Un traité d'investissement au coeur du Dialogue stratégique et économique sino-américain (PAPIER D'ANGLE)

WASHINGTON, 20 juin (Xinhua) -- Les négociations sur un Traité sur l'investissement bilatéral (TIB) auront une place prépondérante à l'ordre du jour lors du prochain Dialogue stratégique et économique sino-américain (S&ED) à Washington, et les deux parties pourraient saisir cette opportunité pour finaliser l'accord avant la fin du mandat du président américain Barack Obama en janvier 2017, ont indiqué les experts.

Lors de leur dernière session de discussions à Beijing plus tôt ce mois-ci, les deux parties ont échangé leurs offres initiales de listes négatives, qui définissent les secteurs fermés à l'investissement étranger, ce qui a ouvert une nouvelle phase de négociation bilatérale.

En principe, chaque partie ouvrira tous les secteurs aux investissements de l'autre partie exceptés ceux qui sont explicitement interdits. Etant donné des différences sur le plan du niveau de développement, des conditions nationales et du mode de croissance entre les deux plus grandes économies mondiales, cet échange de listes négatives devrait être un défi pour les deux pays.

Le vice-ministre chinois des Finances, Zhu Guangyao, a déclaré en juin que la Chine avait réduit sa liste négative aux zones de libre-échange d'essai à Shanghai, Guangdong, Tianjin, et Fujian. Mais les offres de liste négative lors des discussions du TIB seront décidées après de plus rudes négociations bilatérales.

Yukon Huang, associé au sein du Programme Asie de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, a fait remarquer qu'il est nécessaire de réaliser que "les deux parties veulent ce TIB", car il aidera à faire face à de nombreux problèmes d'investissement entre les deux pays et permettra à leurs investisseurs d'accéder aux marchés de l'un et de l'autre.

M. Huang, qui est aussi un ancien directeur de la Banque mondiale en Chine, a ajouté que ce TIB est très important pour faire avancer les relations économiques entre la Chine et les Etats-Unis, car "c'est le seul accord justificatif traitant de sujets économiques internationaux entre les Etats-Unis et la Chine dans le futur proche".

David Dollar, membre de la Brookings Institution, a déclaré que les négociateurs discuteront longuement de l'accélération des négociations sur le TIB lors de leur prochaine rencontre.

"La question est de savoir s'il y aura ce que nous appelons une 'récolte rapide'", a-t-il précisé, faisant référence à la volonté de la Chine d'ouvrir certains secteurs aux investissements étrangers avant qu'un traité ait été convenu.

M. Dollar, qui a aussi occupé le poste d'émissaire économique et financier du département du Trésor américain en Chine, a ajouté que si la Chine ouvre certains secteurs plus tôt et améliore l'accès au marché pour les investissements étrangers, cela créera "des bases plus solides pour les Etats-Unis afin d'avancer avec ce traité d'investissement bilatéral".

Alors que les négociations sur le TIB ne seront pas faciles, les experts sont optimistes et estiment que les Etats-Unis et la Chine pourraient parvenir à un accord sous l'administration Obama.

"Nous faisons tous les efforts possibles pour conclure les négociations" de ce traité l'année prochaine, a déclaré M. Zhu en avril dernier, notant que les discussions sur le TIB sont considérées comme le sujet le plus important des relations économiques des deux nations.

Une fois le traité d'investissement signé, il devra encore recueillir les deux-tiers des votes du Sénat américain pour être approuvé. MM Huang et Dollar ont ainsi tous deux indiqué qu'il était plus que probable que la signature du traité devra attendre la prochaine élection présidentielle, et que cette situation est déjà survenue plusieurs fois dans le passé.

David Dollar a d'ailleurs précisé que, même si la majorité du Sénat change après l'élection, "ils voteront oui car ils auraient affaire avec (beaucoup de monde), en particulier avec la communauté des affaires des Etats-Unis" s'ils n'approuvaient pas ce traité "important pour le développement de l'économie américaine".

Adam Posen, président du Peterson Institute for International Economics, a lui aussi déclaré dans une interview avec Xinhua que ce TIB serait approuvé par le Sénat, et ce malgré les tensions entre la Chine et les Etats-Unis au sujet de la cybersécurité et du dossier de la mer de Chine méridionale.

"Les Etats-Unis ont dans le passé différencié avec succès les sujets économiques des sujets politiques", a-t-il indiqué. "Nous avons nos différences. Nous avons des intérêts communs. Le TIB est dans l'intérêt des deux pays".

Les négociations sur le traité d'investissement ont débuté en 2008, la Chine et les Etats-Unis cherchant à augmenter leurs investissements mutuels, qui ne représentaient qu'une petite part de leurs investissements à l'étranger respectifs.

Selon le Conseil des affaires sino-américain, la part des investissements dans les marchés de l'un et de l'autre s'élève aujourd'hui à moins de 5%. "Ces deux pays étant les deux plus grandes économies mondiales, cela veut dire qu'il y a de la place pour de la croissance", a ajouté le Conseil.

"Evidemment, les négociations vont prendre du temps, mais elles ont déjà envoyé un message clair aux deux pays et à la communauté internationale : les liens d'affaires entre la Chine et les Etats-Unis vont se resserrer et mener la relation globale sino-américaine sur une base encore plus solide", a déclaré le Premier ministre chinois Li Keqiang lors des discussions sur le TIB en mars dernier.