième place, après "Bollywood" (cinéma indien) en terme de production au niveau mondial, selon les initiateurs du Festival " Nollywood week" qui se déroule chaque année à Paris.
Ce dynamisme s'explique par le fait que "les réalisateurs nigérians font des films pour parler au bas peuple. Et les gens adhèrent à ce cinéma parce qu'ils voient leur propre histoire à l' écran. "Nollywood" ne fait pas de film pour parler aux élites, aux critiques etc", a déclaré à Xinhua Serge Noukoué, initiateur du Festival "Nollywood week" à Paris.
Mais cette puissante industrie cinématographique fait face depuis quelques années à des difficultés liées au financement, à la distribution et surtout au piratage, ont expliqué, à l'Agence Xinhua, les acteurs du cinéma nigérian qui ont pris par au Festival "Nollywood Week" à Paris.
"La principale difficulté que nous rencontrons, c'est le financement. Nous avons des histoires intéressantes à raconter mais les moins ne suivent pas. On n'arrive pas à réunir les fonds nécessaires pour pouvoir tourner car la plupart des films demandent environ un million de dollars. Et si on arrive à réunir 100 à 200 mille dollars, c'est déjà pas mal", a expliqué Moses Inwang, jeune réalisateur nigérian.
M. Inwang dit avoir réalisé son dernier long métrage en huit mois avec un budget de 114 mille dollars. "Si le côté distribution était assez bien organisé, cela nous permettrait de gagner assez d' argent que l'on pourra réinvestir dans la production. Mais ce n' est pas le cas", a-t-il déploré.
D'après le producteur Jamw Shoyode, le financement et la distribution sont deux difficultés liées que rencontrent les réalisateurs.
"Les réalisateurs dépensent beaucoup dans la production et attendent que le film soit bien distribué. Malheureusement les circuits de distributions ne sont pas assez solides pour supporter les projets de films", a indiqué M. Shoyode.
Il s'y ajoute la piraterie, un autre gros problème qui gangrène l'industrie cinématographique nigérianne depuis quelques années. " Ce phénomène déstabilise nos producteurs. La plupart des producteurs réduisent l'argent qu'ils investissent dans le tournage de leur film parce qu'ils ne voient pas les retombées à cause de la piraterie", a expliqué M. Shoyode.
Selon le réalisateur Obi Emelonnye, le piratage à sérieusement affecté le secteur. Et, "nous cherchons des solutions en essayant d'impliquer le gouvernement, les populations sur l'impact négatif de la piraterie dans l'industrie du cinéma au Nigéria", a-t-il fait savoir.
Le Festival "Nollywood week" organisé chaque année, depuis trois ans, à Paris permet selon son initiateur Serge Noukoué au public français de découvrir le meilleur de la production " Nollywood".
"On a une dizaine de film chaque année est l'objectif c'est de montrer les films les plus importants qui sont sortis dans l' année en cours et l'année précédente. C'est pour permettre au public de faire une sorte de bilan de ce qui existe à "Nollywood", a expliqué M. Noukoué.

